
Elle meurt à 87 ans en ce mardi 23 septembre. 60 ans de carrière pour cette franco-italienne, native, à l’insu de son plein gré, de Tunis. Ce bout de terre qui la voit éclore la nomme, à 19 ans, « plus belle italienne de Tunisie ». Le pays, fraîchement arraché à la colonisation, l’envoie à cette occasion faire un tour à la Mostra de Venise. Et boom, elle tape à l’œil d’une flopée de producteurs. Un an plus tard, en 1958, elle écope de deux rôles d’arabe, dans le court métrage « Les Anneaux d’or » de René Vautier et dans le long « Goha » de Jacques Baratier. C’est le Maghreb qui lui colle au popotin ? Elle survole plus tard le monde pitoyable du cinéma qui la téléporte en 2010 à Tétouan dans les décors du 16e Festival international du cinéma méditerranéen où elle débite quelques banalités du type « J’adore le contact avec les gens » ou « J’ai eu la chance de rencontrer de merveilleuses personnes qui m’ont appris tant de choses ». Le parcours de Claudia Cardinale connaît des coulées de succès et des laves de séductions. L’acteur anglais David Liven ne peut se retenir: « Après les spaghettis, Claudia Cardinale est la plus belle invention italienne ! » Elle fréquente un temps Luchino Visconti, réalisateur du « Guépard ». Il la fait beaucoup rire, mais leur relation se limite à la satanée amitié. S’y essaie également, avec déclaration d’amour lors d’une danse, Marcello Mastroianni qu’elle rencontre pendant les tournages de « Le Pigeon », de « Le Bel Antonio » et de « Huit et demi ». Ne croyant pas à ces avances, elle rit aux larmes. « J’étais amoureux de toi, pourquoi n’as-tu jamais voulu me croire ? » finit-il par lui demander une fois la flamme éteinte. Pour Alain Delon qu’elle aperçoit à Venise, elle lâche secrètement : « Quel beau mec ! » Le métier les réunit plus tard sur le tournage de « Rocco et ses frères ». Et toujours la même rengaine : la complicité d’accord mais pas d’histoire d’amour. Avec Jean-Paul Belmondo, elle s’amuse à lancer des boulettes de semoule pendant un dîner-couscous. Pas de lendemain pour le duo qui partage l’affiche de « La viaccia », « Cartouche » et « La scoumoune ». C’est finalement le réalisateur italien Pasquale Squitieri (« Lucia et les gouapes ») qui s’empare en 1974 du cœur de La Cardinale. Et la scoumoune pour les autres.