Tahar Ben Jelloun se démarque d’abord par une plume connue et reconnue mondialement, une des plumes les plus respectées dans le monde francophone. Il se distingue également par son style qu’on peut reconnaitre en l’absence même de toute mention auctoriale, un style qui a, certes changé en cours de route : Harrouda publié en 1973 qui est considéré comme le premier roman de Tahar Ben Jelloun, où il a abordé dans un style poétique, discontinu et fragmentaire, libéré de toute auto-censure, la question féminine et tous les tabous qui l’accompagnent : l’abus ou l’exploitation sexuels, le bain public… Un roman qui était considéré comme difficile, comme d’ailleurs les textes de Khair Eddine, Khatibi, Loakira, Nissaboury et d’autres qui voulaient tordre le cou à la langue française et se l’approprier en la nourrissant d’une syntaxe propre à leur culture franco-arabe, d’une respiration marocaine ou maghrébine.
Ces thématiques qui peuvent sembler normales aujourd’hui, ne l’étaient pas à cette époque, ces écrivains n’ont pas choisi la facilité et le confort d’écrire comme les Français ou comme les gens du Machreq, ils ont opté pour une troisième voie, et ils n’ont pas eu tort car leur littérature a traversé toutes les frontières et à travers elle toute la culture d’ici qu’elles véhiculent.
Tahar Ben Jelloun est aussi connu pour sa régularité au niveau de la production car depuis 1971 et ses « hommes sous Linceul de silence », ensemble de poèmes, il produit quasiment un roman par année, une fidélité indélébile à la création, mais aussi à l’écriture en général, qui suscite l’incompréhension parfois. En plus de cette régularité au niveau de la création Tahar Ben Jelloun écrit des chroniques où il nous fait part de ses opinions et ces chroniques nous accompagnent depuis déjà quelques années. Sa création se nourrit prioritairement de la culture marocaine et arabe qu’il connaît très bien ou de la Littérature elle-même pour certains écrits esthétiques comme c’est le cas dans Lettre à Matisse et autres écrits sur l’art, Alberto Giacometti, Lettre à Delacroix, Beckett et Genet, un thé à Tanger ou Jean Genet, menteur sublime.
Son oeuvre est incroyablement diversifiée dans ses thématiques. Il n’y a pas un sujet de notre modernité qu’il n’a pas traité de manière littéraire : la question du racisme qui revient dans plusieurs textes, Le racisme expliqué à ma fille, un traité sur l’acceptation de la différence, le terrorisme expliqué à nos enfants, Le Mariage de plaisir, un conte moderne, qui raconte l’histoire d’Amir, un commerçant prospère de Fès, qui épouse Temporairement Nabou (selon cette permission donnée par la religion musulmane « Al Mut aa » de se marier lors des voyages d’affaire ou du pèlerinage), une Peule de Dakar, où il vient s’approvisionner chaque année en marchandises. Puissante saga s’étalant sur trois générations entre Dakar, Fès et Tanger, Le mariage de plaisir est aussi un grand roman d’amour. Bien qu’ayant l’air d’un conte, il faut rappeler que ces expériences de métissage ont commencé depuis très longtemps au Maroc, à Fès en particulier.
L’homme rompu est l’un des romans les plus courageux sur la corruption ou la contamination par ce mal qui envahit la société tel un virus, dont les plus immunisés peuvent aussi être atteints, comme c’est le cas du personnage principal, Mourad, cet homme vertueux consciencieux, dans un monde corrompu, sans que l’on reconnaisse ses mérites, et qui a toujours résisté aux tentations.
L’immigration et les problèmes liés à l’identité dans Au pays et Partir et également de bribes de réflexion sur l’immigration se retrouvent dans Les yeux baissés. L’incarcération et les années de plomb ont été racontées de manière admirable dans Cette aveuglante absence de lumière où Tahar Benjelloun raconte l’histoire d’un prisonnier notoire dans le bagne de Tazmamart. Il a ensuite écrit un livre sur une expérience personnelle de l’incarcération dans son livre plus récent La punition.
Le livre qui l’a consacré Prix Goncourt en 1987, La nuit sacrée, vient comme une suite à l’Enfant de Sable qui reste l’un des plus beaux textes de la littérature marocaine, maghrébine et francophone où Tahar Ben Jelloun donne la parole à un conteur, pour narrer l’histoire d’Ahmed, une jeune fille marocaine que son père avait fait passer pour un homme durant toute sa vie, afin de ne pas connaître le déshonneur de ne pas avoir d’héritiers masculins.
Et puis il y a aussi des livres qui touchent à une condition humaine universelle à laquelle Tahar Benjelloun apporte une note du sud, c’est le cas de Jour de Silence à Tanger. Moha le fou Moha le sage, Les cicatrices du soleil, La réclusion solitaire, Les plus hautes des solitudes, La prière de l’absent , L’écrivain public…sont dorénavant dans le panthéon des grands classiques au sens que leur donne Calvino dans Pourquoi lire les classiques ? « Les classiques sont ces livres dont on entend toujours dire : Je suis en train de le relire… et jamais : Je suis en train de le lire ».
L’oeuvre de Tahar Benjelloun diversifie ses formes et ses genres, ses recueils de nouvelles, souvent très poétiques comme Le Premier amour est toujours le dernier. Dans L’Ange aveugle, recueils de nouvelles, l’écrivain, venu d’un autre monde, voit et sent des choses que les habitants eux-mêmes, saturés d’horreurs, bâillonnés par la loi du silence, pétrifiés par la peur, ne distinguent plus.
