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Interview avec Naïma Sifer : « Les liens entre gastronomie et diplomatie ne sont pas nouveaux »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 3 Octobre 2022

La deuxième édition des Rencontres de la diplomatie culinaire France-Maroc a pour ambition de mettre en valeur les liens historiques entre les deux pays. Et pour cela, des diplomates ont leur propre recette…



Naïma Sifer, présidente de l’Association «Les Rencontres de la diplomatie culinaire»
Naïma Sifer, présidente de l’Association «Les Rencontres de la diplomatie culinaire»
- La deuxième édition des Rencontres de la diplomatie culinaire France-Maroc s’est tenue la semaine dernière au siège de l’UNESCO à Paris. Quel bilan en tirez-vous par rapport à la première édition? Et que peut-on en retenir ?

- Un bilan d’amélioration, avec la présence de chefs de haute renommée, de personnalités politiques de premier plan, de chefs d’entreprises et d’ambassadeurs. Ont tenu également à participer aux rencontres de la diplomatie culinaire, des exposants de produits de qualité respectueux de l’environnement et des chefs venus de l’île de la Réunion et de la Polynésie française.


- Pouvez-vous nous expliquer ce nouveau concept, celui de la diplomatie culinaire. La diplomatie culinaire n’est pas une cuisine politique ?

- L’idée de la diplomatie culinaire est que notre monde traverse une série de crises climatiques, mais aussi des menaces de guerre, notamment nucléaire. Il serait donc pertinent de se retrouver autour d’une table «diplomatique». De tout temps, la table a été un endroit de socialisation et d’échanges que ce soit en famille ou pour des moments plus protocolaires. C’est une évidence, les liens entre la table et la diplomatie ne sont pas nouveaux.

Il convient de rappeler la fameuse phrase de Talleyrand (un homme d’État et diplomate français, ndlr), fin diplomate : «Sire, j’ai plus besoin de casseroles que d’instructions écrites». L’acte de cuisine est aussi un acte où l’on discute de citoyenneté, où l’on peut se rassembler et partager de bonnes choses. En cuisine, on peut se charrier ou faire des battles. C’est mieux que de faire la guerre, surtout au 21ème siècle.


- A travers cet événement, l’ambition affichée est de mettre en valeur les liens historiques et de fraternité entre le Maroc et la France autour des valeurs du partage et de la paix. A quel point la diplomatie culinaire participe-t-elle au rapprochement entre les deux pays, dans une conjoncture marquée par des restrictions d’octroi de visas et des hauts et des bas politiques ?

- Je rappelle qu’il y a des liens forts entre la France et le Maroc. Malheureusement, il y a des tensions comme dans toute relation de famille. J’espère que les autres acteurs ayant les deux pieds en France aient un regard tourné vers le Maroc. Nous espérons être ce lien, ce pont, pour faciliter les choses et faire en sorte que nos deux pays puissent repartir sur de bonnes bases avec intelligence. D’ailleurs, beaucoup de familles ont été coupées à cause de la crise des visas. Il faudrait revoir cette question.


- Pensez-vous que là où la politique divise parfois, la table réunit les hommes et jette des ponts entre les pays ?

- Bien évidemment la table rassemble, nous avons une multitude d’exemples, cela apaise la faim, c’est presque charnel. La table est un moment d’échange et de discussions. Figurez-vous qu’en France on a ce petit moment de «fromage». Pour beaucoup de personnes, c’est un temps révolutionnaire car c’est là où on peut s’attabler et discuter de grandes idées. C’est un excellent outil de circulation d’idées. Donc, à table, on peut «s’engueuler», mais on peut aussi se «rassembler». On le fait d’ailleurs souvent car la cuisine est un acte d’amour dans les familles. Parfois, on ne se dit pas «je t’aime» mais viens «manger».



 

Portrait


Dans les « plats » de Naïma Sifer
 
Naïma Sifer, née à Dunkerque, dans le Nord de la France, d’origine marocaine, souhaite redonner « goût » à la diplomatie. L’engagement, professionnel comme associatif, de cette mère de trois enfants a toujours pris ses racines dans sa volonté de lutter contre les injustices sociales et les inégalités en agissant, sur le terrain, par le biais d’initiatives qui ont toujours comme objectif ultime la réussite et la possibilité pour chacun de trouver sa voie.

«Élue depuis 2014, je m’efforce de porter leurs voix parce que la France doit donner la chance à chacun de réaliser son rêve. “Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité», tient-elle à résumer ainsi son engagement par cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry.

La Maire adjointe d’Angerville est également présidente des Rencontres de la diplomatie culinaire franco-marocaines et Secrétaire générale de l’Association des élus de France. Les membres de son association travaillent en vue de favoriser le rapprochement entre les deux rives.

L’idée emblématique, c’est de «miser sur les formations des plus jeunes afin de redonner du «goût» à ces métiers qui sont, oh combien, importants!», martèle notre interlocutrice. Le principe repose sur «la fusion pour un partenariat win-win. Il y a toujours cette idée de fusion. D’ailleurs, la cuisine marocaine et la cuisine française sont reconnues à travers le monde entier», se félicite-t-elle.


S. K.








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