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Jeunes et confinement : l’équation presque impossible ?


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Vendredi 17 Avril 2020

Les jeunes ont particulièrement du mal avec cette période de confinement. Ennui, sentiment d’insouciance et parfois d’inconscience, incompréhension des parents… Nombreuses sont les raisons qui poussent plusieurs d’entre eux à faire face à la quarantaine.



Jeunes et confinement : l’équation presque impossible ?
Depuis le 20 Mars, le Maroc est confiné. Le gouvernement a durci le ton pour renforcer les mesures déplorant « l’insouciance » de ceux qui ne respectent pas la quarantaine. Les Marocains ne peuvent désormais sortir qu’en cas de force majeure (faire ses courses, se rendre chez un médecin ou une pharmacie, ou pour le travail). Pour les jeunes, la pilule est amère. Pour certains, faire une croix sur les sorties entre copains est même un réel crève-coeur.

Le confinement peut froisser les désirs de certains, en particulier les jeunes peu habitués à vivre enfermés à la maison. L’effort demandé, et qui devrait durer encore quelques semaines, est un sacrifice nécessaire mais les raisons de « tricher » sont toujours « bonnes » aux yeux de quelques personnes insouciantes, notamment Hamza qui a accepté de nous expliquer son choix de ne pas respecter le confinement.

Hamza, l’insouciant insoumis

Jeune de 27 ans, Hamza, infographiste dans une agence de communication, a bien ses raisons pour « resquiller » le confinement. « Cela nuit à notre liberté, surtout quand on est jeune. On ressent le confinement comme une punition », déclare-t-il. Hamza estime que ce sont des « vacances » imposées dont il ne pourrait profiter. « De plus, j’aime prendre des risques, surtout quand on est jeune, on se sent invincible. On ne va pas s’empêcher de vivre parce qu’il y a un risque minime. Et puis c’est connu, on est tenté par l’interdit », ajoute Hamza.

Selon Amine Bennour, jeune psychologue, les prises de risque renvoient à la construction de soi. « Elles sont un moment nécessaire d’expérimentation. À mon avis, les conduites à risque peuvent renvoyer à une difficulté à s’inscrire à l’intérieur du lien social », précise le psychologue.

Un défi d’adaptation

L’état du confinement peut provoquer différentes réactions chez les jeunes, allant de l’euphorie à la tristesse. Certains peuvent se dire : « Mes parents sont à mon dos 24h par jour ! Comment vais-je pouvoir supporter leurs commentaires négatifs à la moindre frustration ? ». Ce discours reflète le conflit interne que peuvent vivre beaucoup de jeunes actuellement.

Dr Bennour estime que le confinement familial implique la cohabitation de deux instances : l’une qui représente l’autorité (parents), et l’autre, la recherche de l’autonomie (jeunes). « Cette cohabitation impose une communication entre les deux instances dont les raisonnements peuvent diverger ou non », souligne le psychologue.

Le confinement devient alors un défi d’adaptation marqué par des moments de tensions entre les parents et leurs enfants. Une période de « crise » qui reflète les conflits, tensions, contradictions et pressions tant internes qu’externes que vit un individu. Pour s’adapter, maintenir un équilibre et cohabiter avec leurs parents, les jeunes feront preuve soit de créativité, de rébellion ou de soumission. Cependant, ils pourraient adopter des comportements imprévisibles jugés comme étant irrationnels et bizarres s’ils s’éloignent des normes attendues, conclut le psychologue.
 

Le virtuel ne remplace pas tout

Cette nouvelle génération qu’on accuse bien souvent de ne vivre qu’à travers les écrans, découvre bien malgré elle que le virtuel ne remplace pas tout. Une bonne nouvelle pour les parents en cette période de confinement. Les jeunes ont évidemment besoin de voir et de toucher. Même s’ils vont continuer à discuter avec leurs amis et proches via les applications. Ils approuvent que ce n’est pas agréable d’échanger par téléphone.

« Je trouve déjà le temps long. Même si je parle à mes amis et mes camarades de classe chaque jour, je pense que le contact humain est indispensable », se lamente Lamiaa, une jeune de 18 ans. « Nous sommes des créatures sociales, et nous sommes sur le point d’être privés d’une grande partie de cette socialisation », ajoute Lamiaa. Finalement, les parents et les enfants doivent s’adapter à cette nouvelle réalité qui les obligent à gérer leurs états d’âme pour pouvoir vivre en harmonie sous le même toit. Dans ce contexte, les confrontations risquent d’être plus fréquentes. Mais le confinement peut être aussi une occasion pour mieux comprendre leur origine.

Meryem EL BARHRASSI



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