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Interview avec le ministre d’Etat britannique Nigel Huddleston : X-linxs, ALE, post-Brexit… la coopération maroco-britannique vue de Londres


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 20 Février 2023

Dans cette interview, le ministre d'Etat au ministère des Affaires et du Commerce britannique, Nigel Huddleston, revient sur les principaux enseignements du dernier Conseil d'association Maroc/Royaume-Uni. Green Finance, énergies renouvelables, le ministre livre plus de détails sur les projets en cours avec un zoom sur le fameux projet X-Linxs. Entretien.



Vous êtes venu au Maroc avec un agenda chargé. Vous avez présidé aux côtés du ministre Ryad Mezzour la deuxième session du Conseil d'association. Quels en sont les enjeux pour cette année ? 
Les enjeux sont de taille. Permettez-moi d’abord de rappeler que le Maroc est le quatrième partenaire commercial africain du Royaume-Uni. Donc, nous avons une base solide pour construire un partenariat solide et plus prometteur. La session de cette année a été l'occasion de s'appuyer sur les travaux du précédent Conseil d'association et du sous-comité du commerce. Nos deux pays ont pu faire progresser leur commerce bilatéral à 2,7 milliards de livres sterling. C’est un acquis que nous cherchons à développer en élargissant notre partenariat sur plusieurs domaines, tels que la santé, l'agriculture, la croissance propre et l'éducation. C’est ça le cap.  


Compte tenu des résultats encourageants de l'accord d'association, peut-on s'attendre à un accord de libre-échange dans les années à venir ?
L'accord d'association Royaume-Uni/Maroc, je rappelle, est un accord global. Personnellement, je suis convaincu qu'il continuera à nous permettre de renforcer notre précieuse relation commerciale. Il suffit de réaliser que cet accord nous a permis d’augmenter nos échanges  d'un milliard de livres sterling depuis son entrée en vigueur. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec le Maroc sur la meilleure façon d'y parvenir, notamment par le biais des structures existantes de l'accord, telles que le Conseil d'association.  

Pour répondre à votre question, si un jour cette hypothèse est possible, le Royaume-Uni a de bons antécédents en matière de négociation d'accords de libre-échange dans des conditions difficiles. Ces dernières années, nous avons conclu des accords commerciaux avec 71 pays en plus de l'UE, des partenaires qui représentaient 846 milliards de livres sterling de commerce bilatéral britannique en 2021.
 

La coopération économique reste très axée sur le commerce, qu'en est-il de l'industrie et de l'investissement dans la finance ? 
J’ai parlé de l’élargissement de notre partenariat sur d’autres domaines. C’est un objectif d’importance extrême. Nous avons rassemblé l'offre de développement économique et d'investissement du Royaume-Uni à ses pays partenaires dans une boîte à outils complète. Le gouvernement a d’ores et déjà lancé la stratégie « British Investment Partnerships » (BIP).  Aujourd'hui, notre offre d'investissements (BIP) vise à mobiliser jusqu'à 8 milliards de livres sterling de financement soutenu par le Royaume-Uni d'ici 2025. L’objectif est de fournir des infrastructures propres et vertes de haute qualité et un développement économique plus large.  

En ce qui concerne le Maroc, nous nous sommes d’ores et déjà mis au travail. Je suis ravi que British Investment Partnerships travaille activement pour soutenir les investissements durables au Maroc et avec le Maroc. Par exemple, notre institution de financement du développement « British International Investment » détient un portefeuille de près de 550 millions de dollars ici, sachant qu’elle a récemment acquis l'Institut pharmaceutique du Maroc via sa plateforme « Kelix Bio », soutenant la production locale de médicaments génériques à un coût abordable.
 
En parallèle, la coopération dans le domaine financier est tout aussi active. Les résultats sont déjà perceptibles. La collaboration entre nos deux centres financiers a permis l'émission de la première obligation de genre en Afrique (genderbound). Elle est dédiée au financement de l’entrepreneuriat féminin. Cet emprunt obligataire, je rappelle, a été effectué par la BCP et a été soutenu par l'Agence britannique FSD Africa. 
 
Je peux vous citer d’autres exemples comme l’émission obligataire certifiée "Green bond", d’une valeur de 120 millions de dollars, réalisée par l’ONCF qui a été également accompagnée par FSD Africa.  C’est la première obligation de mobilité propre en Afrique, qui permettra de faire rouler plus de trains marocains à l’énergie propre.  Pour cette année, nous avons d'autres projets en préparation et nous collaborons actuellement avec le ministère des Finances pour développer une offre de financement qui soutiendra l'économie verte en plein essor du Maroc.
 

Concernant le projet X-Links, est-ce un projet qui intéresse le gouvernement britannique ? 
La hausse spectaculaire des cours mondiaux de l'énergie suite à la pandémie du Covid-19 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie montrent à quel point il est vital de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.  
La stratégie “Net Zero” définit clairement la façon dont nous allons transformer la production et l'utilisation de l'énergie propre. Le Royaume-Uni a un plan en 10 points pour une révolution industrielle verte.

