-L’Ecole de Management ESCA et l’Association Marocaine de la Communauté Achats (AMCA) ont lancé la 1ère édition du Baromètre des Achats du Maroc. Ce baromètre a pour vocation, entre autres, de dresser un état des lieux de la maturité de la fonction Achat au sein des entreprises marocaines.La fonction Achat se porte-t-elle bien ?
-Yassine Serhani : Le baromètre 2022 tente d’évaluer les pratiques Achats mises en place par plusieurs types d’entreprises, en l’occurrence, les multinationales, les grands groupes marocains, les entreprises nationales et les entreprises familiales. A cet effet, huit thèmes principaux ont été identifiés.
Pour nous, les résultats de l’évaluation ne nous ont pas surpris puisqu’ils ont suscité un réel écho parmi notre communauté. Beaucoup d’entreprises sont avancées sur certaines pratiques et sont en retard sur d’autres.Le baromètre confirme l’écart existant entre des multinationales et des entreprises marocaines.
Autre constat, dans une entreprise, il n’y a pas beaucoup d’acheteurs. A titre illustratif, on a moins de dix acheteurs dans une entreprise de 2000 personnes. Ces acheteurs se sentent parfois isolés puisqu’il n’y a pas beaucoup de benchmark interne ou externe.
-Amr Mir : Il convient de noter que dans notre échantillon, nous n’avons ciblé que les entreprises qui sont dotées d’une fonction Achats.
Nous observons qu’environ 80% des entreprises, tous profils confondus, fixent des objectifs Achats. Toutes les multinationales s’engagent sur des objectifs Achats alignés avec les objectifs stratégiques. Par ailleurs, environ 20% des grands groupes, 25% des entreprises familiales et 30% des entreprises nationales réalisent des achats pour répondre à des besoins ponctuels sans chercher à atteindre des objectifs préalablement établis.
Par ailleurs, très rares sont les entreprises qui décentralisent entièrement les achats au niveau des directions. Environ 25% des entreprises, tous profils confondus, rattachent les achats dans une direction support telle que la finance.Presque la moitié des entreprises centralisent les achats dans une direction Achats et les autres adoptent des organisations hybrides. Nous n’observons pas beaucoup de variation entre les modèles organisationnels de la fonction Achats pour les différents profils d’entreprises.*
-A quel point la crise sanitaire et économique déclenchée par la Covid-19 a-t-elle bouleversé la fonction achat chez les entreprises ?
-Y.S : Avec l’avènement du Covid-19, beaucoup de concepts, en termes de compétences au sein de l’AMCA et des entreprises, ont été remis en cause. A ce titre, on s’est initié à de nouvelles démarches, dont l’agilité, l’intelligence de situation et la résilience. En effet, l’agilité permet de développer de nouvelles compétences de réaction et d’anticipation.L’intelligence de situation permet, quant à elle, de tirer bénéfice dans des situations critiques et problématiques. Ce sont là de nouveaux champs de compétences à développer par les acheteurs. Maintenant, nous sommes confrontés au problème de la volatilité des prix. De 2020 à aujourd’hui, on commence à affronter de nouvelles situations pour lesquelles on doit développer de nouvelles compétences.
-A.M : En cette période post-Covid-19, des tendances, comme les achats responsables, ont montré leur importance.
Nous avons été agréablement surpris que les entreprises, tous types confondus, pratiquent les achats responsables, paient leurs fournisseurs, et ont un sentiment de solidarité vis-à-vis de leur partie prenante. Mais le problème qui se pose est que les achats responsables doivent encore être dotés des moyens nécessaires pour mener à bien la démarche. Donc sur certains leviers, on est bon. Sur d’autres, il faut développer des compétences, amorcer tout un changement pour hisser la performance achats dans les entreprises marocaines parce que c’est une fonction stratégique.
Avant les années 90, le premier objectif était la réduction des coûts. Aujourd’hui, on est dans un autre paradigme. La fonction achats est un levier qui permettra la durabilité pour renforcer la résilience de l’entreprise. Pour renforcer cette durabilité, l’aspect compétences est très important. Donc les achats sont un outil de sécurisation de la continuité du business de l’entreprise.
-Les risques géopolitiques et ceux induits par le changement climatique impactent-ils la fonction Achats. Comment réagir ?
