
-Comment décririez-vous l’intensité et la durée de la récente vague de chaleur au Royaume, par rapport aux épisodes précédents ?
-Cette vague de chaleur que nous avons traversée, et dont l’intensité diminue actuellement, était exceptionnelle. Cependant, sa durée est restée dans la norme pour une vague de chaleur, qui se définit par au moins trois jours consécutifs de températures élevées. Son caractère exceptionnel tient à plusieurs raisons. Tout d’abord, depuis un certain temps déjà, nous vivons dans un climat réchauffé, que j’ai nommé dès 2010 le «nouveau climat». Ce réchauffement est la conséquence directe de l’augmentation du bilan énergétique de la Terre. Pour simplifier, cela signifie que la quantité d’énergie solaire qui pénètre notre atmosphère est désormais supérieure à celle qui en ressort. Normalement, ce bilan devrait être équilibré, mais ce déséquilibre entraîne une augmentation immédiate des températures.
- Quelle solution envisagez- vous face à cette situation ?
- C’est un problème majeur pour lequel l’humanité n’a pas réussi à trouver de solution, et je ne pense pas qu’elle en trouvera une. Depuis la Révolution industrielle, l’homme a massivement utilisé l’énergie, notamment les combustibles fossiles, ce qui a généré une pollution considérable. Mais le problème ne se limite pas au seul CO2, dont tout le monde parle. L’utilisation de cette énergie par les machines a profondément modifié la nature de la surface terrestre, bouleversant ainsi ses fonctions essentielles dans l’équilibre énergétique de la planète. La surface terrestre joue un rôle crucial dans ce bilan en termes de réflexion et d’absorption de l’énergie. Ce qui a été fait depuis plus de 150 ans ne peut pas être simplement «déprogrammé». La machine est lancée. Le problème le plus grave n’est pas seulement que la température a augmenté. Si elle augmentait et se stabilisait, nous pourrions trouver des solutions. Le vrai dé est qu’elle ne se stabilise pas, elle continue d’augmenter. Sincèrement, je ne sais pas comment nous allons gérer cela à l’avenir ; je dirais même que c’est très dangereux. Compte tenu de la situation géographique du Maroc, principalement au Nord du Sahara, à l’Ouest de la Méditerranée et à l’Est de l’Atlantique, le Sahara reçoit une quantité colossale d’énergie, surtout en été. Cet espace minéral n’a pas la capacité d’absorber cette énergie, ce qui entraîne une accumulation de chaleur en surface et une augmentation drastique des températures. Cette chaleur est ensuite absorbée par des «centres d’action», notamment la Méditerranée. La mer, excessivement réchauffée de manière anormale, crée une dépression au-dessus de son espace maritime, aspirant les flux aériens environnants. C’est cette élévation de température qui atteint l’Europe occidentale, où la canicule s’installe également.
-Quels sont les principaux facteurs météorologiques et climatiques qui expliquent cette vague de chaleur particulièrement sévère au Maroc ?
-La géographie marocaine confère une spécificité unique à cette situation. La chaleur provenant du Sahara est contrainte de franchir la chaîne de l’Atlas, d’Est en Ouest. Une fois qu’elle la dépasse, elle redescend vers le sol. Conformément aux lois physiques de l’atmosphère (la température diminue en s’élevant et augmente en redescendant), cette descente entraîne une nouvelle augmentation de la température de l’air. Un autre facteur important est que le Maroc, particulièrement la région cis-atlantique, est un milieu humide. L’humidité abondante, provenant principalement de l’Atlantique mais aussi de la Méditerranée, transforme la chaleur «sensible» (sans humidité) en chaleur «latente» (avec humidité). Cette humidité amplifie la sensation de chaleur et maintient des températures élevées, même la nuit, rendant le sommeil difficile. De plus, bien que nous soyons sur la côte, nous ne bénéficions pas de la brise marine habituelle car les flux aériens viennent de l’Est vers l’Ouest, se dirigeant vers l’océan, et non l’inverse. Cela crée une situation particulièrement complexe.
-Trois villes marocaines (Taroudant, Kénitra et Benguérir) figurent parmi les plus chaudes du monde. Pourquoi ces villes en particulier ?
