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Interview avec Youssef Boughanem : « Le goût du challenge est mon moteur de combat »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 12 Septembre 2022

Champion du monde de muay-thaï, Youssef Boughanem incarne un modèle à la fois d’intégration et de réussite dans une discipline qui n’est pas encore nôtre. Avant son prochain combat en Colombie le 8 octobre, il revient dans cet entretien sur ses débuts, ses exploits et ses ambitions.



-Vous êtes un boxeur maroco-belge de muay-thaï. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la boxe ?

-Je suis un boxeur plus Marocain que Belge, de parents marocains. Je représente le Maroc dans chacun de mes combats à très haut niveau, depuis des années. Ce qui m’a donné envie de faire de la boxe, c’est le goût du challenge. Quand j’étais jeune, la boxe m’a beaucoup séduit. Avec une mentalité d’adolescent, je me cherchais. Je me suis trouvé grâce à la boxe. Depuis, je n’ai pas lâché, malgré les nombreuses blessures.


-Comment évaluez-vous l’ensemble de vos performances depuis que vous êtes boxeur professionnel ?

-Mes débuts chez les professionnels se sont bien passés. J’avais une quarantaine de victoires, et des échecs. Mon premier match nul m’a fait évoluer. Je l’ai pris comme une défaite, alors que c’est une “victoire partagée”. J’ai eu 38 défaites tout au long de ma carrière, pour environ 280 combats. Bien sûr je les regrette car j’aurais pu faire mieux, mais ça m’a rendu meilleur et m’a rapproché de la perfection. Mon prochain combat contre un Thaïlandais est prévu pour le 8 octobre en Colombie. Je m’entraîne acharnement. J’espère gagner pour moi et pour le Maroc, Inchaallah.


-On dit que vous avez une belle carte chez les pros... Quelles sont vos ambitions ?

-Effectivement, on dit que j’ai une bonne réputation. Beaucoup de personnes s’accordent à dire que je suis le meilleur dans ma catégorie et l’un des meilleurs boxeurs qu’il y a eu dans le sport de la boxe thaïlandaise. C’est un honneur. Mais je considère qu’il y a toujours du travail et quelque chose à battre. Même quand tu bats ton propre record, il y a toujours un record à battre. Me surpasser et faire toujours mieux c’est ce qui me fait lever tous les matins.


-A quoi pensez-vous quand vous montez sur un ring ?

-Je ne pense à rien d’autre que de gagner et résoudre mon problème du jour, mon adversaire. Surtout appliquer cela en marquant les esprits. Je fais une prière avant chaque combat pour me protéger et protéger mon adversaire. Je demande pardon à Dieu parce que je peux abîmer mon corps ou celui de mon adversaire, accidentellement.


-Est-ce qu’on fait de la boxe pour la gloire d’abord et pour l’argent ensuite?

-Cela dépend des gens. Certains font ce sport pour l’argent et d’autres pour la gloire. Moi, je le fais pour un développement personnel. Je fais partie d’une troisième catégorie, que vous n’avez pas citée, qui font ce sport pour s’affranchir parce qu’ils ont une offense difficile.


-Il y a des gens qui disent que la boxe est un sport dangereux. L’affirmez-vous ?

-Oui, à haut niveau, c’est toujours dangereux. D’ailleurs c’est pareil dans presque tous les sports. Dans le foot professionnel par exemple, il y a plus de blessés que dans la boxe professionnelle. Le sport est ouvert à tout le monde. D’ailleurs, en loisirs, ça a été un tremplin incroyable, surtout pour la boxe féminine. Des personnalités publiques pratiquent la boxe thaïlandaise en cours privés pour la mise en forme et l’équilibre du corps et de l’esprit. Elle procure énormément de bien-être. Je conseille à tout le monde de faire de la boxe thaïlandaise.


-De nombreux boxeurs marocains tentent de faire briller leur pays à l’étranger. Tandis qu’ils ne sont pas assez présents au Maroc. Comment expliquez-vous cette «contradiction» ? La boxe y reste-t-elle marginalisée ?

-Le Maroc regorge de grands talents, de grands boxeurs, des gens très forts mais le niveau et la disposition des compétitions font qu’ils restent amateurs. Ils font de la boxe mais ne se développent pas. Ce qui fait que les boxeurs marocains qui sont à l’extérieur du Maroc arrivent à être professionnels et font partie des meilleurs boxeurs au monde. C’est la structure qui propose des combats amateurs pour les Marocains locaux. Si demain il y a une ouverture professionnelle pour eux, ils vont dominer ce sport, qui n’est pas le nôtre.


-Des projets avec la Fédération Royale Marocaine de Kick-Boxing Muay Thaï-Savate et Sports Assimilés sont-ils en vue ?

-A l’heure actuelle, je n’ai aucun projet avec la Fédération. C’est une structure que j’apprécie beaucoup. Le travail administratif y est conséquent et difficile à faire. Les personnes qui y travaillent arrivent à tenir une fédération. Je suis ouvert à toute proposition ou travail, avec grand honneur.



Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait


Le Marocain qui défie tout le monde en Thaïlande
 
Né le 6 décembre 1988 à Bruxelles en Belgique, de parents originaires du nord du Royaume, Youssef Boughanem est détenteur de la double nationalité marocaine et belge. « Plus Marocain que Belge. D’ailleurs, je représente le Maroc dans chacun de mes combats à très haut niveau, depuis des années », tient-il à nous préciser. Il compte à son actif près de 280 combats et plusieurs titres, dont la ceinture d’or de de Muay-Thaï en Thaïlande. Ce qui lui a valu le titre de premier étranger à s’adjuger cette ceinture sur “la terre de l’éléphant blanc”.

A la force de ses poings, Youssef Boughanel s’est forgé une réputation au Royaume du Siam. Il est l’un des combattants étrangers les plus respectés. Il est le seul étranger au monde à avoir remporté la ceinture du stadium d’Omnoi en 2015. Il a également battu des champions tels que Saiyok, Rungravee, ou encore le champion d’Omnoi Peemai.

En mai dernier, il a défendu sa couronne face à l’Espagnol Toni Romero et a réussi à s’imposer par KO. Boxeur au succès frénétique, Youssef Boughanem est connu également pour sa modestie. « Il est resté toujours aussi humble et gentil », selon des témoignages recueillis sur les réseaux sociaux.

Toujours attaché à ses racines et origines marocaines, le jeune trentenaire espère que la boxe se professionnalise au Maroc. Si l’opportunité se présente, il serait prêt à collaborer avec la Fédération Royale Marocaine de Kick Boxing Muay Thaï -Savate et Sports Assimilés, nous confie-t-il.