-Y.S : Malgré la hausse des prix des matières premières depuis la crise russo-ukrainienne, il y a des opportunités d’affaires. On parle de possible rupture alimentaire dans le futur. Il faut s’y préparer dès maintenant en assurant un stock ou en trouvant d’autres sources d’approvisionnement.
Certaines sociétés anticipent ces hausses et ont conçu des stocks stratégiques. Pour les pronostics, au Maroc, à partir du deuxième semestre de 2023,les prix des stocks vont baisser.
-A.M : Pour revenir au baromètre des achats, on s’est intéressé aux familles achats dans les entreprises marocaines. Pratiquement tous les acheteurs, y-compris dans les entreprises familiales, segmentent leurs achats. Cette segmentation permet une maîtrise de ce qu’on achète.
C’est le début de la professionnalisation de la fonction achats. Ainsi, le marché fournisseur sera maîtrisé. Par la suite, on va conjuguer les données du marché fournisseur avec ce qu’on achète pour pouvoir mettre en place une stratégie achat.La question qu’il faut se poser : quelle stratégie achat faudrait-il mettre en place ?
-Yassine Serhani : Le baromètre 2022 tente d’évaluer les pratiques Achats mises en place par plusieurs types d’entreprises, en l’occurrence, les multinationales, les grands groupes marocains, les entreprises nationales et les entreprises familiales. A cet effet, huit thèmes principaux ont été identifiés.
Pour nous, les résultats de l’évaluation ne nous ont pas surpris puisqu’ils ont suscité un réel écho parmi notre communauté. Beaucoup d’entreprises sont avancées sur certaines pratiques et sont en retard sur d’autres.Le baromètre confirme l’écart existant entre des multinationales et des entreprises marocaines.
Autre constat, dans une entreprise, il n’y a pas beaucoup d’acheteurs. A titre illustratif, on a moins de dix acheteurs dans une entreprise de 2000 personnes. Ces acheteurs se sentent parfois isolés puisqu’il n’y a pas beaucoup de benchmark interne ou externe.
-Amr Mir : Il convient de noter que dans notre échantillon, nous n’avons ciblé que les entreprises qui sont dotées d’une fonction Achats.
Nous observons qu’environ 80% des entreprises, tous profils confondus, fixent des objectifs Achats. Toutes les multinationales s’engagent sur des objectifs Achats alignés avec les objectifs stratégiques. Par ailleurs, environ 20% des grands groupes, 25% des entreprises familiales et 30% des entreprises nationales réalisent des achats pour répondre à des besoins ponctuels sans chercher à atteindre des objectifs préalablement établis.
Par ailleurs, très rares sont les entreprises qui décentralisent entièrement les achats au niveau des directions. Environ 25% des entreprises, tous profils confondus, rattachent les achats dans une direction support telle que la finance.Presque la moitié des entreprises centralisent les achats dans une direction Achats et les autres adoptent des organisations hybrides. Nous n’observons pas beaucoup de variation entre les modèles organisationnels de la fonction Achats pour les différents profils d’entreprises.*
-A quel point la crise sanitaire et économique déclenchée par la Covid-19 a-t-elle bouleversé la fonction achat chez les entreprises ?
-Y.S : Avec l’avènement du Covid-19, beaucoup de concepts, en termes de compétences au sein de l’AMCA et des entreprises, ont été remis en cause. A ce titre, on s’est initié à de nouvelles démarches, dont l’agilité, l’intelligence de situation et la résilience. En effet, l’agilité permet de développer de nouvelles compétences de réaction et d’anticipation.L’intelligence de situation permet, quant à elle, de tirer bénéfice dans des situations critiques et problématiques. Ce sont là de nouveaux champs de compétences à développer par les acheteurs. Maintenant, nous sommes confrontés au problème de la volatilité des prix. De 2020 à aujourd’hui, on commence à affronter de nouvelles situations pour lesquelles on doit développer de nouvelles compétences.
-A.M : En cette période post-Covid-19, des tendances, comme les achats responsables, ont montré leur importance.
Nous avons été agréablement surpris que les entreprises, tous types confondus, pratiquent les achats responsables, paient leurs fournisseurs, et ont un sentiment de solidarité vis-à-vis de leur partie prenante. Mais le problème qui se pose est que les achats responsables doivent encore être dotés des moyens nécessaires pour mener à bien la démarche. Donc sur certains leviers, on est bon. Sur d’autres, il faut développer des compétences, amorcer tout un changement pour hisser la performance achats dans les entreprises marocaines parce que c’est une fonction stratégique.
