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La CEA face à la relance post Covid-19 : Remédier à la pauvreté et à la vulnérabilité dans une approche novatrice


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 16 Mai 2022

C’est un ensemble de micro-condensés sur le cadre vulnérabilité-pauvreté-résilience avec un aperçu sur les micro-facteurs associés que vient de présenter la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), dans un rapport intitulé : « Relever les défis de la pauvreté et de la vulnérabilité en temps de Covid-19 ».



A la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), les rapports se suivent sans se ressembler. Celui qui a été lancé, samedi 14 mai 2022, au Centre international de conférences Abdou-Diouf (CICAD), à Diamniadio (ouest) près de Dakar, au Sénégal, n’a pas dérogé à la règle. Mais il est particulièrement édifiant sur la pauvreté rampante et inquiétante sur le continent, liée aux conséquences de la pandémie de Covid-19.

En outre, la configuration montre les disparités supposées naturelles ou occasionnées. A cet effet, en Afrique, comme le soulignent les experts, 34% des ménages sont sous le seuil international de pauvreté et, avec un coefficient de Gini moyen de 0,40 environ, les pays du continent sont parmi les plus inégalitaires au monde. Les conséquences de la crise sanitaire se sont alourdies même si tous les pays africains n’ont pas été logés à la même enseigne.

Ainsi l’édition 2021 du Rapport relève que la pandémie de Covid-19 a exacerbé les défis socio-économiques du continent avec près de 58 millions de personnes qui ont franchi le seuil de l’extrême pauvreté. D’ailleurs, le fait qu’il soit intitulé « Relever les défis de la pauvreté et de la vulnérabilité en temps de Covid-19 » n’est pas fortuit quand on sait que le nombre de cas se situerait aujourd’hui à environ 11.785.523 sur le continent. Alors que la répartition des vaccins ne suive pas à l’échelle mondiale.

Bien que l’UE et ses États membres s’étaient déjà engagés à verser plus d’un milliard d’euros pour soutenir le déploiement et l’adoption de vaccins et d’autres outils de lutte contre la Covid-19 dans les pays à revenu faible et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Même si aussi la Commission européenne a annoncé son intention d’accroître de 400 millions d’euros le financement visant à accélérer le déploiement et l’adoption de vaccins et d’autres outils liés à la Covid-19 en Afrique.

Sans oublier que la Commission, sur sa lancée, prévoit également une contribution de 427 millions d’euros au Fonds mondial de préparation aux pandémies afin de soutenir les efforts visant à prévenir les pandémies futures et à mieux y réagir.

Couches défavorisées

Toujours, dans le domaine des chiffres liés à Coronavirus, le chef économiste et Secrétaire exécutive-adjointe de la CEA, Hanan Morsy, relève, dans sa comparaison, que le paquet de relance économique du continent est estimé à 2,2 milliards de dollars là où l’Europe a besoin de 2 mille milliards pour sa relance.

Ce qui traduit, dit-elle, une inégalité dans la capacité de mobilisation des ressources entre les deux continents. Dans ce schéma, ce sont les couches défavorisées qui sont touchées au premier plan. D’ailleurs, le rapport relève que l’Ethiopie et le Nigéria regorgent de ces nouveaux pauvres, créés par la pandémie et que quinze pays africains risquent de se retrouver en situation de surendettement.

Selon un des panélistes de la cérémonie de lancement du rapport, ces millions de personnes, déjà au bord du seuil de pauvreté pour la plupart, sont tombés dans l’extrême pauvreté causant ainsi un recul de deux décennies d’efforts d’éradication de la pauvreté en Afrique. Ce qui fait dire aux rédacteurs du rapport que la pandémie de Covid-19 a confirmé la nécessité de se concentrer sur l’amélioration de la gestion des risques des ménages vulnérables et sur le renforcement de leur résilience.

Pour les auteurs du document, les stratégies de lutte contre la pauvreté ne doivent pas se limiter à réduire la pauvreté immédiate mais doivent également réduire la vulnérabilité à la pauvreté et renforcer la résilience face aux chocs futurs.

Pour réussir ce pari, le document recommande de recenser rapidement et correctement les personnes vulnérables et de mettre en place des transferts en espèces et en nature, en particulier pour les groupes vulnérables et les travailleurs du secteur informel. Partant, le rapport 2021 de la CEA souligne que les personnes ayant perdu leurs emplois du fait de la crise sanitaire pourraient bénéficier de transferts en espèces et de subventions salariales pour répondre à leurs besoins immédiats.

Outil d’orientation

Et ce n’est pas tout puisque d’autres mesures pourraient inclure, sur des périodes déterminées, des allégements fiscaux et des prêts à court terme sans intérêt pour les entreprises, des contrôles de loyer et des interdictions d’expulsion et des subventions pour l’eau potable et les services publics. Il s’agit de développer l’utilisation de plateformes numériques pour l’identification des personnes vulnérables.

Enfin, ce document vient à point nommé au moment où les gouvernements africains mettent en place des politiques pour la relance de leurs économies. D’autant plus que le rapport fournit un cadre d’analyse de la pauvreté causée par d’autres chocs et de la vulnérabilité aux chocs futurs, tel que le changement climatique. Il fournit des estimations nationales des personnes susceptibles de tomber dans la pauvreté dans divers groupes de pays. Il s’agit aussi d’un micro-condensé sur le cadre vulnérabilité-pauvreté-résilience avec un aperçu sur les micro-facteurs associés au fait de tomber dans la pauvreté et de s’en affranchir tout en expliquant pourquoi certains ménages restent pauvres pendant une période prolongée.

Ces informations peuvent être utilisées pour orienter la formulation de politiques fondées sur des données probantes, soulignent les auteurs. Rappelons que le rapport a été présenté en marge des travaux de la 54ème session de la Conférence de la Commission économique de l’Afrique des Nations unies (Com2022) qui se tient du 11 au 17 mai dans le pays de la Terenga, avec la participation du Maroc.



Wolondouka SIDIBE