L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search


Culture

Julia Lagahuzère ou la paix comme devise et étendard


Rédigé par Houda Belabd le Lundi 16 Janvier 2023

Julia Lagahuzère fait partie de ces citoyennes du monde qui ont fait de la diplomatie culturelle leur fer de lance.
Quant à l’Opéra, il a servi de tremplin pour ses valeurs humanistes et son plaidoyer pour la paix à travers la musique. Le jeu des questions-réponses est lancé !



Photo: Larry Brownlee.
Photo: Larry Brownlee.
- Parlez-nous de votre militantisme pour un monde sans barrières à travers l’opéra. Quel en a été le déclic ?

- J’ai toujours su que la musique avait le pouvoir de susciter des émotions profondes, d’éveiller les consciences et de rassembler les gens. L’opéra, la forme d’art la plus complète, possède donc une force incroyable. Dans ce sens, les artistes ont une place spéciale dans la société et la responsabilité de participer à la recherche de solutions créatives aux plus grands problèmes du monde, tels que les injustices sociales, l’égalité des chances et la lutte contre la crise climatique. En travaillant quotidiennement avec des artistes, j’ai constaté un engagement social croissant et un besoin d’utiliser leur plateforme pour changer les perceptions et contribuer réellement à créer un monde meilleur. C’est à ce moment-là que j’ai compris que le temps était venu de développer Opera for Peace, qui était déjà dans mon esprit depuis plusieurs années. Ces merveilleux artistes nous ont maintenant rejoints en tant qu’ambassadeurs et conseillers, donnant leur temps et leur expertise pour soutenir la prochaine génération.

- Opera for Peace est une revendication, voire une promesse. Jusqu’à quel point pensez-vous que cette initiative est susceptible de contribuer à bousculer les barrières et à rapprocher les peuples ?

- Il n’y a pas de limites à ce que l’on peut réaliser grâce à la culture et au soutien des talents. Nous avons déjà plusieurs succès importants à notre actif, des artistes devenant des ambassadeurs internationaux de nos valeurs et des personnalités importantes dans leur propre pays. Nos artistes viennent des quatre coins du monde et suivent une formation internationale adaptée et variée. Ils apprennent aussi à devenir des entrepreneurs sociaux autonomes financièrement, acquérant une conscience aiguë du monde actuel et de ce qu’ils peuvent apporter en faisant partie de nos projets innovants. Cela créera chez eux un sentiment d’appartenance et de responsabilité leur permettant de transmettre à leur tour ces valeurs à leurs pairs, communautés originelles et à terme aux générations futures. Cet «effet multiplicateur» recherché permettra ainsi un changement positif qui ne s’arrêtera pas à un seul artiste mais inspirera un village, une région, une entière génération de jeunes.

- En tant qu’ambassadrice pour la paix, quelle est votre définition de la diplomatie culturelle ? 

- La diplomatie culturelle existe depuis longtemps, et l’importance de l’échange d’idées, d’informations, d’art, de langue et d’autres aspects de la culture entre les nations afin de favoriser la compréhension mutuelle, et donc la paix, est indéniable. En tant qu’ambassadrice de ces valeurs, je m’intéresse particulièrement à l’innovation, et je continue à chercher de nouveaux moyens d’atteindre cet objectif. Mon nouveau programme international s’intitule «Finding your own unique artistic identity» et explore l’idée que la diversité est une force. J’ai récemment voyagé en Irlande, en Jordanie, en Écosse, en Italie et en Afrique du Sud pour collaborer avec des artistes qui incarneront par la suite cette notion et l’utiliseront pour montrer que la différence nous unit au lieu de nous diviser. Je suis également ambassadeur de l’Osservatorio Nazionale Tutela del mare en Italie, qui place l’économie bleue et la protection de nos océans au premier plan des discussions.

- Que pensez-vous de l’Opéra Royal du Maroc ?

David Serero, le Fondateur, Directeur Artistique et Producteur de l’Opéra Royal du Maroc, déclare que «le Maroc aura sa place dans le monde de l’Opéra », une déclaration que je soutiens de tout mon cœur. Dans la continuité de sa philosophie « Passé, Présent et Futur », il y a tout ici pour célébrer la réputation créative du Maroc, son passé glorieux et sa place importante dans le futur. J’adhère tout particulièrement à l’accent mis sur les jeunes artistes. J’ai hâte de voir leur développement et leur succès, et de collaborer avec eux !