Avant les années 90, le premier objectif était la réduction des coûts. Aujourd’hui, on est dans un autre paradigme. La fonction achats est un levier qui permettra la durabilité pour renforcer la résilience de l’entreprise. Pour renforcer cette durabilité, l’aspect compétences est très important. Donc les achats sont un outil de sécurisation de la continuité du business de l’entreprise.
-Les risques géopolitiques et ceux induits par le changement climatique impactent-ils la fonction Achats. Comment réagir ?
-Y.S : Malgré la hausse des prix des matières premières depuis la crise russo-ukrainienne, il y a des opportunités d’affaires. On parle de possible rupture alimentaire dans le futur. Il faut s’y préparer dès maintenant en assurant un stock ou en trouvant d’autres sources d’approvisionnement.
Certaines sociétés anticipent ces hausses et ont conçu des stocks stratégiques. Pour les pronostics, au Maroc, à partir du deuxième semestre de 2023,les prix des stocks vont baisser.
-A.M : Pour revenir au baromètre des achats, on s’est intéressé aux familles achats dans les entreprises marocaines. Pratiquement tous les acheteurs, y-compris dans les entreprises familiales, segmentent leurs achats. Cette segmentation permet une maîtrise de ce qu’on achète.
C’est le début de la professionnalisation de la fonction achats. Ainsi, le marché fournisseur sera maîtrisé. Par la suite, on va conjuguer les données du marché fournisseur avec ce qu’on achète pour pouvoir mettre en place une stratégie achat.La question qu’il faut se poser : quelle stratégie achat faudrait-il mettre en place ?
Propos recueillis par Safaa KSAANI
L’info...Graphie
Innovation à travers les achats : Les entreprises nationales traînent les pieds
Bien que la fonction Achats soit un levier incontournable pour le développement de la compétitive et de la performance de chaque entreprise, on est encore loin, au Maroc, de réaliser combien elle peut optimiser la stratégie d’innovation. Le baromètre des Achats établi par ESCA Ecole de management et l'Association Marocaine de la Communauté des Achats (AMCA) au titre de 2022, fait ressortir, en effet, que plus de 60% des entreprises, tous profils confondus, avouent que la fonction Achats contribue au développement de l’innovation dans leur entité, faisant état d’un décalage notable entre les multinationales et les entreprises familiales dans ce registre.
Dans le détail, la même source souligne que ce taux reste très élevé chez les multinationales soit 80% tandis qu’il reste faible chez les entreprises familiales puisqu’il ne dépasse pas 50%.
Le baromètre signale également que près de 50% des entreprises intègrent un axe lié à la promotion de l’innovation dans la politique Achats. Les multinationales accordent une grande importance à la contribution des achats dans la stratégie d’innovation, soit un taux de 70%, tandis qu’à peine 30% des entreprises nationales sont conscientes de l’importance de la promotion de l’innovation à travers les achats.
Il est à noter que l’importance de la fonction Achats pour l’entreprise se traduit à plusieurs niveaux. Il agit sur le processus Achats notamment dans le cadre du processus amont Achats, autant qu’en ce qui concerne la sélection des fournisseurs et le pilotage de la performance au niveau technologique, via la digitalisation de toutes les activités Achats. Il constitue ainsi un gage de réussite pour les collaborations avec les fournisseurs afin d’améliorer les produits et services.
Dans le détail, la même source souligne que ce taux reste très élevé chez les multinationales soit 80% tandis qu’il reste faible chez les entreprises familiales puisqu’il ne dépasse pas 50%.
Le baromètre signale également que près de 50% des entreprises intègrent un axe lié à la promotion de l’innovation dans la politique Achats. Les multinationales accordent une grande importance à la contribution des achats dans la stratégie d’innovation, soit un taux de 70%, tandis qu’à peine 30% des entreprises nationales sont conscientes de l’importance de la promotion de l’innovation à travers les achats.
Il est à noter que l’importance de la fonction Achats pour l’entreprise se traduit à plusieurs niveaux. Il agit sur le processus Achats notamment dans le cadre du processus amont Achats, autant qu’en ce qui concerne la sélection des fournisseurs et le pilotage de la performance au niveau technologique, via la digitalisation de toutes les activités Achats. Il constitue ainsi un gage de réussite pour les collaborations avec les fournisseurs afin d’améliorer les produits et services.
