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L’École Mohammedia, pépinière d’excellence pour les ingénieurs de demain


Rédigé par Rachid TARIK Mardi 19 Janvier 2021

En ces temps de crise, l'école Mohammadia des ingénieurs (EMI), s’est beaucoup distinguée par ses innovations, dernière en date, la poignée «SmartClean» lancée par son équipe ENACTUS-EMI. Retour sur l’histoire de l’une des écoles emblématiques du Royaume.



L’École Mohammedia, pépinière d’excellence pour les ingénieurs de demain
C’est une belle dame, qui n’a pas pris une seule ride, malgré l’usure du temps. Elle, c’est l’École Mohammadia des Ingénieurs (EMI), établissement d’enseignement supérieur, attachée à l’Université Mohammed V de Rabat. La première pierre inaugurale de cette école a été posée par Feu le Roi Mohammed V, le 23 octobre 1959. Aujourd’hui, pour symboliser son dynamisme et son ouverture sur l’environnement national et international, l’EMI met en valeur ses locaux et ses espaces par la construction d’une deuxième porte principale, large et débouchant sur ses 8 hectares pour accueillir ses nouveaux résidents et invités de marque. Mais ce changement ne devrait pas inquiéter les anciens et habitués de l’école. L’ancienne porte principale où se dresse une horloge, fabriquée à l’époque par des élèves en collaboration de leurs professeurs, continue d’être opérationnelle pour leur rappeler le passé ou le bon vieux temps.

Dès sa création, l’EMI avait pour objectifs : répondre aux besoins du Maroc indépendant en formant des hauts cadres pour l’administration et l’économie du pays. La première promotion sortie en 1964 était composée de 34 lauréats. Jusqu’à maintenant, l’EMI a formé quelque 11 500 ingénieurs d’État avec 100% d’insertion dans le marché du travail. Ils sont nombreux à être dans le top management.

Par ailleurs, l’effectif des fillesélèves à l’EMI représente 35%, c’est l’un des meilleurs taux de formation dans le domaine de l’ingénierie. Même au niveau du comité organisateur (CO) de la 24ème édition du Forum EMI-Entreprise 2018, cette présence féminine se confirme. Le CO, composé de sept jeunes filles et sept garçons, a été présidé par une jeune étudiante. 

L’EMI a été un établissement pionnier. Première école d’ingénieurs pluridisciplinaires au Maroc, elle a introduit le premier ordinateur dans l’université marocaine. C’était un don du roi Baudoin de Belgique en 1971. Cette école qui a mis en place le premier nœud Internet dans le pays a été également le point focal du World Wide Web (www) Consortium. Elle a, par ailleurs, introduit le premier domaine .ma et créé le premier « Forum Ecole-Entreprises».

Cette grande école a été la première à créer un incubateur d’entreprises qui est le Centre d’innovation technologique. Maintenant, l’Université Mohammed V a créé un incubateur pour tous ses établissements, « La Cité de l’innovation », qu’elle a installée à « Madinate El Irfane». Pour anticiper l’avenir en matière de science et de technologie appliquée, l’EMI a mis en place deux grandes structures de recherche : « Le Centre Engineering Smart Sustainable System » et le « Centre d’ingénierie civile, eau, environnement et géoscience ». Le premier de ces deux centres de recherche regroupe 107 enseignants-chercheurs, deux laboratoires et 11 équipes de recherche. Quant au second, il réunit 70 enseignants-chercheurs, deux laboratoires et 3 équipes de recherche. D’autre part, il existe au sein de l’EMI, 30 clubs animés par les élèves-ingénieurs dont le club Enactus-EMI, consacré à l’entrepreneuriat social. L’EMI se fixe un objectif : assurer un enseignement d’excellence avec la formation de l’ingénieur de demain. Ce dernier doit posséder un excellent niveau scientifique indispensable à l’adaptation à de nouvelles techniques, des connaissances fondamentales sur l’ensemble des disciplines couvrant son domaine.

Si depuis longtemps, rien n’est venu entraver le rythme normal de fonctionnement de cette école pas comme les autres, il faut reconnaître que la pandémie du Coronavirus a bousculé les habitudes à l’EMI. Depuis le début de cette crise sanitaire en mars dernier, la direction a réagi rapidement pour relever un défi, celui de l’organisation du 2ème semestre. Des réunions ont été organisées au sein de l’EMI avec l’Université Mohammed V pour assurer l’enseignement à distance. Une cellule de suivi des cours, réunissant tous les représentants des instances de l’EMI, a été mise en place pour faire le suivi des 1500 élèves-ingénieurs appartenant aux 20 spécialités, enseignées dans cette école.

Pour cette année, il a été décidé, par ailleurs, de suivre le même modèle de gestion en introduisant une période de présentiel pour chaque promotion. Ainsi les modules qui exigent la présence sont en mode présentiel et ceux qui s’adaptent à l’enseignement à distance sont enseignées sur plateforme. L’opération se déroule généralement dans de bonnes conditions et les étudiants profitent d’une période de formation en présentiel. Dans ce contexte difficile, l’EMI a fourni un effort considérable pour permettre aux étudiants de profiter des cours en présentiel en respectant toutes les conditions sanitaires : distanciation, gel hydroalcoolique, port du masque, etc. Cette pandémie a permis également à l’équipe encadrante de se recentrer sur ce qui est vraiment important. Comme dit le dicton : « Vous ne pouvez pas arrêter les vagues, mais vous pouvez apprendre à surfer ».

