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Interview avec Rachid El Ouali : « Coup de tampon » explique cet attachement des Marocains à la mère patrie


Rédigé par Rime Taybouta Dimanche 23 Avril 2023

Après deux longs métrages, la star marocaine du cinéma et de la télévision, Rachid El Ouali, a présenté son troisième long-métrage « Coup de tampon ». L’artiste nous parle de cette nouvelle expérience particulière qui décortique l’attachement des Marocains à la mère patrie.



- Vous venez de produire votre dernier long métrage « Coup de tampon ». Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce projet ?

- Cette idée pour le film m’est aussi venue d’une interrogation : pourquoi les Marocains qui vivent 30 ou 40 ans en France veulent rentrer mourir sur leurs terres natales ? Puis, bien évidemment, je pars également de mon propre vécu. J’ai eu une enfance très compliquée suite à la succession des maladies et donc, au fil du temps, j’ai commencé à considérer la mort comme un passage et le commencement d’autre chose. C’est ainsi que tous mes produits traitent cette question d’une manière particulière. Par ailleurs, j’ai voulu, par ce travail, rendre hommage aux travailleurs marocains mobilisés dans les mines du Nord de la France entre 1950 et 1970. Ces Marocains qui ont gardé toujours un attachement fort à leur pays natal et surtout qu’ils aspirent à être enterrés au Maroc pour rester proches de leurs familles même après la mort.

- Votre long métrage met en image plusieurs sujets, notamment l’immigration forcée, le lien entre la vie et la mort, la culture et la religion. Comment avez-vous construit cette harmonie ?

- De cette histoire découle une série de réflexions autour du questionnement personnel sur la vie et la mort, le rapport à l’autre, le devoir de mémoire, le pardon et la reconnaissance. Ce sont des thématiques qui m’attirent du fait qu’elles nous réunissent davantage. Le film évoque le parcours d’un chibani (vieil homme), exilé du Sud du Maroc pour aller travailler dans les mines du Nord de la France, et son amitié avec un Français juif. Un film sensible aux tons de comédie populaire, il aborde les thèmes de l’immigration, des liens familiaux et amicaux, ainsi que l’attachement à la mère patrie et le rapprochement des cultures. L’histoire de Larbi qui apprend qu'il lui reste trois mois à vivre, après avoir vécu 40 ans en France. Il faut noter, dans ce sens, que le coup de tampon c’est celui que l’on apposait sur le corps de ces jeunes Marocains dans les années 60, afin de valider ou pas, un droit de venir travailler en France, notamment ici dans les houillères du Nord de la France.

- En plus de la complexité des sujets abordés, le film combine entre comédie et tragédie. Quel est le but derrière cette combinaison ?

- C’est vrai que c’est un film qui porte sur les malheurs de la vie courante mais sur un tempo susceptible d'inspirer plus le rire que la tristesse. Nous racontons le mal de l’histoire mais nous n’oublions pas les moments joyeux qui nous font rire quotidiennement, avec nos proches, nos amis, nos enfants, c’est le but de la vie. Nous sommes un peuple qui est plein d’espoir et qui croit en sa vie. Ce mélange est une jolie manière d’attirer le spectateur pour regarder les thématiques dites « tragiques » avec douceur.

- Votre long métrage est tourné dans une ville à l'extrême-Est du Maroc (Figuig), dans une région marginalisée. Pourquoi ce choix ?

- Souvent, je produis des « road movies », notamment les films « Yemma » et « Nouhe ne sait pas nager ». Cette fois-ci, j’ai choisi « Figuig » pour montrer cette région magnifique et aussi pour exploiter l’image cinématographique qui nous fait rappel à notre Maroc profond. Sans oublier que c’est le premier long métrage tourné à Figuig.

- Les dialogues du long métrage « Coup de tampon » combinent entre arabe dialectal et français. Ne pensez-vous pas que cela pourrait constituer un rempart auprès d’une bonne partie de votre public marocain ?

- Mon premier long métrage « Yemma » a été combiné entre le français et l’arabe dialectal. Nous avons constaté que la langue ne posait aucun problème chez le public marocain, du fait que la plupart du public maîtrise cette langue qui est utilisée dans les affaires, les sciences et la médecine… Puis pour comprendre l’histoire on n’a pas besoin de comprendre chaque mot parce que les émotions transmises par l’histoire et les personnages dépassent les répliques du film.  Le plus important c’est de plaire aux spectateurs et de les sensibiliser à la morale de l'histoire. Toutefois, nous allons mettre en place aussi des sous-titres pour respecter l’œuvre originale et le travail des acteurs.

- La scène des frontières entre le Maroc et l’Algérie, présentée par Marc Samuel, a rencontré quelques contre-temps avec les autorités douanières. Comment avez-vous géré cette situation ?

- Dans une séquence touchante filmée à Figuig qui se situe aux frontières maroco-algeriennes, Marc Samuel a vécu un moment nostalgique de son enfance en regardant les montagnes qui séparent les deux pays. C’était un moment émouvant, mais sans soucis.

- Votre collaboration avec Marc Samuel en quelques mots…

- On a construit une amitié forte basée sur un respect mutuel dès notre premier film « Adieu mères ». J’aime beaucoup sa manière de travailler, c’est un très bon acteur.
 
Propos recueillis par Rime Taybouta

Portrait

Parcours du combattant

Issu d’une famille nombreuse et modeste, Rachid El Ouali, un comédien vedette du cinéma et de la télévision marocaine, a eu un parcours qui pourrait se résumer en trois mots : labeur, difficulté et chance. Après 20 ans de carrière d’acteur, la star marocaine a commencé à réaliser des courts métrages puis des longs métrages, notamment « Yemma » en 2015, « Nouhe ne sait pas nager » et puis le dernier film « Coup de tampon » au sein de sa propre société de production Clap.

L’acteur marocain a commencé sa carrière en 1986, dans un petit rôle dans le film "Un amour à Casablanca" avec Mouna Fettou. En 1995, il a décroché le Prix du meilleur second rôle au Festival de Tanger pour son rôle dans "Voleur de rêves", pour après enchaîner une longue série de produis : des films, des courts métrages, des séries, des téléfilms, ainsi que des animations télé.

Rachid El Ouali a prouvé lors de tous ses déplacements à l’étranger, notamment dans les Festivals Internationaux, que le cinéma marocain pouvait toucher un grand public étranger. L’acteur est toujours présent dans toutes les manifestations humanitaires, et spécialement pour la cause des handicapés.

Grace à ses actions, le magazine « L’Express international » a inclus Rachid El Ouali en couverture parmi les 100 personnalités, tous métiers confondus, qui font bouger le Maroc.








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