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Interview avec Myriam Bahri, directrice générale de Sourire de Reda: « Un registre national de prévention du suicide est indispensable »


Rédigé par Mina ELKHODARI Lundi 13 Février 2023

Le suicide continue de faire beaucoup de victimes, notamment parmi les jeunes. Une situation qui suscite l’inquiétude de l’Association « Sourire de Reda », laquelle préconise de renforcer l’arsenal de prévention avec la création d’un registre national en la matière. Interview avec Myriam Bahri, directrice générale de « Sourire de Reda ».



Vous avez lancé, début février, une campagne de sensibilisation sous le thème «Prévention du suicide, tous ensemble mobilisés ». Comment cette opération se déroule-t-elle ?

Pour la première fois, l’Association « Sourire de Reda » mobilise les acteurs institutionnels dans le cadre de sa campagne annuelle de prévention du suicide, organisée à l’occasion de la Journée nationale 2023 pour la prévention du suicide des jeunes. Cette opération a pour vocation d'appeler à un travail en réseau, structuré et harmonieux, qui permette au jeune en souffrance de trouver du soutien et du soin dans un parcours d'aide fluide et balisé. Il s'agit de la promotion d'un dispositif de prévention du suicide où chaque maillon a son rôle, ses responsabilités et ses limites. Ce dispositif met à contribution le ministère de la Santé, le ministère de l'Education nationale ainsi que les écoles et les universités, les ONG telles que Sourire de Reda, les helplines, les centres de soin et les hôpitaux, les sentinelles, l'observatoire national de prévention du suicide, les centres de postvention, etc.

Certains de ces maillons existent aujourd'hui au Maroc et gagneraient à être massifiés et renforcés de façon à couvrir tout le territoire national, tandis que d'autres devraient être créés dans le cadre de la stratégie nationale de prévention du suicide.  

Quel bilan tirez-vous des campagnes précédentes ?
 

Les campagnes précédentes avaient pour vocation de déstigmatiser le suicide et d'ouvrir le débat public. Elles ont permis, en plus d'une décennie, de prendre conscience collectivement de l'ampleur du phénomène du suicide des jeunes et de ses enjeux sociaux, économiques et sociétaux. Elles ont ouvert la voie à une approche synergique multisectorielle et intégrée de prévention du suicide que nous voyons éclore aujourd'hui avec l'avènement de la stratégie nationale de prévention du suicide. 

Au Maroc, arrive-t-on aujourd’hui à mesurer l’ampleur du suicide ?


Nous disposons de statistiques sur le suicide qui sont les résultats d'études terrain menées çà et là par divers organismes sur des périodes de temps déterminées. Seul un registre national de prévention du suicide, qui est un des axes de la stratégie nationale de prévention du suicide, permettra d'avoir des données fiabilisées, sur toute la population marocaine et de manière consolidée dans le temps. Ces données aideront à pouvoir définir des plans d'action ciblés et serviront également d'outil d'évaluation et de mesure de la pertinence des actions menées dans le cadre de la prévention du suicide. 

Quels sont les signes avant-coureurs permettant de détecter une personne en souffrance et si elle présente déjà des idées suicidaires ?

 

« Sourire de Reda » a élaboré un guide de référence intitulé «Comment intervenir face à un adolescent en détresse », disponible en français et en arabe sur le site et sur les réseaux sociaux de l'association. On y apprend que parmi les signes précurseurs du suicide chez les jeunes, il y a des messages verbaux directs et indirects, mais aussi des symptômes psychologiques et des symptômes physiques que chacun doit connaître pour mieux repérer un jeune qui va mal et qui pense au suicide.
 

Recueillis par Mina ELKHODARI


 

Stratégie nationale de prévention du suicide 2023-2030

Face à l’ampleur que prend le phénomène du suicide à l’échelle nationale (les dernières statistiques de l'Organisation Mondiale de la Santé en 2019 révèlent un taux de 7,3 cas pour 100.000 habitants), le département de la Santé a mis en place « la Stratégie nationale de prévention du suicide 2023-2030 ». Celle-ci s'articule autour de la formation pour appréhender les conduites suicidaires, la post-prévention et la prise en charge des personnes ayant des idées suicidaires.

Conscient qu’une communication efficace aide à mieux prévenir le suicide, le département de tutelle compte préparer, dans le cadre la même stratégie, un plan stratégique de communication sur les comportements suicidaires et la lutte contre la stigmatisation des personnes concernées par ces comportements, mais aussi des programmes éducatifs pour renforcer les compétences sociales et psychologiques des enfants et des adolescents.

La feuille de route comprendra également le volet relatif à la limitation de l’accès aux moyens de suicide, notamment les produits chimiques toxiques ainsi que le développement des interventions liées à l'écoute, l'amélioration de la qualité des soins, l'intensification des activités sociales annexes en milieu scolaire et la formation des professionnels dans le domaine de la gestion des crises psychologiques et des conduites suicidaires. 

Il est aussi question de créer des établissements d'accueil et de gestion des crises psychosociales et de structures pour adolescents, mais aussi d’améliorer la prise en charge médicale et psychologique relative aux tentatives de suicide dans les hôpitaux publics et de renforcer le système de suivi et d'évaluation.









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