Interview avec Moussa Masrour : « Il faut créer des points de rencontre pour se rassembler en cas de séisme »

- À la lumière des événements récents, en particulier le séisme qui a secoué la région d'Al-Haouz, de nombreuses personnes se posent des questions sur le champ de la géologie. Pouvez-vous nous expliquer votre domaine d'expertise en géologie et vos recherches actuelles dans ce domaine ?

- Actuellement, compte tenu des événements récents, notamment le séisme qui a frappé la région d’Al-Haouz, de nombreuses personnes s'interrogent sur ce domaine. Pour clarifier, la géologie est tout simplement la science de l'étude de la Terre, où "géo" signifie la Terre et "logie" se réfère à l'étude.

Cette discipline comporte de nombreuses branches en constante évolution, en grande partie grâce à l'exploitation de données géologiques, que ce soit pour la prospection de ressources telles que le pétrole, le gaz, ou la recherche d'eau, comme dans le domaine de l'hydrogéologie. Ainsi, la géologie a engendré plusieurs spécialités au fil du temps.

Pour ma part, ma spécialité réside dans le domaine de la biostratigraphie, qui consiste à analyser la répartition des espèces fossiles au sein des couches sédimentaires, ce qui permet de reconstituer les périodes géologiques. Cependant, en tant que géologue, il est également essentiel que je possède des connaissances de base en tectonique et en géologie structurale.

- En quoi consistent les séismes, selon vous, et quelles sont leurs principales causes ? 

- Pour expliquer l'origine d'un séisme, il est nécessaire de plonger dans la composition de notre planète. Il est aussi important de comprendre que notre terre est constituée d'une couche superficielle appelée la lithosphère, qui fait partie du manteau supérieur. Cette lithosphère est formée de plusieurs morceaux que l'on nomme des plaques tectoniques.

Ces plaques interagissent aux limites, se déplaçant et glissant sur une couche inférieure plus visqueuse. La lithosphère, par conséquent, flotte et peut se rapprocher ou s'éloigner les unes des autres, créant ainsi des zones de frottement. Ces interactions peuvent conduire à des déformations ou à l'accumulation d'énergie, qui finit par atteindre un point de rupture, déclenchant ainsi un séisme.

- Pouvez-vous nous parler des dernières avancées technologiques au Maroc qui ont eu un impact sur la recherche en géologie ?

- En ce qui concerne la ville d’Agadir, au Maroc, il est important de noter une nette amélioration en termes de respect des normes antisismiques lors de la construction. De plus, un laboratoire de supervision des constructions existe, que la population devrait consulter.

Il y a aussi l'utilisation de données satellitaires et de drones pour cartographier et surveiller les caractéristiques géologiques du paysage, les changements dans la topographie, et les mouvements tectoniques.

Aussi le développement et l'utilisation d'instruments de terrain avancés pour collecter des données géologiques de manière plus précise et efficace, notamment des échantillons de roches et de sols.

Cependant, il est également essentiel d'organiser des campagnes de sensibilisation visant à informer les résidents sur les mesures à prendre en cas de séisme. Il est tout aussi crucial de mettre en place des zones désignées, telles que des points de rassemblement, pour permettre aux gens de se regrouper en toute sécurité en cas de tremblement de terre. De plus, à Agadir, plusieurs campagnes sont menées dans les écoles pour enseigner aux élèves comment réagir face à ce phénomène naturel.

- Quels sont les effets des séismes sur l'environnement et les communautés locales ?

- Les séismes, en tant que phénomènes géologiques majeurs, ont plusieurs effets significatifs sur l'environnement et les communautés locales. Ils peuvent provoquer des déformations du sol, telles que des fissures, des plissements, et des affaissements, qui modifient la topographie locale.

Les tremblements de terre peuvent aussi déclencher des glissements de terrain, entraînant des déplacements de terres, des rochers et des débris, ce qui peut endommager l'environnement et perturber les écosystèmes. En plus d’augmenter l'érosion des sols, en particulier dans les régions montagneuses, ce qui peut avoir un impact sur la stabilité des pentes et la qualité de l'eau des rivières.

Cette catastrophe endommage les bâtiments, les infrastructures et les routes, mettant en danger la vie des habitants, ce qui peut entraîner des pertes humaines importantes en raison de l'effondrement de bâtiments.

Les personnes touchées par les séismes peuvent être contraintes de quitter leurs habitations et de se réinstaller ailleurs, ce qui peut entraîner des problèmes de logement et de déplacement, en plus de perturber les services essentiels tels que l'eau potable, l'électricité et les communications, ce qui peut rendre difficile la coordination des secours et la réponse aux catastrophes.

- Comment les séismes peuvent-ils influencer la qualité de l'eau et les écosystèmes aquatiques ?

- Les habitants de la région d'Al-Haouz ont observé une augmentation du débit d'eau dans certaines sources, indiquant une augmentation de la quantité d'eau disponible. Ce phénomène pourrait être attribué aux mouvements souterrains de la Terre, qui ont pu déplacer certaines nappes phréatiques initialement inactives, les amenant potentiellement à se rejoindre à d'autres nappes en fonctionnement. Ainsi, il est possible que les positions des nappes souterraines varient en raison de ces mouvements géologiques.

Les séismes peuvent aussi provoquer des déplacements de terres, notamment des glissements de terrain sous-marins, qui peuvent déclencher des tsunamis.

- Pouvez-vous partager des exemples de mesures de prévention et de préparation aux séismes prises dans certaines régions à haut risque ?

- Parmi les mesures prises dans certaines régions à haut risque sismique pour se préparer aux séismes et réduire les impacts potentiels, il y a la construction antisismique, avec l'application de normes de construction strictes qui renforcent la résistance des bâtiments aux séismes, y compris l'utilisation de matériaux et de techniques sismiques.

Le déploiement de systèmes d'alerte précoce avec la mise en place de systèmes d'alerte qui permettent aux habitants de recevoir des avertissements avant l'arrivée d'un séisme, ce qui leur donne le temps de se mettre à l'abri.

Il faut aussi s’inspirer de l’exemple du Japon, dans l'élaboration de plans d'évacuation, qui est important pour les communautés situées dans des zones à risque, avec des itinéraires et des points de rassemblement préétablis et la rénovation et le renforcement des infrastructures critiques, tels que les ponts, les barrages et les hôpitaux, pour garantir leur résistance aux séismes.

La formation des équipes de secours et des premiers intervenants peut aussi aider pour qu'ils soient prêts à agir rapidement en cas de séisme. Ces mesures visent à sauver des vies, à réduire les dommages matériels et à renforcer la résilience des communautés face aux séismes.

​Il existe plusieurs pistes d'amélioration de la sécurité sismique, visant à réduire les risques et à protéger les communautés en cas de séisme. Comme les rénovations des bâtiments existants, l'inspection régulière des bâtiments anciens pour identifier les problèmes structurels et la sensibilisation de la population aux risques sismiques, aux mesures de sécurité et aux actions à entreprendre en cas de séisme.

Le renforcement des infrastructures essentielles telles que les hôpitaux, les écoles et les centrales électriques pour qu'elles restent opérationnelles en cas de séisme et la gestion des zones à risque en identifiant et en surveillant des zones à haut risque sismique, avec une planification urbaine adaptée pour minimiser les nouvelles constructions dans ces zones.

Ces pistes d'amélioration de la sécurité sismique visent à réduire les pertes en vies humaines et les dommages matériels lors des séismes, tout en renforçant la résilience des communautés face à ces événements naturels.