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Interview avec Rajaâ Cherkaoui El Moursli : “Plus de 80% de la recherche s’effectue dans les Universités publiques”


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 7 Juin 2021

La scientifique Rajaâ Cherkaoui El Moursli livre ses constats et ses propositions pour l’évolution de la place des femmes dans la science.



-Vous et votre collègue Farida Fassi figurez parmi les 50 meilleures scientifiques de physique du monde en 2021, selon le classement américain « AD Scientific Index ». Des Prix, vous en avez reçu beaucoup plus au niveau international qu’au Maroc. Pourquoi êtes-vous moins récompensée au Maroc ?

- C’est pour la simple raison que nous n’avons pas au Royaume des Prix mis en place à ces fins, malheureusement. Beaucoup d’organismes y pensent au Maroc, mais ça n’a jamais été fait. Au niveau national, la science n’est pas mise en valeur.

- Sur quels facteurs clés ce classement est-il basé ?

- Ce classement est basé sur deux facteurs clés, l’indice H et le nombre de citations générales. L’indice H est une mesure au niveau de l’auteur mesurant la productivité et l’impact des citations de leurs publications, basée sur un ensemble d’articles les plus cités par les scientifiques. L’index i10 mesure le nombre de publications avec au moins 10 citations via Google Scholar. Quand un scientifique mène une recherche sur une publication, il est en train de faire un travail de recherche et fait référence à la publication. C’est ce qu’on considère une citation. En fonction des citations qui font référence à la publication, on a un rang qu’on appelle l’indice H, qui augmente en fonction de l’audience, du nombre des publications et du nombre de citations.

- Aujourd’hui, les Marocaines sont très en avance dans le domaine des sciences physiques par rapport à des pays développés. Pourquoi sommes-nous à la traîne, notamment sur le plan pratique de la discipline ?

- Dès 1994, j’ai compris qu’il faut encourager les collaborations internationales. Quand on rentre dans une collaboration internationale, un important transfert technologique se fait. De plus, les doctorants qui travaillent à l’international apprennent une certaine sagesse. Si on revient à la recherche appliquée au Maroc, on a les moyens humains suffisants. Plus de 80% de la recherche s’effectue dans les Universités publiques. Quant aux universités privées, qui sont récentes et importantes, elles font appel aux compétences des professeurs universitaires relevant du secteur public. Je considère que le grand frein au développement de la recherche scientifique au Royaume réside dans la gestion des universités publiques. Elles sont jusqu’à présent considérées comme un établissement public et non pas comme un établissement à caractère culturel, scientifique ou professionnel, dont le statut permet d’avoir une gestion financière plus souple. Si cette gestion administrative et financière est changée, je suis certaine que le Maroc fera un bond extraordinaire. Il faut le faire vite tant que nous avons des ressources humaines très compétentes.

- Quelle limite représente la langue arabe pour les étudiants ?

- Nous avons beaucoup de mathématiciennes au Royaume. Il y a une quarantaine d’années, les mathématiques rayonnaient au Maroc. Quand on a commencé à enseigner les matières scientifiques en arabe, les étudiants passaient plus de temps à traduire les termes scientifiques de l’arabe au français, au lieu de réfléchir. Ils sont donc freinés à tous les niveaux. Maintenant, nous constatons que les étudiants qui ont étudié les matières scientifiques en arabe passaient plus facilement à l’anglais qu’au français au doctorat.
 
Propos recueillis par Safaa KSAANI 

CSMD

La recherche scientifique, maillon faible de nos universités

En dépit des efforts fournis par les professeurs chercheurs universitaires, le développement de l’enseignement supérieur au Maroc laisse encore à désirer, a constaté la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement dans son rapport sur le Nouveau Modèle de Développement.

Pour opérer «une réelle modernisation des établissements d’enseignement supérieur publics et privés et œuvrer en faveur du relèvement de leur performance», la Commission de Chakib Benmoussa dévoile quatre piliers nécessaires à ce changement.

Il s’agit premièrement d’assurer «l’autonomisation des établissements d’enseignement supérieur», permettant aux universités d’avoir une souveraineté complète sur leur business plan, ce qui pourrait booster les partenariats public privé, qui font le succès de l’enseignement supérieur sous d’autres cieux.

Deuxièmement, la Commission appelle à «mettre l’étudiant au centre des réformes et des mesures de performance de l’enseignement supérieur et professionnel», soulignant par la même occasion l’impérativité de renforcer la valorisation de la formation professionnelle.

Le rapport du NMD n’a pas manqué de souligner que la nouvelle génération de doctorants doit porter en son sein les meilleurs étudiants de la nation qui, en plus de leur discipline scientifique, doivent être formés aux métiers et outils de la pédagogie et de l’enseignement ainsi qu’aux langues étrangères, en parti- culier l’anglais.








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