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Interview avec Othmane Lamrini : « Nous avons rassemblé plus de 18.200 donateurs provenant de plus de 100 pays »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 18 Septembre 2023

Aussitôt réveillés samedi, au lendemain du violent séisme de magnitude 7 qui a frappé le Maroc, les deux Marocains résidant en France Othmane Lamrini et Sarah Jaïdi ont lancé une cagnotte en ligne qui a « cassé tous les compteurs ».



- Sarah Jaïdi et vous avez lancé une cagnotte en ligne pour venir en aide aux victimes du séisme d’Al-Haouz. Pourquoi avoir lancé votre cagnotte sur une plateforme de crowdfunding ?
- De manière simple, on s’est réveillé samedi matin et on a vu le chiffre de plus de 600 morts, quelques heures après le séisme. On a tout de suite compris l’ampleur du drame et on a agi dans l’urgence. Je pense que ce qui compte le plus dans ce genre de situation est d’aller vite. Souvent, on est sous le choc et on a envie d’aider. Il ne faut pas attendre pour proposer aux gens de contribuer et d’aider.
On a lancé cette campagne sur « GoFundMe », une plateforme internationale de crowdfunding (financement collaboratif, ndlr) connue pour sa simplicité et sa crédibilité. Les gens ont ainsi la conscience tranquille d’avoir pu contribuer et de l’avoir fait dans l’urgence. C’est aussi un bon moyen de paiement par carte bancaire pour la diaspora à l’étranger, qui est une population conséquente estimée entre 5 et 6 millions de personnes. La plateforme s’adresse aux gens du monde entier. C’est un moyen facile pour eux d’accéder à cette campagne.

- A combien s’élève votre cagnotte ? Quel est le profil des donateurs ?
- Aujourd’hui, le montant de la collecte s’élève à 836.000 euros. C’est une somme assez importante. Plus de 18.200 donateurs qui représentent plus de 100 pays dans le monde. C’est dire la résonance mondiale de la campagne. On a commencé d’abord par mobiliser nos proches réseaux. Quelque part, la viralité a fonctionné. Des entreprises étrangères ont également donné, ce qui n’est pas négligeable pour faire monter les compteurs. On a des dons de 5 euros comme de 10.000 euros. Chaque euro compte. Nous sommes surpris par cet élan de solidarité.

- Cette expérience a-t-elle changé votre vision des choses sur la solidarité ?
- On sait très bien que le Maroc est un pays uni, encore plus dans de telles circonstances. On est tous impressionnés par notre capacité à nous fédérer dans ces situations. Là-dessus, je ne suis pas surpris. On l’a démontré par le passé et on le démontre aujourd’hui, à tous les niveaux : institutionnel, associatif, public, privé...
De notre expérience, Sarah Jaïdi et moi, sur cette campagne, je relève deux principaux points. Le premier est le lien fort que les Marocains du monde ont avec le Maroc. Le deuxième est la solidarité internationale. Je ne parle pas de la solidarité entre Etats mais des gens. Le nombre de contributeurs étrangers, de partout dans le monde, montre que le Maroc a une place très spéciale dans le cœur des gens.

- Que proposez-vous ?
- On va dispatcher la somme collectée aux associations pour les faire bénéficier de la campagne. Au début, on a commencé par SOS Villages d'Enfants Maroc, qui est une association crédible avec un engagement historique très fort et qui a des opérations dans les villages touchés par le séisme. Ils connaissent les autorités et les communautés et sont donc capables de se brancher pour comprendre vite les besoins des communautés et déployer vite l’argent. Etant donné l’engouement qu’il y a eu, on a décidé en accord avec SOS Villages d'Enfants Maroc de chercher d’autres associations capables de déployer l’argent. L’objectif est d’avoir plusieurs acteurs sur le terrain pour garantir une rapidité d’exécution et une qualité de déploiement sur les différents besoins. On a pris CARE International Maroc, une association d’utilité publique, qui a se activités habituelles dans la région d’Al-Haouz. On a également pris l’association INSAF (Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en Détresse) et JADARA qui est la dernière à nous rejoindre et qui est sur l’éducation. Ce n’est pas urgent aujourd’hui mais ça va le devenir bientôt. On a préféré la complémentarité dans le choix des associations. En chiffres, sur les 836.000 euros, 400.000 euros vont à SOS Villages d'Enfants Maroc, 200.000 à CARE International Maroc, 50.000 euros à INSAF, idem pour JADARA Foundation. Le reste, plus d’un million de dirhams, ira au Fonds spécial de gestion des effets du tremblement de terre ayant touché le Royaume du Maroc, ouvert auprès de Bank Al-Maghrib.

- Quel est votre modèle économique ?
- Par définition, il n’y a pas de modèle économique. On a envie de contribuer. L’idée n’est pas du tout d’avoir un modèle économique. On n’est pas sur le terrain mais on suit les actions de ces associations. Celles-ci sont d’utilité publique. Elles sont donc auditées. Tout sera communiqué au donateur dans un souci de transparence.

Encadré

Entrepreneurs dans l’âme

Après 10 ans de salariat dans l'univers de la banque d'investissement, Othmane Lamrini se lance dans l’entrepreneuriat et co-fonde avec son épouse Sarah Jaïdi la première plateforme de crowdfunding au Maroc, baptisée « Kiwi Collecte ».

« Entrepreneur dans l'âme passionnée par le crowdfunding et les projets à impact positif pour le développement du Maroc », ainsi se présente Sarah Jaïdi qui compte à son actif dix ans d’expérience dans le conseil en management et en transformation digitale dans le secteur énergétique.

« On est actifs dans l’écosystème des startups au Maroc, en particulier dans le sujet du crowdfunding, depuis deux ans », nous dit Othmane Lamrini. Cette plateforme a prouvé son efficacité à l’occasion de la campagne de collecte de dons lancée au profit des sinistrés du séisme d’Al-Haouz. Le jeune couple a été amené à lancer l’appel aux dons via cette plateforme internationale en France, faute d’agrément au Maroc. « Ce drame a été probablement un trigger de plus pour exprimer le besoin fort d’avoir une solution comme celle-ci au Maroc »,croit-il fort.

Ainsi, le couple qui habite à Paris depuis longtemps, mais qui a l’esprit au Maroc, commence à être identifié comme un relais ou un intermédiaire. « On dispatche les besoins avec les différentes associations pour qu’elles puissent mener les actions sur le terrain », explique notre interlocuteur.








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