La stratégie de sécurité énergétique accélère ce plan à travers une série d'engagements audacieux, qui placent la Grande-Bretagne à la pointe de la révolution énergétique mondiale. Nous ne pourrons atteindre cet idéal sans nous engager avec des pays partageant les mêmes idées, dont le Maroc, qui continuent de faire de grands progrès dans leur transition énergétique.
 
Des projets communs, dont celui auquel vous faites référence, sont ambitieux et essentiels pour poursuivre la diversification de l'approvisionnement énergétique.  Pour notre part, nous espérons qu'un tel projet aboutisse et fasse l’objet d’un engagement continu.
 

Le gouvernement britannique a lancé le programme UK-Export Finance pour les investisseurs marocains. Peut-on avoir une idée sur les premiers résultats de ce programme ? 
Je rappelle que l’agence UKEF a mis en place l’ « International Export Finance Executive » (IEFE) à Casablanca. C’est la première escale pour les porteurs de projets marocains désireux de bénéficier du soutien financier de UKEF. Nous étions ravis que ce projet ait été très médiatisé durant la visite du PDG de l'UKEF à l’occasion du lancement du programme l'IEFE de l'UKEF au Maroc en novembre 2022.  

Dès lors, il y a eu des réunions avec plusieurs institutions publiques stratégiques, dont l’ONCF et l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), les institutions financières, des entreprises privées et le ministère de l’Economie et des Finances. Des plans d’action clairs ont été définis et convenus en vue de créer un pipeline d'opportunités pour les entreprises marocaines, la chaîne d'approvisionnement britannique et l'UKEF.
 
Personnellement, je peux vous dire que je n’ai nul doute que l'impact de cette initiative sera très positif. Bien que le déploiement de l'UKEF soit dans une phase initiale, les projets que nous soutiendrons bénéficieront à la fois au Maroc et au Royaume-Uni, au grand bénéfice de la coopération économique entre les deux pays.
 
Propos recueillis par Anass MACHLOUKH

Un agenda chargé « A busy couple of days »

Facétieux, énergique, Nigel Huddleston a enchaîné les déplacements lors de sa visite au Maroc, la première après son entrée en fonction au début du mois de février. Son agenda témoigne de la nature de l’intérêt que porte le gouvernement de Rishi Sunak pour le Maroc, centré sur le business et les énergies renouvelables.
Le ministre d’Etat a rencontré, d’abord, la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, avec qui il s’est entretenu sur plusieurs sujets d’intérêt commun. Ensuite, il s’est entretenu avec le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, avant de présider ensemble la deuxième session du Conseil d’association Maroc-Royaume Uni.

Accompagné dans ses déplacements de l’ambassadeur britannique, Martin Simon, il a tenu à jeter un coup d’œil sur les infrastructures du Royaume en visitant le Port Tanger-Med où un accueil chaleureux lui a été réservé par le staff. Le ministre a fait en sorte de s’y rendre par voie ferroviaire en empruntant Al-Boraq.
Un choix qui est tout sauf fortuit pour la simple raison que le ministre veut découvrir l’état des équipements de l’ONCF que les financiers britanniques veulent accompagner dans sa stratégie de transition verte pour faire rouler ses trains à l’énergie propre.

Ceci montre que l’agenda du ministre conservateur est scrupuleusement préparé.  «A busy couple of days», a-t-il écrit sur son compte Twitter pour résumer sa visite, dont il semble très satisfait. C’est ce qu’il a indiqué, avec son accent typiquement britannique, dans une déclaration à « L’Opinion » lors d’une réception à la résidence de l’ambassadeur du Royaume-Uni à Rabat.

 

Accord d’Association : Le commerce en plein essor

Cela fait près de deux années que l’accord d’association signé en 2019 entre le Maroc et le Royaume-Uni est en vigueur. Depuis son départ de l’Union Européenne, le Royaume-Uni lorgne le marché marocain, qu’il considère comme un des marchés prometteurs en Afrique. Les retombées se font d’ores et déjà sentir. Les échanges commerciaux entre le Maroc et le Royaume-Uni ont augmenté de près de 50% pour passer de 15,3 milliards de dirhams (MMDH) en 2019 à 22,9 MMDH en 2022 et les exportations marocaines ont presque triplé depuis l'entrée en vigueur de cet accord.

Les deux pays veulent capitaliser sur cet essor commercial pour renforcer leur coopération. C’est l’un des objectifs qu’ils se sont fixés lors de la session du Conseil d'Association maroco-britannique. Une session dédiée au suivi du bilan de la mise en œuvre de l’accord d’association et des projets de coopération en cours. Il s’agit également d’une projection sur le futur et d’une prospection des nouvelles opportunités.
L'objectif est de poursuivre la nouvelle dynamique imprégnée au partenariat stratégique qui lie les deux pays et de répondre aux attentes et aux aspirations des gouvernements respectifs. Le commerce bilatéral total s'élève maintenant à 2,7 milliards de livres sterling.
 
De son côté, le gouvernement marocain voit en le Royaume-Uni un futur partenaire de premier plan. Le ministre de l’Industrie et du Commerce a fait part de la volonté du Maroc de devenir «une base industrielle compétitive du Royaume-Uni pour l’investissement, la production et l'exportation vers les marchés potentiels, compte tenu de ses atouts socio-économiques et de son réseau d’Accords de Libre-échange».
 
 

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