- Quels sont vos engagements dans la région MENA en général ?

- Opera for Peace a soutenu plusieurs artistes de la région MENA par le biais de nos académies de la Banque Européenne d’Investissement et d’autres événements internationaux. En 2021, nous avons annoncé l’inauguration de notre Académie Opéra pour la Paix - Moyen-Orient et Afrique du Nord, qui agit en tant qu’organisation parapluie, réunissant des institutions culturelles et éducatives et des artistes de la région dans le cadre de notre programme Opera for Peace Global Connections. Une célébration mondiale de l’opéra arabe, permettant à toutes les nations d’accéder à la culture arabe grâce au développement de l’opéra en langue arabe. Autre projet très important dont je suis fière de faire partie : la collaboration avec le Festival d’Abu Dhabi qui a accueilli la première mondiale de «Symphony of Three : Peace, Love, Tolerance» du compositeur émirati Ihab Darwish, le 30 décembre 2022 à Abu Dhabi, EAU, avec le compositeur John Debney, lauréat d’un Emmy Award, et le compositeur David Shire, lauréat d’un Academy Award. Cette création témoigne de l’engagement des Émirats Arabes Unis en faveur de la tolérance et de la coexistence pacifique, ce qui a permis à plus de 200 nationalités de vivre et de travailler en harmonie, un voyage unique pour surmonter les différences entre les peuples. Notre conseillère d’Opera for Peace, la légende de l’opéra, la soprano Sumi Jo, s’est produite et a participé depuis la Corée du Sud, nous représentant parfaitement de la plus belle des manières.

- Parlez-nous davantage de votre parcours professionnel à l’échelle internationale…

- Le monde s’est ouvert à moi pendant mes études de musicologie à Berkeley en Californie tout en travaillant à l’Opéra de San Francisco. J’ai donc été à New York, Londres, Berlin, Florence avant de m’installer finalement à Paris, qui est ma maison. Mon récent poste de directrice adjointe de la distribution de l’Opéra de Paris m’a donné le réseau nécessaire pour travailler au plus haut niveau avant de lancer Opera for Peace et d’en faire l’organisation qu’elle est aujourd’hui. J’ai été nommée « Femme de Culture 2020 », ce qui m’a donné une importante plateforme, et maintenant je voyage dans le monde entier pour diffuser nos valeurs et collaborer avec des artistes et des institutions partenaires partageant les mêmes idées.

- Pour quelles autres causes humanitaires militez-vous à travers la musique ?

- En décembre, nous avons été les coproducteurs d’un concert de collecte de fonds à l’Opéra de Francfort, intitulé «Femme, Vie, Liberté», en soutien aux droits humains et contre la terrible répression en Iran. Cette initiative est la mission du contreténor canado-iranien Cameron Shahbazi, et nous travaillons actuellement à l’organisation de futurs événements dans d’autres villes du monde. Ce fut l’un des moments forts de ma carrière - une cause si importante, et la preuve que par la musique et la solidarité, nous pouvons faire la différence.
 
Propos recueillis par Houda BELABD

Encadré

La diplomatie du vivre-ensemble
 
L’Anglaise Julia Lagahuzère, devenue parisienne par la force des choses, a été missionnée pour renforcer les liens avec plusieurs programmes internationaux de jeunes artistes originaires du pourtour euroméditerranéen, en général, et de la région MENA, en particulier. L’objectif : trouver les meilleurs jeunes talents pouvant sillonner le monde dans l’optique de véhiculer les valeurs humanistes de coexistence et de vivre-ensemble.

De plus, Opera for Peace s’engage pour une culture à la fois universelle et locale, incluant tout le monde dans sa communauté et embrassant toutes les diversités d’un monde de plus en plus connecté. Selon les mots de cette diplomate dans l’âme, «les circonstances sanitaires actuelles nous amènent à repenser la place de l’opéra dans la société et à nous interroger sur la manière dont les représentations peuvent être reprises. Dans ce contexte, Opera for Peace - Leading Young Voices of the World continue de s’engager à soutenir et à accompagner des artistes de tous horizons, et à leur offrir ainsi de nouvelles opportunités pour aujourd’hui et demain ».



Dans la même rubrique :
< >

Dimanche 8 Décembre 2024 - 14:58 ​Musique : Ouidad, une passion franco-marocaine

Dimanche 8 Décembre 2024 - 10:51 MAGAZINE : ​« Sonate nocturne », amour et cetera






🔴 Top News