Le théâtre est aussi présent dans ce bouquet créatif avec La Fiancée de l’eau, suivie d’Entretiens avec M. Saïd Hammadi ouvrier algérien, théâtre. Tahar Ben Jelloun est dans la poésie l’auteur de plusieurs recueils : Les amandiers sont morts de leurs blessures, À l’insu du souvenir, Que la blessure se ferme. Un recueil rassemble sa poésie : Poésie complète : 1966-1995 . Dans le même contexte, il y a lieu de signaler La mémoire future, une anthologie qu’il a consacrée à la jeune poésie marocaine.
Ces thématiques qui peuvent sembler normales aujourd’hui, ne l’étaient pas à cette époque, ces écrivains n’ont pas choisi la facilité et le confort d’écrire comme les Français ou comme les gens du Machreq, ils ont opté pour une troisième voie, et ils n’ont pas eu tort car leur littérature a traversé toutes les frontières et à travers elle toute la culture d’ici qu’elles véhiculent.
Tahar Ben Jelloun est aussi connu pour sa régularité au niveau de la production car depuis 1971 et ses « hommes sous Linceul de silence », ensemble de poèmes, il produit quasiment un roman par année, une fidélité indélébile à la création, mais aussi à l’écriture en général, qui suscite l’incompréhension parfois. En plus de cette régularité au niveau de la création Tahar Ben Jelloun écrit des chroniques où il nous fait part de ses opinions et ces chroniques nous accompagnent depuis déjà quelques années. Sa création se nourrit prioritairement de la culture marocaine et arabe qu’il connaît très bien ou de la Littérature elle-même pour certains écrits esthétiques comme c’est le cas dans Lettre à Matisse et autres écrits sur l’art, Alberto Giacometti, Lettre à Delacroix, Beckett et Genet, un thé à Tanger ou Jean Genet, menteur sublime.
Son oeuvre est incroyablement diversifiée dans ses thématiques. Il n’y a pas un sujet de notre modernité qu’il n’a pas traité de manière littéraire : la question du racisme qui revient dans plusieurs textes, Le racisme expliqué à ma fille, un traité sur l’acceptation de la différence, le terrorisme expliqué à nos enfants, Le Mariage de plaisir, un conte moderne, qui raconte l’histoire d’Amir, un commerçant prospère de Fès, qui épouse Temporairement Nabou (selon cette permission donnée par la religion musulmane « Al Mut aa » de se marier lors des voyages d’affaire ou du pèlerinage), une Peule de Dakar, où il vient s’approvisionner chaque année en marchandises. Puissante saga s’étalant sur trois générations entre Dakar, Fès et Tanger, Le mariage de plaisir est aussi un grand roman d’amour. Bien qu’ayant l’air d’un conte, il faut rappeler que ces expériences de métissage ont commencé depuis très longtemps au Maroc, à Fès en particulier.
L’homme rompu est l’un des romans les plus courageux sur la corruption ou la contamination par ce mal qui envahit la société tel un virus, dont les plus immunisés peuvent aussi être atteints, comme c’est le cas du personnage principal, Mourad, cet homme vertueux consciencieux, dans un monde corrompu, sans que l’on reconnaisse ses mérites, et qui a toujours résisté aux tentations.
L’immigration et les problèmes liés à l’identité dans Au pays et Partir et également de bribes de réflexion sur l’immigration se retrouvent dans Les yeux baissés. L’incarcération et les années de plomb ont été racontées de manière admirable dans Cette aveuglante absence de lumière où Tahar Benjelloun raconte l’histoire d’un prisonnier notoire dans le bagne de Tazmamart. Il a ensuite écrit un livre sur une expérience personnelle de l’incarcération dans son livre plus récent La punition.
Le livre qui l’a consacré Prix Goncourt en 1987, La nuit sacrée, vient comme une suite à l’Enfant de Sable qui reste l’un des plus beaux textes de la littérature marocaine, maghrébine et francophone où Tahar Ben Jelloun donne la parole à un conteur, pour narrer l’histoire d’Ahmed, une jeune fille marocaine que son père avait fait passer pour un homme durant toute sa vie, afin de ne pas connaître le déshonneur de ne pas avoir d’héritiers masculins.
Et puis il y a aussi des livres qui touchent à une condition humaine universelle à laquelle Tahar Benjelloun apporte une note du sud, c’est le cas de Jour de Silence à Tanger. Moha le fou Moha le sage, Les cicatrices du soleil, La réclusion solitaire, Les plus hautes des solitudes, La prière de l’absent , L’écrivain public…sont dorénavant dans le panthéon des grands classiques au sens que leur donne Calvino dans Pourquoi lire les classiques ? « Les classiques sont ces livres dont on entend toujours dire : Je suis en train de le relire… et jamais : Je suis en train de le lire ».
L’oeuvre de Tahar Benjelloun diversifie ses formes et ses genres, ses recueils de nouvelles, souvent très poétiques comme Le Premier amour est toujours le dernier. Dans L’Ange aveugle, recueils de nouvelles, l’écrivain, venu d’un autre monde, voit et sent des choses que les habitants eux-mêmes, saturés d’horreurs, bâillonnés par la loi du silence, pétrifiés par la peur, ne distinguent plus.
Le théâtre est aussi présent dans ce bouquet créatif avec La Fiancée de l’eau, suivie d’Entretiens avec M. Saïd Hammadi ouvrier algérien, théâtre. Tahar Ben Jelloun est dans la poésie l’auteur de plusieurs recueils : Les amandiers sont morts de leurs blessures, À l’insu du souvenir, Que la blessure se ferme. Un recueil rassemble sa poésie : Poésie complète : 1966-1995 . Dans le même contexte, il y a lieu de signaler La mémoire future, une anthologie qu’il a consacrée à la jeune poésie marocaine.
Sanae GHOUATI