Digitalisation : Seuls 20% des entreprises nationales ont de fonctions SI
Bien que la digitalisation gagne de plus en plus de place dans toutes les fonctions de l’entreprise, y compris les achats, l’importance de cette rubrique ne semble pas encore bénéficier de tout l’intérêt requis dans bon nombre d’entités. C’est en tout cas ce qui ressort du Baromètre des achats 2022, premier du genre, établi par ESCA Ecole de management et l'Association Marocaine de la Communauté des Achats (AMCA). Selon cet établissement, environ 75% des entreprises tous profils confondus expriment la demande d’achats via un système d’information (SI). Environ 60% des multinationales procèdent en plus à la validation automatique des demandes d’achats sur le SI avant le lancement des consultations. Ce taux est limité à 55% pour les grands groupes, à 38% pour les entreprises nationales et à 30% pour les entreprises familiales.
Selon les résultats du baromètre, toutes les multinationales automatisent le contrôle quantitatif et qualitatif de la réception des marchandises auprès des fournisseurs pour assurer une traçabilité. Cependant, environ 30% des grands groupes, 20% des entreprises nationales et 10% des entreprises familiales ne sont pas dotées de fonctions SI pour l’automatisation de cette activité.
Il est à noter que la digitalisation présente plusieurs avantages pour l’entreprise, quels que soit sa taille et son domaine d’activité. Elle permet aux acheteurs de se concentrer sur ce qui crée réellement de la valeur en automatisant les tâches administratives à faible valeur ajoutée. Elle aide aussi à mener au mieux l’opération de collecte des données indispensables à la mise en place des stratégies Achats efficaces, mais aussi réussir la coordination avec les fournisseurs, notamment dans l’étape RFI, et le processus Procure to Pay pour suivre le paiement des factures, voire même la passation des commandes automatiques.
Selon les résultats du baromètre, toutes les multinationales automatisent le contrôle quantitatif et qualitatif de la réception des marchandises auprès des fournisseurs pour assurer une traçabilité. Cependant, environ 30% des grands groupes, 20% des entreprises nationales et 10% des entreprises familiales ne sont pas dotées de fonctions SI pour l’automatisation de cette activité.
Il est à noter que la digitalisation présente plusieurs avantages pour l’entreprise, quels que soit sa taille et son domaine d’activité. Elle permet aux acheteurs de se concentrer sur ce qui crée réellement de la valeur en automatisant les tâches administratives à faible valeur ajoutée. Elle aide aussi à mener au mieux l’opération de collecte des données indispensables à la mise en place des stratégies Achats efficaces, mais aussi réussir la coordination avec les fournisseurs, notamment dans l’étape RFI, et le processus Procure to Pay pour suivre le paiement des factures, voire même la passation des commandes automatiques.
RSE : Les entreprises nationales affichent un engagement indéniable
Les entreprises, quelle que soit leur taille, tendent à favoriser les achats responsables, dont les impacts environnementaux, sociaux et économiques sont très avantageux sur toute la durée du cycle de vie des entités actives. C’est du moins ce dont atteste le baromètre des achats 2022, établi par ESCA-Maroc Ecole de management et l'Association Marocaine de la Communauté des Achats (AMCA), selon lequel environ 60% des entreprises tous profils confondus contribuent à la stratégie RSE à travers les achats.
Selon la même source, ce taux semble très élevé chez les multinationales, soit un taux de 70% mais aussi chez les entreprises familiales, les entreprises nationales et les grands groupes, qui représentent respectivement 60%, 61% et 58%.
Le baromètre fait ressortir également qu’environ 60% des entreprises intègrent un axe lié à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans la politique Achats. Ce taux reste, d’après la même source, très élevé chez les multinationales à hauteur de 75% alors qu’il est de 60% chez les grands groupes, de 58% chez les entreprises familiales et de 52% chez les entreprises nationales.
Selon la même source, ce taux semble très élevé chez les multinationales, soit un taux de 70% mais aussi chez les entreprises familiales, les entreprises nationales et les grands groupes, qui représentent respectivement 60%, 61% et 58%.
Le baromètre fait ressortir également qu’environ 60% des entreprises intègrent un axe lié à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans la politique Achats. Ce taux reste, d’après la même source, très élevé chez les multinationales à hauteur de 75% alors qu’il est de 60% chez les grands groupes, de 58% chez les entreprises familiales et de 52% chez les entreprises nationales.
