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La baisse annoncée est-elle suffisante pour booster l’économie ?

Taux directeur


Rédigé par N. BATIJE Jeudi 19 Mars 2020

Le Conseil de Bank Al-Maghrib, dans sa composition nouvelle pour un mandat de six ans renouvelable, vient de tenir sa première session au titre de 2020.



La baisse annoncée est-elle suffisante pour booster l’économie ?
Fort attendu, cet exercice de communication auquel se livrait le Wali de la Banque centrale au terme de chaque Conseil fut annulé suite à la décision du ministère de l’Intérieur interdisant les rassemblements de plus de 50 personnes en prévention du risque lié au Coronavirus.

Du coup, les journalistes, qui devaient assister à ce point de presse, furent acculés à suivre une intervention de M. Abdelattif Jouahri transmise en direct via les comptes de Bank Al-Maghrib sur les réseaux sociaux.

 

Une interaction manquée

Un suivi qui ne peut, en aucun cas, se substituer à cette traditionnelle séance d’interaction en temps réel de la presse avec l’autorité monétaire du pays. D’autant plus que la conjoncture nationale, déjà hantée par le spectre de l’actuelle campagne céréalière, une fois de plus, compromise, fait les frais de moult désagréments causés par les craintes et incertitudes liées à l’effet dévastateur de la propagation à l’échelle mondiale de la pandémie Covid- 19.

L’intérêt porté à cette conférence, en ce moment précis, émane aussi des derniers développements que connaît la scène nationale dont la création du «Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Coronavirus» doté d’une enveloppe de 10 milliards de dirhams, l’annonce des premières mesures décrétées par le Comité de veille économique chargé justement d’assurer le suivi des répercussions du Coronavirus et l’identification de mesures d’accompagnement, l’appel à une loi de finances rectificative… Sans oublier bien entendu le besoin d’un premier bilan des premières retombées du programme INTELAKA et d’une évaluation de la récente transition du régime de change marocain.

Ceci pour dire que le Wali de Bank Al-Maghrib avait du pain sur la planche et, en sa qualité aussi de conseiller financier du gouvernement, avait beaucoup d’explication à fournir.

A-t-il été pour autant convaincant lors de son intervention online ?

N’avait-il pas la possibilité dans le cadre de ses prérogatives en matière de définition de la politique monétaire, d’aller plus loin, en termes de manipulation du taux directeur en tant que levier à même de booster les crédits en ces temps difficiles et permettre aux banques de mieux servir leur clientèle ?

De l’intervention de M. Jouahri qui paraissait peu vivace, moins convaincant que d’habitude, l’on retiendra que le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de réduire le taux directeur de base à 2%.

Et au vu de l’évolution rapide de la pandémie Covid-19 qui, au gré des événements, exige, à tout moment, l’actualisation de toute évaluation de la situation et des prévisions économiques l’accompagnant, ce Conseil n’écarte pas d’éventuelles réunions «exceptionnelles» avant sa session prévue, normalement, en juin prochain s’il s’avère nécessaire de prendre des mesures supplémentaires.

 

Un contexte incertain

Au niveau international, le Conseil note une dégradation manifeste de perspectives de croissance mondiale en 2020 suite à la propagation de la pandémie Covid-19 dont l’ampleur de l’impact s’avère de plus en plus importante.

La même tendance est à relever au niveau des marchés de produits énergétiques dont la situation reste marquée par la montée des inquiétudes concernant l’évolution de la demande mondiale en lien avec la propagation de cette pandémie Covid-19 et par la divergence de l’alliance OPEP+ sur la réduction de la production.

 

Une conjoncture peu porteuse

En traitant de la conjoncture nationale, le Conseil note que, pâtissant de l’effet conjugué des conditions climatiques défavorables et des répercussions du Coronavirus, la croissance au titre de l’année de 2020 devrait stagner à 2,3% avec une récolte céréalière estimée à 40 millions de quintaux seulement.

Toujours est-il que, ces prévisions, aussi modestes soient-elles, restent entourées de fortes incertitudes et peuvent, à tout moment, faire l’objet d’une révision à la baisse.

N. BATIJE