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Interview avec Sarah Boukri : Impliquer les différents départements gouvernementaux concernés par la gestion des migrations


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 10 Mars 2022

En marge de l’atelier sur les « Statistiques migratoires et reconnaissance des compétences des migrants au Maroc : Perspectives et Prospectives », mercredi 9 mars à Rabat, Mme Sarah Boukri, Programme manager, Bureau sous régional pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, donne un avant-goût de ces rapports ainsi que leurs enjeux.



- Quelles sont les enjeux aujourd’hui des statistiques migratoires ?

- De manière générale les chiffres sont très importants, dans le cas de la question sensible et primordiale qu’est la migration. Ils le sont encore plus pour trois raisons : quand il s’agit de la migration africaine, cela permet de relativiser les informations véhiculées par certains médias qui ont tendance à présenter les migrants africains comme des « envahisseurs ». Ce qui s’avère totalement faux quand on sait que près de 80% de la migration africaine se passe en Afrique.

Cela m’amène à la deuxième raison. En effet, pour contrer ces idées reçues, l’Afrique doit se munir de systèmes lui permettant de produire ses propres chiffres sur les flux migratoires. Le programme mené par la CEA est justement venu apporter une réponse en renforçant les capacités de 6 pays africains (le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Mali, l’Afrique du Sud, le Sénégal et le Zimbabwe) à mettre en place des systèmes de collecte des statistiques migratoires permettant de produire des chiffres fiables, désagrégés et de qualité.

Au Maroc, par exemple, un partenariat stratégique a été mis en place avec l’observatoire National de la Migration du ministère de l’Intérieur et un groupe de travail composé de plusieurs autres ministères. Il est composé notamment du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, du ministère de la Santé et de la Protection sociale, du HCP, du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation et du ministère de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences.

Pour ce qui de la troisième raison, elle concerne les chiffres. Ceux-ci s’avèrent indispensables pour mettre en place des politiques migratoires basées sur des données factuelles.


- Dans cette optique, la CEA Afrique du Nord a organisé, mercredi 9 mars à Rabat, un atelier sur « les Statistiques migratoires et reconnaissance des compétences des migrants au Maroc : Perspectives et Prospectives ». Que faut-il retenir de cette rencontre ?

-  Il s’agissait de présenter les principales conclusions du travail mené par la CEA et le groupe de travail pays. En effet, l’atelier s’inscrit dans le cadre de l’approche participative adoptée par la CEA depuis le début de la mise en oeuvre du programme au Maroc.

Au cours de cet atelier, les expertes de la CEA ont présenté au groupe de travail les conclusions et recommandations issues des deux rapports. Ces derniers étant le fruit d’une collaboration effective entre la CEA et le groupe de travail qui a permis de réaliser un laborieux travail d’analyse.


- Partant, dans quelles proportions se situent les compétences des migrants dans l’économie marocaine ?

- Vous savez le Maroc est récemment devenu un pays d’accueil. Longtemps, quand on parlait des compétences des migrants au Maroc on pensait automatiquement à la migration sortante, à la fuite des cerveaux, etc. Depuis quelques années, le Maroc, ayant pris conscience de son nouveau statut de pays d’accueil, a mis en place une Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile afin de mieux gérer la question migratoire et permettre aux immigrés de jouer leur rôle dans le développement du pays.

Plusieurs actions ont été mises en place pour faciliter l’intégration professionnelle des immigrés même s’ils restent encore des efforts à faire notamment au niveau des définitions des concepts liés à la reconnaissance des compétences, aux procédures en place mais aussi pour adapter l’offre de formation offerte aux immigrés aux besoins du Maroc.


- Qu’en est-il pour les autres pays africains ?

- Les préoccupations sont presque similaires sur bien des aspects liés à la migration dans tous les pays africains. A l’heure où les pays africains travaillent ensemble pour mettre en oeuvre une intégration régionale dans le cadre de la Zone de Libre-Échange Continentale (ZLECAF), le rôle de la migration dans le développement devient prioritaire.

N’oublions pas que l’Afrique est le continent où on enregistre les plus hauts indices de développement dans le monde et sa démographie représente une réelle richesse et comme je l’ai précisé plus haut 80% de la migration africaine se déroule à l’intérieur du continent, ce qui fait de la question de la migration une question d’abord africaine.

Cette jeunesse qui se déplace à travers le continent africain peut constituer une grande richesse. Les données fiables, la formation et l’emploi sont l’une des clés pour que l’Afrique préserve et fasse fructifier cette richesse. La CEA à travers son programme aborde également la question de l’emploi des immigrés en appuyant les pays membres à mettre en place et/ou à améliorer les mécanismes de reconnaissance des compétences et des qualifications des immigrés.



Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE


Bon à savoir

Selon la CEA Afrique du Nord, et dans l’esprit de « ne laisser personne pour compte », la migration est une question transversale pour le développement durable et donc directement liée aux Objectifs de Développement Durable (ODD). Ce projet de la CEA concerne en particulier l’ODD 8 (travail décent et croissance économique), l’ODD 1 (pas de pauvreté), ODD 10 (inégalités réduites) et ODD 4 (éducation de qualité pour tous).

L’approche interrégionale de ce projet est basée sur le principe que la coopération Sud-Sud peut favoriser l’échange d’expériences sur des domaines communs et faciliter la diffusion de bonnes pratiques appropriées. Le programme de la CEA au Maroc vise à soutenir les efforts du gouvernement tout en appuyant la volonté du pays d’être une source de connaissances et de bonnes pratiques sur la migration en Afrique. Le projet a réalisé des progrès importants depuis sa création en juillet 2020.

Au cours de cette période, la CEA a pu établir un partenariat stratégique avec le ministère de l’Intérieur (Maroc) et mettre en place un groupe de travail composé de plusieurs départements gouvernementaux.
 








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