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International

Interview avec Tayeb GHAZI, Le corridor atlantique au service d’un partenariat UE-Afrique-Méditerranée


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 20 Septembre 2021

Le renouvellement du contrat du gazoduc Maghreb-Europe est au centre de tous les débats compte tenu de l’actualité politico-économique que veut imposer l’Algérie à ses voisins aux mépris de la volonté des populations de la région. Eclairage avec Tayeb GHAZI, Economiste, Policy Center for the New South.



Le renouveau du partenariat Euro-Méditerranée- Afrique devrait s’inscrire dans une logique de co-développement et de co-production, car les problématiques de la jeunesse et de la société civile, de l’emploi, de l’intégration et de la transformation économique, préoccupent de part et d’autre. Un levier du renouvellement serait de mettre le corridor atlantique au service d’un partenariat UE-Afrique-Méditerranée. Explications avec Tayeb GHAZI, Economiste, Policy Center for the New South.


- Vous venez de coécrire un rapport sur « le couloir marocain de l’Afrique de l’Ouest à l’Europe de l’Ouest : l’intérêt des chaînes de valeur régionales ». Que peut-on déduire ?

- Nous observons que le bilan des relations Europe/Méditerranée et Europe/Afrique invite aujourd’hui à un renouveau de ces partenariats. Un renouveau car il y a retrait partiel de l’Europe en ce qui concerne les questions de développement du voisinage Méditerranée-Afrique dans un temps où les partenariats actuels [de Barcelone et celui de Cotonou] s’emboitent dans la logique du commerce (libre-échange) et de l’aide financière.

Le renouveau du partenariat Euro-Méditerranée- Afrique devrait s’inscrire dans une logique de co-développement et de co-production, car les problématiques de la jeunesse et de la société civile, de l’emploi, de l’intégration et de la transformation économique, préoccupent tout autant l’une que l’autre. Un levier du renouvellement serait de mettre le corridor atlantique au service d’un partenariat UE-Afrique-Méditerranée.


- Dans ce contexte, comment pourrait se faire l’ancrage de la connectivité commerciale transméditerranéenne émergente du Maroc dans les chaînes de valeur manufacturières dans ce corridor ?

- Cet ancrage se fait déjà à mon avis. Le Maroc oeuvre avec sérieux pour l’avancement de son corridor commercial entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe occidentale. Cela se voit à travers ses efforts considérables en matière du développement simultané de l’infrastructure de transport et de la base industrielle. La construction par le Maroc de la ligne ferroviaire à grande vitesse Al-Boraq et la construction du nouveau port marocain Tanger Med en sont témoins. L’usine Renault Tanger Med et l’installation du Groupe PSA à Kénitra en sont deux autres exemples.

Le nouveau port de Dakhla Atlantique est un autre grand chantier qui répond à cette logique du corridor axé sur l’infrastructure de transport et la base industrielle. Le projet de gazoduc Maroc-Nigeria est également un réel témoin de la place marocaine dans le corridor Atlantique Europe-Afrique.

Une grande priorité stratégique, aujourd’hui, est la création d’une liaison ferroviaire à grande vitesse entre Tanger et Lagouira. Laquelle créera un corridor de transport commercial à grande vitesse entre les rives de la Méditerranée occidentale et la frontière de l’Afrique de l’Ouest.


- Vous parlez, dans cet écrit, de la promotion en Afrique de l’Ouest d’une culture de tolérance et d’un Islam ouvert sur les valeurs de la modernité. Quels sont les éléments fondateurs pour y parvenir ?

- Le Maroc a compris que certains éléments sont fondamentaux pour parvenir et promouvoir une culture de tolérance et un Islam ouvert sur les valeurs de la modernité en Afrique de l’Ouest. Au coeur de ces éléments se trouve un encadrement efficient de l’enseignement théologique dans le but de sauvegarder l’identité religieuse des Marocains et d’immuniser le Royaume contre les idées extrémistes, et les instrumentalisations politiques ou idéologiques de la religion.

A l’appui, le Royaume a multiplié les initiatives et les voies en vue de les maintenir. Nous pouvons citer des voies plus anciennes comme les confréries soufies, dont la Qadiriya et la Tijaniya (les plus répandues) qui ont connu une large propagation en Afrique à partir du Maroc.

La mobilité des étudiants universitaires (d’Al Chariaa, mais pas seulement) a été considérée, depuis longtemps, comme étant un levier de la promotion de la culture d’un Islam tolérant en Afrique. Plus récemment, il y a eu institutionnalisation de la gestion marocaine du champ religieux et la création de l’institution des Ouléma, mais également création de l’Institut Mohammed VI de la formation des Imams Morchidines et Morchidates, et de la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains.


- Pensez-vous que le contexte socio-politique s’y prête aujourd’hui avec la pandémie liée à Covid-19 et ses conséquences socio-économiques ?

- Je pense que le contexte actuel appelle plus que jamais à un renouveau du partenariat Euro-Méditerranée-Afrique basé sur une logique de co-développement et de co-production, car les problématiques de la jeunesse et de la société civile, de l’emploi, de l’intégration et de la transformation économique, préoccupent tout autant l’une que l’autre.

Axer le partenariat Euro-Méditerranée- Afrique sur le co-développement et la co-production nous rapprocherait, de nouveau, de l’esprit qui prévalait lors de la mise en place du partenariat euro- méditerranéen et du partenariat euro- africain. Cela comprend notamment le fait d’instaurer un espace de paix et de stabilité avec l’engagement de tous de promouvoir les valeurs de la démocratie et des droits de l’Homme, mais aussi de mettre en place une aire de prospérité partagée. Cela concerne aussi le fait d’oeuvrer pour la reconnaissance des cultures, la promotion des échanges entre jeunes et les sociétés civiles.


Entretien réalisé par Wolondouka SIDIBE

 


Bon à savoir

Tayeb GHAZI est économiste au Policy Center for the New South (PCNS). Il est également membre du Groupe de recherche en économie sociale et solidaire de l’Université Cadi Ayyad et titulaire d’un master en finance appliquée de la même université. Il travaille actuellement sur des sujets liés au marché du travail, à l’éducation, à la migration et à certains aspects du commerce international dans les pays en développement.

Pour ce qui est du Policy Center for the New South (PCNS), il a pour mission de contribuer à l’amélioration des politiques publiques, aussi bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et l’Afrique, parties intégrantes du Sud global.

Le PCNS défend le concept d’un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entreprenant. Le PCNS organise tout au long de l’année une série de rencontres de formats et de niveaux différents, dont les plus importantes sont les conférences internationales annuelles « The Atlantic Dialogues » et « African Peace and Security Annual Conference » (APSACO). Il comprend plus de 300 membres.

 








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