-Les températures extrêmes enregistrées dans ces trois villes marocaines par l’instance internationale américaine s’expliquent par leur topographie locale spécifique. Le flux d’air venant de l’Est (le Chergui) a tendance à annuler l’effet humidiant de l’océan dans ces zones. Si Larache, Kénitra, Benguérir et Taroudant se distinguent par des températures si élevées, c’est d’une part pour des raisons de flux aériens (le Chergui provenant de l’Est), et d’autre part pour des raisons topographiques propres à chaque ville. Que ce soit une situation de cuvette ou de corniche, la géographie locale y est pour beaucoup. Il n’est donc pas étonnant que ces villes aient enregistré de telles données, et cela pourrait se reproduire dans d’autres régions du Maroc si les flux atmosphériques changeaient de direction. L’essentiel est d’apprendre à vivre avec ces températures. Elles sont «anormales» par rapport à l’ancien climat, qui n’existe plus. Dans ce nouveau climat réchauffé, ces températures doivent être considérées comme des caractéristiques normales. Nous devons donc faire des efforts. Les individus, les communautés, les États et les services, qu’ils soient centraux ou régionaux, doivent prendre des précautions et élaborer des plans sérieux. Premièrement, il est impératif qu’il y ait un plan national canicule. Je pense qu’il n’existe pas encore et qu’il faudrait le concevoir et le mettre en œuvre. Deuxièmement, chaque région devrait avoir son propre plan, car la situation varie considérablement d’une région à l’autre (Sud, Nord, zones montagneuses, etc.). Des plans régionaux de canicule sont essentiels pour protéger les individus et leurs biens.
-Quelles sont vos prédictions pour l’avenir ?
-Avec l’augmentation incessante du bilan énergétique planétaire, la température va inévitablement continuer d’augmenter jusqu’à ce que ce bilan se stabilise. Ce n’est qu’alors que nous pourrons nous faire une opinion éclairée. En attendant, la température continuera de grimper, ce qui entraînera des conditions similaires, voire pires. Aujourd’hui, nous faisons face à des températures élevées venant de l’Est. Demain, cela pourrait être des averses diluviennes accompagnant les vagues de chaleur. C’est extrêmement dangereux : une chaleur intense combinée à une forte humidité atmosphérique peut provoquer des déluges. Là encore, nous devons avoir un plan. Nous n’avons pas de plan d’action face aux averses liées à ce réchauffement climatique. L’exemple de septembre 2024, avec la situation à Tata et Ouarzazate, montre bien que tout le monde était dépassé. Nous n’avions aucun plan, aucun moyen, et les dégâts ont été malheureusement très importants. Ces types de situations vont se reproduire et continueront tant que la température ne se stabilise pas. Si nous n’avons pas de plans adéquats, nous aurons d’énormes difficultés à gérer ces événements et bien d’autres encore. Il faudrait des sessions entières pour discuter de chaque événement et de chaque secteur.
-Cette vague de chaleur que nous avons traversée, et dont l’intensité diminue actuellement, était exceptionnelle. Cependant, sa durée est restée dans la norme pour une vague de chaleur, qui se définit par au moins trois jours consécutifs de températures élevées. Son caractère exceptionnel tient à plusieurs raisons. Tout d’abord, depuis un certain temps déjà, nous vivons dans un climat réchauffé, que j’ai nommé dès 2010 le «nouveau climat». Ce réchauffement est la conséquence directe de l’augmentation du bilan énergétique de la Terre. Pour simplifier, cela signifie que la quantité d’énergie solaire qui pénètre notre atmosphère est désormais supérieure à celle qui en ressort. Normalement, ce bilan devrait être équilibré, mais ce déséquilibre entraîne une augmentation immédiate des températures.
- Quelle solution envisagez- vous face à cette situation ?
- C’est un problème majeur pour lequel l’humanité n’a pas réussi à trouver de solution, et je ne pense pas qu’elle en trouvera une. Depuis la Révolution industrielle, l’homme a massivement utilisé l’énergie, notamment les combustibles fossiles, ce qui a généré une pollution considérable. Mais le problème ne se limite pas au seul CO2, dont tout le monde parle. L’utilisation de cette énergie par les machines a profondément modifié la nature de la surface terrestre, bouleversant ainsi ses fonctions essentielles dans l’équilibre énergétique de la planète. La surface terrestre joue un rôle crucial dans ce bilan en termes de réflexion et d’absorption de l’énergie. Ce qui a été fait depuis plus de 150 ans ne peut pas être simplement «déprogrammé». La machine est lancée. Le problème le plus grave n’est pas seulement que la température a augmenté. Si elle augmentait et se stabilisait, nous pourrions trouver des solutions. Le vrai dé est qu’elle ne se stabilise pas, elle continue d’augmenter. Sincèrement, je ne sais pas comment nous allons gérer cela à l’avenir ; je dirais même que c’est très dangereux. Compte tenu de la situation géographique du Maroc, principalement au Nord du Sahara, à l’Ouest de la Méditerranée et à l’Est de l’Atlantique, le Sahara reçoit une quantité colossale d’énergie, surtout en été. Cet espace minéral n’a pas la capacité d’absorber cette énergie, ce qui entraîne une accumulation de chaleur en surface et une augmentation drastique des températures. Cette chaleur est ensuite absorbée par des «centres d’action», notamment la Méditerranée. La mer, excessivement réchauffée de manière anormale, crée une dépression au-dessus de son espace maritime, aspirant les flux aériens environnants. C’est cette élévation de température qui atteint l’Europe occidentale, où la canicule s’installe également.