Rachid TARIK

3 questions à Moulay Larbi ABIDI

Moulay Larbi ABIDI
Moulay Larbi ABIDI
« Dans toute politique de développement, il ne faut pas se contenter d’un seul ou deux secteurs »

Moulay Larbi ABIDI, directeur de l’École Mohammadia d’Ingénieurs (EMI) est aussi lauréat de cette haute école. Il dit être fier d’appartenir à l’équipe d’encadrement. Il explique les mutations profondes qu’a connues l’entreprise et la société marocaine.

- Quelle est la part de la participation de la formation d’ingénieurs dans les secteurs porteurs au Maroc ?
-La formation d’ingénieurs est un élément important dans n’importe quel secteur d’activité. Au Maroc, nous avons assisté à cette logique via l’offshoring, le Plan Emergence, l’industrie automobile et aéronautique, l’informatique, etc.

Dans toute politique de développement, il ne faut pas se contenter d’un seul ou deux secteurs. Il faut diversifier l’activité et placer l’humain qu’il soit bénéficiaire ou opérateur au centre de tout projet. Quelle que soit la spécialisation qui lui est associée, le métier d’ingénieur est un métier essentiel et d’avenir. Très recherchés dans de nombreux domaines scientifiques, techniques, économiques et industriels, les ingénieurs sont au cœur des mutations profondes dans le monde de l’entreprise. En donnant à l’ingénieur de demain, les formations et les compétences pour bâtir le Maroc du futur, il sera apte à s’adapter et à entreprendre, vu le changement rapide des technologies. L’ingénieur sera aussi capable d’une grande mobilité et maîtrisant le domaine de la communication pour pouvoir argumenter et convaincre.

- 35% représente le chiffre de l’effectif des filles à l’EMI, vous dites que c’est l’un des meilleurs taux de formation dans le domaine de l’ingénierie. Comment expliquez-vous cela ?
-Au Maroc, il y a eu une avancée du droit de la femme avec l’adoption de la Moudawana (nouveau Code marocain du droit de la famille), l’encouragement de la femme à participer à la politique grâce à la mise en place du quota. Ajouter à cela, la scolarisation des filles et la mixité filles et garçons à l’école. Ces réformes initiées au Maroc par SM le Roi en vue de promouvoir les droits de la femme et d’œuvrer pour son autonomisation ont eu un effet encourageant pour les femmes en général et pour les jeunes étudiantes en particulier.

Ces années, nous constatons que les femmes investissent tous les métiers réservés auparavant aux hommes. Quelque 35% des filles dans une école d’ingénieurs est considéré comme taux très honorable, au début des années 2000, on était à moins de 10%.

Cependant, cette évolution positive de la femme dans le domaine de la formation en ingénierie doit être accompagnée après la diplomation. En effet, les statistiques montrent la faible intégration de la femme et sa participation aux postes de «leadership» et de prise de décision.

- Il y a beaucoup d’ingénieurs qui partent et s’installent à l’étranger. Que pensez-vous de cette fuite des cerveaux ?
-C’est réellement un phénomène qui s’est accéléré ces dernières années. Le flux de départ des jeunes ingénieurs vers l’étranger s’accentue d’année en année. Plusieurs paramètres interviennent dans ce phénomène d’ingénieurs exerçant hors de nos frontières. Il y a d’autres raisons à cela. L’effet de l’internationalisation de l’économie et la croissance de la mobilité, la valorisation d’une expérience professionnelle à l’étranger, suivie généralement de celles du salaire et des conditions de travail attrayantes permettent une évolution de carrière. Il s’agit là d’une grande perte pour l’économie marocaine. Mais, il y a aussi un côté positif. Dans leur pays d’adoption, ces nouveaux cadres deviennent des ambassadeurs de la culture marocaine. Certains retournent au pays et encouragent leurs entreprises à créer des filiales au Maroc.

Propos recueillis par R.T

Repères

Une coopération internationale diversifiée
L’École Mohammadia des Ingénieurs (EMI) coopère avec l’OCP, l’ONEE, et l’ONCF avec lequel elle développe un projet de développement d’une technologie nationale de signalisation ferroviaire. Cette école coopère aussi avec le privé : Groupe Renault Maroc, PSA, etc. Pour ce qui est de la coopération africaine, des conventions ont été signées avec plusieurs pays : Mauritanie, Côte d’Ivoire, Burkina-Faso, Sénégal, etc. Quant à l’international, l’EMI a conclu des partenariats avec un grand nombre d’écoles et universités étrangères, telles que notamment Polytechnique, CentraleSupélec et Ponts et Chaussées (France), Polytechnique-Montréal et Binghanton-Universiy (Etats-Unis).
Réseau des sciences de l’ingénieur francophones
L’EMI est membre du Réseau d’Excellence des Sciences de l’Ingénieur de la Francophonie (RESCIF), créé en 2010. Ce réseau qui réunit plusieurs universités étrangères a pour objectif de mettre en œuvre une nouvelle coopération ciblée et durable. Il vise à répondre aux défis majeurs des pays en développement. Le RESCIF propose donc des solutions concrètes aux déficits d’eau, de nutrition et d’énergie pour ces États, dont certains souffrent des conditions climatiques difficiles entraînant l’insécurité alimentaire. Depuis plusieurs années, l’éducation supérieure à l’échelle internationale connaît une profonde transformation grâce aux Massive Open Online Courses (MOOC), créés par des universités américaines. Le RESCIF veut s’insérer dans cette nouvelle révolution de l’enseignement supérieur.