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Interview avec Somaya Bennani : «Notre mission Asclepios est de simuler une base au Pôle Sud de la Lune»


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 28 Décembre 2021

A seulement 21 ans, la Marocaine Somaya Bennani, étudiante à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse, s’envolera en juillet 2022 en tant qu’astronaute analogique à la mission Asclepios II.



- Face à des centaines de participants du monde entier, vous avez été sélectionnée pour participer en tant qu’astronaute analogique à la mission Asclepios II en juillet 2022. Comment avez-vous pu retenir l’attention des organisateurs de cet événement ?

- La sélection pour la mission analogue Asclepios 2 comprend quatre grandes phases. Nous étions plus de 300 étudiants de plusieurs universités du monde entier. Seulement dix-huit finalistes ont été choisis pour la toute dernière étape qui a eu lieu en présentiel au campus de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL).

Plusieurs épreuves ont eu lieu : interview avec l’astronaute suisse Prof Claude Nicollier, tests médicaux, exercices de groupes, épreuves sportives inspirées de l’armée suisse… Personnellement, je n’avais aucune idée à quoi m’attendre durant la sélection, donc à chaque épreuve j’essayais de donner le meilleur de moi-même ainsi que de m’adapter aux situations.

Dans ce genre de sélection, les recruteurs sont à la recherche des participants les plus passionnés et motivés. Il fallait donc montrer ces atouts durant l’interview. Il est très important aussi de savoir travailler en groupe, avoir le sens du “leadership” et savoir bien communiquer avec son équipe et être très stratégique en matière de résolution des problèmes. Toutes ces compétences permettent de se démarquer et d’attirer l’attention des recruteurs.


- Quelles expériences scientifiques seront réalisées lors de la mission analogue à Asclepios II ?

- L’objectif de notre mission analogue à Asclepios II est de simuler une base lunaire au Pôle Sud de la Lune. Pour atteindre ce but, six astronautes analogues vont mener différentes expériences scientifiques basées sur l’extraction d’eau de la Lune en mettant l’accent sur l’exploration et la durabilité. Les expériences seront conçues par des universités du monde entier dans l’espoir qu’elles puissent, un jour, être utilisées sur la Lune. Il sera donc demandé à notre équipage “Atlas” de tester l’efficacité de ces expériences et de permettre aux laboratoires de perfectionner leurs conceptions.

-  Comment vous préparez-vous à vivre cette aventure unique ?

- Après la sélection des neuf astronautes analogues, notre équipe a été nommée “Atlas”, inspirée de la mythologie grecque. Une analogie qui montre l’importance des jeunes dans l’exploration spatiale. Nous avons donc commencé nos entraînements en septembre dernier. Jusqu’à présent, on a pu achever plusieurs entraînements dans différents aspects importants de la mission.

On a commencé par un entraînement de la langue russe. Ensuite un entraînement avec le Prof Marc Toussaint sur l’Histoire de l’Agence spatiale européenne (ESA). Il y avait un autre entraînement sur la prise de parole en public avec la coache Céline Renaud, ainsi que des entraînements psychologiques et médicaux en préparation à la mission de Juillet 2022.

D’autres entraînements auront lieu tout au long de l’année, essentiellement en février prochain, où aura lieu un entraînement de survie dans un environnement extrême avec deux explorateurs et aventuriers. Il s’agit du Suisse Mike Horn et du Français Alban Michon dans les Alpes suisses. Tous ces entraînements nous préparent aussi bien psychiquement que physiquement à notre mission analogue en été 2022.


- Par ailleurs, quelles sont les nouvelles avancées technologiques liées à la conquête de l’espace ?

- Il y a quelques jours, le télescope le plus puissant, jamais conçu par l’humanité, s’est envolé pour un voyage de plus de 1 million de kilomètres loin de la terre. Le télescope James Webb a été envoyé par la NASA en collaboration avec des agences spatiales européenne (ESA) et canadienne (ASC), à bord de la fusée Ariane 5 après une attente qui a duré plus de 30 ans.

Ce télescope aura pour but principal d’expliquer la création de l’univers en prenant des images avec une précision extrêmement élevée grâce à son miroir de 6,5 mètres d’envergure. Je trouve fascinant de voir qu’une telle oeuvre d’art technologique nous permet de répondre aux questions existentielles que l’être humain s’était posé depuis la nuit des temps. La conquête spatiale étant un domaine passionnant mais aussi très important pour l’avancée technologique et scientifique de toute l’humanité sur Terre.

Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait


L’espace, son destin
 
L’espace, c’est son rêve d’enfant, sa passion d’adolescente. Somaya Bennani a jeté son dévolu sur l’espace lorsqu’elle était enfant. “Ma passion pour l’exploration spatiale a débuté quand j’étais encore enfant. J’ai toujours été émerveillée par les étoiles et les astres qui nous entourent”.

A l’âge de 16 ans, elle avait participé à la compétition annuelle “Race2space” organisée par l’ambassade des Etats-Unis au Maroc en collaboration avec l’Association Scientifique Marocaine. Une compétition qui invite les étudiants candidats à expliquer un phénomène scientifique, que ce soit en physique, maths, biologie, astronomie, chimie, ou informatique….

“J’ai été parmi les six gagnants de cette compétition. Le Prix était sous forme d’une bourse pour suivre un entraînement d’astronaute qui a duré une semaine à l’“US space and Rocket center” à Huntsville, une petite ville située dans l’État de l’Alabama aux Etats-Unis.

Cette expérience au sein du “Space Camp” m’avait permis d’apprendre énormément de choses, de découvrir l’incroyable et passionnant monde de l’exploration spatiale, ainsi que de rencontrer des gens du monde entier qui partageaient la même passion pour la science et la technologie”, nous raconte, passionnément, Somaya Bennani. Aujourd’hui, à 21 ans, Somaya Bennani est l’une des jeunes étudiants marocains, africains, qui montent en puissance.


S. K.