-Quels sont les principaux facteurs météorologiques et climatiques qui expliquent cette vague de chaleur particulièrement sévère au Maroc ?
-La géographie marocaine confère une spécificité unique à cette situation. La chaleur provenant du Sahara est contrainte de franchir la chaîne de l’Atlas, d’Est en Ouest. Une fois qu’elle la dépasse, elle redescend vers le sol. Conformément aux lois physiques de l’atmosphère (la température diminue en s’élevant et augmente en redescendant), cette descente entraîne une nouvelle augmentation de la température de l’air. Un autre facteur important est que le Maroc, particulièrement la région cis-atlantique, est un milieu humide. L’humidité abondante, provenant principalement de l’Atlantique mais aussi de la Méditerranée, transforme la chaleur «sensible» (sans humidité) en chaleur «latente» (avec humidité). Cette humidité amplifie la sensation de chaleur et maintient des températures élevées, même la nuit, rendant le sommeil difficile. De plus, bien que nous soyons sur la côte, nous ne bénéficions pas de la brise marine habituelle car les flux aériens viennent de l’Est vers l’Ouest, se dirigeant vers l’océan, et non l’inverse. Cela crée une situation particulièrement complexe.
-Trois villes marocaines (Taroudant, Kénitra et Benguérir) figurent parmi les plus chaudes du monde. Pourquoi ces villes en particulier ?
-Les températures extrêmes enregistrées dans ces trois villes marocaines par l’instance internationale américaine s’expliquent par leur topographie locale spécifique. Le flux d’air venant de l’Est (le Chergui) a tendance à annuler l’effet humidiant de l’océan dans ces zones. Si Larache, Kénitra, Benguérir et Taroudant se distinguent par des températures si élevées, c’est d’une part pour des raisons de flux aériens (le Chergui provenant de l’Est), et d’autre part pour des raisons topographiques propres à chaque ville. Que ce soit une situation de cuvette ou de corniche, la géographie locale y est pour beaucoup. Il n’est donc pas étonnant que ces villes aient enregistré de telles données, et cela pourrait se reproduire dans d’autres régions du Maroc si les flux atmosphériques changeaient de direction. L’essentiel est d’apprendre à vivre avec ces températures. Elles sont «anormales» par rapport à l’ancien climat, qui n’existe plus. Dans ce nouveau climat réchauffé, ces températures doivent être considérées comme des caractéristiques normales. Nous devons donc faire des efforts. Les individus, les communautés, les États et les services, qu’ils soient centraux ou régionaux, doivent prendre des précautions et élaborer des plans sérieux. Premièrement, il est impératif qu’il y ait un plan national canicule. Je pense qu’il n’existe pas encore et qu’il faudrait le concevoir et le mettre en œuvre. Deuxièmement, chaque région devrait avoir son propre plan, car la situation varie considérablement d’une région à l’autre (Sud, Nord, zones montagneuses, etc.). Des plans régionaux de canicule sont essentiels pour protéger les individus et leurs biens.
-Quelles sont vos prédictions pour l’avenir ?
-Avec l’augmentation incessante du bilan énergétique planétaire, la température va inévitablement continuer d’augmenter jusqu’à ce que ce bilan se stabilise. Ce n’est qu’alors que nous pourrons nous faire une opinion éclairée. En attendant, la température continuera de grimper, ce qui entraînera des conditions similaires, voire pires. Aujourd’hui, nous faisons face à des températures élevées venant de l’Est. Demain, cela pourrait être des averses diluviennes accompagnant les vagues de chaleur. C’est extrêmement dangereux : une chaleur intense combinée à une forte humidité atmosphérique peut provoquer des déluges. Là encore, nous devons avoir un plan. Nous n’avons pas de plan d’action face aux averses liées à ce réchauffement climatique. L’exemple de septembre 2024, avec la situation à Tata et Ouarzazate, montre bien que tout le monde était dépassé. Nous n’avions aucun plan, aucun moyen, et les dégâts ont été malheureusement très importants. Ces types de situations vont se reproduire et continueront tant que la température ne se stabilise pas. Si nous n’avons pas de plans adéquats, nous aurons d’énormes difficultés à gérer ces événements et bien d’autres encore. Il faudrait des sessions entières pour discuter de chaque événement et de chaque secteur.