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Interview avec Neta Elkayam : «Je m’intéresse à beaucoup de musiciens marocains contemporains»


Rédigé par Safaa KSAANI Jeudi 16 Septembre 2021

Connue par les Marocains pour avoir redonné vie à la chanson « Hak a Mama », Neta Elkayam, musicienne et chanteuse israélo-marocaine, sera à Casablanca, en octobre prochain. Elle nous raconte ses débuts et ses ambitions.



Interview avec Neta Elkayam : «Je m’intéresse à beaucoup de musiciens marocains contemporains»
- Vous êtes montée pour la première fois sur scène au Maroc en 2013, où vous avez interprété la chanson traditionnelle « Hak a Mama ». Quels souvenirs gardez-vous de cet événement ?

- J’ai des souvenirs incroyables de ma première participation au Festival d’Essaouira. Quand j’ai chanté Hak a mama, je m’attendais à ce que les gens quittent la salle, vu qu’un gourou de la musique m’a dit que c’était un mauvais choix... Il m’avait dit : « Si tu veux chanter Hak a mama, tu dois d’abord appeler une ambulance pour le public » (Rires). Mais j’y croyais fort et le public l’a vraiment aimé.


- Depuis votre interprétation, cette chanson est devenue un tube, repris des dizaines de fois et visionné sur le Net par des millions de personnes. Quel est votre secret ?

- J’aime choisir de vieilles chansons...surtout celles chantées par des femmes...Je ne trouve pas d’explication à cela mais c’est sûr qu’il y a de la magie qui te pousse à aimer une chanson plus que d’autres. C’est comme avoir un coup de foudre pour une personne. Je suppose que le secret est d’écouter son coeur et de suivre l’instinct.


- Vous interprétez et composez vos morceaux avec votre mari Amit Hai Cohen. A quel point cette combinaison participe-t-elle à votre réussite ?

- J’adore travailler avec Amit Hai. Nous nous inspirons beaucoup. A vrai dire, nous partageons la même vision et pouvons parfois lire dans les pensées de chacun... mais c’est aussi très difficile de travailler avec votre partenaire de vie. On risque d’oublier de tracer une ligne entre la vie personnelle et professionnelle.


- Dans certains de vos titres, vous explorez les passerelles entre mélodies pop et jazz, sample électro et rythmes d’Afrique du Nord. Quelles mélodies, marocaines et autres, vous plaisent le plus ?

- J’aime beaucoup de styles de musique...c’est pourquoi j’utilise toutes ces inspirations dans ma musique. Au niveau du répertoire marocain, j’aime écouter le vieux chaâbi classique : Haja el Hamdaouia, Doukkali, Zohra El Fassia, Mohamed El Idrissi, Albert Suissa, musique Gnawa, Amazigh et de la musique Ahidous, La Aïta, mais aussi de la trap marocaine et de la musique hip hop. Je suis beaucoup de musiciens contemporains marocains, dont Manal, Issam Kamal, Saâd Lamjared, Shayfeen et d’autres.


- Comptez-vous produire un duo avec des artistes marocains ? Si oui, lesquels ?

- J’ai déjà enregistré une chanson avec un nom de musicien Gnawa : Mokhtar Gania. Elle sort bientôt !


- A quel point la reprise des relations israélo-marocaines permettra-t-elle d’enrichir les liens entre les artistes des deux pays ?

- J’ai l’impression que nous partageons beaucoup de coutumes et idées. J’ai grandi avec la cuisine, la musique et la langue marocaines. Aujourd’hui, les jeunes ne parlent plus la darija mais j’espère que ça va changer.


- Les judéo-marocains, comme vous, sont très attachés à leurs origines marocaines. Comment avez-vous vécu cette distanciation, avant la reprise des relations israélo-marocaines ?

- Avant de me réapproprier ma langue et ma culture marocaines, j’avais l’impression que quelque chose me manquait. J’ai senti un énorme fossé entre la maison de ma grand-mère et la société israélienne. J’ai l’impression que je fais face à cet écart depuis mon enfance jusqu’à maintenant.


- Par ailleurs, pour répondre à la question récurrente de nos lecteurs, avez-vous reçu votre passeport marocain ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

- Pas encore. Mais dès que je serai de retour au Maroc, je le ferai. D’abord parce que c’est possible, et parce que cela représente pour moi un rapprochement avec mon grand-père. Il a conservé dans une boîte tous ses papiers toutes ces années. Il était fier de son Identité... il s’est toujours senti Marocain. Quand j’ai eu sa boîte après sa mort, j’ai su qu’il l’avait fait pour nous... c’était comme un message dans une boîte.


Recueillis par Safaa KSAANI

 

Portrait


Une passionnée du patrimoine marocain
 
Grâce à son talent et à son courage, Neta ElKayam a réussi à se forger une place sur la scène artistique en Israël et au Maroc, jusqu’à devenir la chanteuse favorite des Juifs orientaux, en particulier ceux originaires du Maroc.

Cette chanteuse est une amazighe de Tinghir, où ses grands-parents paternels sont nés. Sa mère a vu le jour à Casablanca. Ses parents ont immigré en Israël, où elle est née en 1980.

Quant à son mari, Amit Haï Cohen, il est un pianiste autodidacte dont la mère est née à Tizgui, village berbère proche de Ouarzazate, et son père à Djerba. Amit et Neta ont grandi dans la même ville à Netivot, qui est le plus grand rassemblement de Juifs d’origine marocaine. Ils parlent couramment la darija et l’arabe. Ils ont ensemble créé un groupe où ils se réapproprient et revisitent leur héritage musical judéo-marocain.

Dans la vie comme sur la scène, le couple explore cette identité duelle, voire plurielle, comme pour réparer les blessures de l’exil de leurs parents. Ses chansons en darija marocaine sont très populaires.

Elle continue de participer à des festivals, des soirées et des concerts, notamment avec l’orchestre philarmonique andalou à Jérusalem. Ce qui a sans doute contribué à accroître sa réputation…
S. K.

 








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