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Interview avec Maxence Hayek : « Le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile au Maroc reste faible »


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 18 Juillet 2023

Dans cette interview, Maxence Hayek dresse un état des lieux de la situation actuelle des réfugiés au Maroc et rappelle la nécessité de l’adoption de la loi d’asile et de la délivrance des titres de séjour.



- Le Maroc compte plus de 19.000 réfugiés et demandeurs d’asile. Quelles avancées majeures du Royaume listez-vous en termes d’accueil ?

- Depuis 2013, le Maroc a lancé la Politique Nationale d’Immigration et d’Asile à travers laquelle les réfugiés, demandeurs d’asile et migrants ont accès gratuitement à l’éducation, aux centres de santé ainsi qu’au marché de l’emploi pour ceux qui ont un titre de séjour.
Dans le cadre de l’accès à la santé, le HCR travaille étroitement avec le Ministère de la Santé, avec lequel il a signé un partenariat en 2022, pour inclure les réfugiés dans la réforme de la protection sociale en cours. Cette initiative a notamment été soulignée lors de la troisième consultation globale sur la santé des migrants et des réfugiés qui a été accueillie par le Maroc au mois de juin.
Malgré cette politique nationale, il existe encore des chantiers très importants, notamment la loi d’asile, prévue dans la SNIA, qui est fondamentale, ainsi que l’accès aux titres de séjour qui continue d’être un défi comme l’a montré l’étude conduite par le HCP : 45% des réfugiés n’ont pas de titre de séjour valide au Maroc.

- Au vu de la montée du racisme dans des pays d’accueil européens, comment jugez-vous la capacité du Maroc à accueillir les réfugiés et les demandeurs d’asile ?

- Pour renforcer l’accueil des réfugiés et demandeurs d’asile, le HCR fait avec les autorités marocaines tout un travail de sensibilisation et d’information sur l’asile, les besoins de protection internationale des réfugiés ainsi que sur les documents délivrés par le HCR aux réfugiés et demandeurs d’asile.
La communauté d’accueil joue un rôle essentiel en matière d’intégration pour permettre aux personnes déplacées de force de se reconstruire loin de chez elles. Lorsque des défis persistent, il est important de continuer à déconstruire les préjugés et les stéréotypes et de continuer à promouvoir le vivre ensemble, dans un esprit de solidarité et d’humanité.

- Face au changement climatique et à l’instabilité dans plusieurs régions du monde, notamment dans la région du Sahel, vous attendez-vous à une augmentation du nombre des réfugiés à destination du Maroc dans les années à venir ?

- Il y a de plus en plus de déplacés forcés dans le monde à cause des conflits mais aussi à cause du changement climatique dont on voit l’impact de manière significative. On l’a vu l’année dernière avec les inondations au Pakistan et dans plusieurs pays en Afrique, ou encore avec la sécheresse dans la région Somalie-Ethiopie.
En matière de déplacements forcés, c’est une tendance à la hausse puisqu’on a passé la barre de 110 millions de déplacés forcés l’année dernière. Cette barre de 110 millions est importante puisqu’elle est pratiquement deux fois plus élevée qu’il y a dix ans.
Le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile au Maroc reste faible en comparaison avec d’autres pays. Toutefois, le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile au Maroc a pratiquement doublé durant les 3 dernières années avec une augmentation de 45% du nombre de réfugiés entre 2020 et 2023.

- Comment le HCR participe-t-il à l’intégration sociale des réfugiés ?

- En collaboration avec les autorités marocaines, le HCR joue un rôle important dans l’accueil et l’intégration des réfugiés au Maroc. Devant l’absence d’une loi nationale d’asile, le HCR assure l’accès aux procédures d’asile, notamment l’enregistrement des demandes d’asile ainsi que la détermination du statut de réfugié.
Le HCR, avec ses partenaires, a également un ensemble de services d’accompagnement pour les réfugiés au Maroc, notamment une assistance financière pour les plus vulnérables, un appui psychosocial, des services juridiques, ainsi qu’un soutien pour l’accès à la santé et à l’éducation. Le HCR participe à la couverture médicale des réfugiés au Maroc.
Il est important de souligner que vu l’augmentation du nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile, le HCR n’a pas les ressources suffisantes pour répondre à tous les besoins de cette population qui vit, pour beaucoup, dans une très grande précarité au Maroc. A cela s’ajoute le défi de la documentation : 45% des réfugiés n’ont pas de carte de séjour au Maroc et donc ne peuvent pas accéder au marché de l’emploi, ce qui pose de vrais défis en matière d’intégration.

- Comment les réfugiés peuvent-ils apporter une contribution positive à l’économie nationale ?

- Plusieurs rapports, notamment de la Banque Mondiale, ont montré que l’accueil des réfugiés, mais aussi des migrants, avait un impact positif sur l’économie et le développement des pays d’accueil.
Il faut souligner que les personnes déplacées viennent dans leurs nouveaux pays avec des compétences et une volonté de pouvoir reconstruire une vie loin de chez elles. C’est aussi un potentiel de main d’œuvre considérable pouvant contribuer au développement des pays qui les accueillent.
Mais pour pouvoir apporter une contribution positive à l’économie nationale, il faut permettre aux réfugiés d’accéder au marché du travail, c’est pour cela que l’accès au titre de séjour est si fondamental. Accéder à un titre de séjour c’est bénéficier de ses droits fondamentaux et avoir une vraie possibilité d’intégration.








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