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Interview avec Majda Brabije : « Les femmes méritent d’être présentes dans les championnats de sports du cerveau »


Rédigé par Safaa KSAANI Jeudi 7 Juillet 2022

En moins d’une année après la création de l’Association Marocaine des Sports du Cerveau (AMSC), la championne d’Afrique en lecture et mindmapping a initié plus de 2.400 personnes à ces techniques.



Interview avec Majda Brabije : « Les femmes méritent d’être présentes dans les championnats de sports du cerveau »
- La première édition du Championnat de lecture rapide et du mindmapping au Maroc et en Afrique a eu lieu, les 28 et 29 mai dernier, à Casablanca. A quel point cet événement participe-t-il à la démocratisation de ces techniques et à aligner le Maroc sur les pratiques internationales ?

- Le championnat n’était pas réellement une fin en soi. Personnellement, je me suis inscrite dans une démarche de partage et de transmission, depuis l’an dernier, quand j’ai appris que je suis la championne d’Afrique et dans le top10 mondial. J’ai commencé à parler de ces techniques autour de moi et j’ai constaté que les gens ne connaissaient pas ce que c’est exactement.

Le challenge pour moi était de rendre les gens conscients d’abord de l’existence de certaines pratiques et techniques qui peuvent les aider à changer leur vie. Depuis septembre dernier, j’ai eu la chance d’animer des conférences, organiser des ateliers, accompagner des étudiants pour préparer leurs examens… En moins d’une année, c’était une grande réussite d’avoir initié pratiquement plus de 2.400 personnes à ces pratiques.

A part le championnat, on était dans une démarche de démocratisation car j’estime qu’il faut que ces deux techniques se démocratisent et soient pratiquées par tous les Marocains. Si l’on se base sur la loi de l’intention, la nôtre était tellement forte qu’on a reçu une recommandation de la part des organisateurs des championnats du monde de lecture rapide et mindmapping pour constituer une équipe qui peut représenter le Maroc à cette édition. C’était une opportunité pour que nous puissions revivre cette expérience en tant qu’équipe. C’est là où tout a commencé.


- Les sports du cerveau sont-ils devenus de plus en plus accessibles et populaires au Royaume ou est-ce toujours un sport d’élite ?

- Le savoir et la connaissance sont accessibles à tout le monde et tout le monde a le droit d’y avoir accès. Notre mission comme transmetteurs du savoir est de le rendre accessible. C’est pourquoi nous accompagnons des étudiants (es) et l’aventure continue à travers l’accompagnement d’autres enfants et étudiants dans d’autres régions du Royaume.


- Vous êtes championne d’Afrique, coach de la sélection nationale des athlètes du cerveau et avez fait partie des arbitres de cette première édition. Les femmes sont-elles assez présentes dans les sports du cerveau ?

- Merci pour cette question (rires). Effectivement, on constate que ce sont les hommes qui dominent ce champ disciplinaire. Au niveau de l’Afrique et de la région MENA, je suis la première femme à réaliser cette performance. D’où l’envie de la reproduire cette année. Concernant la sélection nationale, elle est représentée à 80% par des femmes.

L’objectif est d’encourager les femmes à découvrir ce champ disciplinaire. A travers une séance de découverte qui a été faite avec l’association internationale “Inspiring Girls”, on a réussi à accompagner plus de 2.300 filles de “Dar Taliba”. C’est vrai, notre objectif est de rendre les femmes présentes dans ce champ disciplinaire, mais aussi de lutter contre le mythe laissant croire que le cerveau de l’homme est plus efficace que celui des femmes. Les femmes méritent d’être présentes dans les championnats des sports du cerveau.
 
Notre objectif est de rendre les femmes présentes dans ce champ disciplinaire, mais aussi de lutter contre le mythe qui laisse croire que le cerveau de l’homme est plus efficace que celui de la femme.

- En quoi consistent ces activités et quels atouts présentent-elles ?

- Ces activités vont tout simplement aider toute personne à découvrir comment fonctionne son cerveau. Quand je parle de lecture rapide, je pense qu’il serait intéressant de ne pas utiliser cet adjectif car ça porte préjudice à tous les bienfaits de la technique. Je préfère plus parler de lecture efficiente car on va atteindre nos objectifs en moins de temps.

J’estime que tout le monde en a besoin aujourd’hui. Donc, la lecture rapide va nous aider à lire un texte facilement et rapidement tout en retenant l’essentiel des idées. Le mindmapping va, quant à lui, nous aider à retranscrire et reconstituer avec un minimum d’efforts nos idées et ce qu’on a retenu, que ce soit dans le cadre de notre pensée ou nos cours… Ce sont des techniques utilisées par des leaders mondiaux, dont les présidents américains, par de grandes sociétés, dans les pays asiatiques… Ces atouts méritent vraiment d’être démocratisés et divulgués au Maroc pour que les gens en tirent profit.


- Ne trouvez-vous pas que la lecture rapide se fait au détriment de la maîtrise de la langue à proprement dite par le lecteur ?

- Absolument pas ! Les techniques de la lecture rapide varient selon l’âge et le niveau d’apprentissage. On ne peut pas demander à quelqu’un qui n’a jamais pratiqué une activité sportive de faire un marathon ! Une personne qui pratique la lecture rapide dans le cadre d’une compétition, je pense que c’est quelqu’un qui va mettre en place des techniques différentes que celles utilisées par une personne dans un niveau d’initiation.

Pour un enfant, on va forcément partager avec lui des techniques adaptées à son âge qui vont lui permettre d’apprendre des techniques de la lecture rapide, sans pour autant affecter son apprentissage de la langue, de nouveaux mots et par la suite enrichir son vocabulaire. Il y a même des recherches scientifiques qui ont prouvé que cette technique est très favorable pour l’apprentissage d’autres langues, notamment l’anglais.


- Comment comptez-vous déployer les sports du cerveau au service de l’éducation et de l’entreprise ? Quels effets sont escomptés ?

- Le mindmapping et la lecture rapide sont des outils de développement personnel et professionnel. En entreprise, le professionnel fait face à plusieurs challenges. Il est censé apprendre pour évoluer dans sa carrière. Ces techniques sont très utiles dans des métiers particuliers, notamment la finance et la recherche scientifique, dans la mesure où le temps et l’énergie sont optimisés.

Pour concrétiser les choses, je vous amène à faire un calcul. Après avoir appris ces techniques et doublé la vitesse de votre lecture, vous allez gagner un minimum de 15 minutes par jour. L’équivalent d’au moins quatre heures par mois, soit une demi journée de travail. Les professionnels savent très bien ce que cela vaut (rires). Les grandes structures mondiales, telles que la NASA, Bouygues, Huawei,… utilisent les techniques en question de façon régulière dans la gestion de leurs projets, leurs réunions, et pour préparer leurs prises de parole. Ça peut être un facteur explicatif de leur succès fulgurant.

J’encourage les entreprises à s’inscrire dans cette démarche. Concernant le volet éducatif de votre question, c’est un chantier dans lequel on peut utiliser ces techniques qui facilitent l’apprentissage. Comme notre association est toute nouvelle, je pense que le côté matériel nous empêche d’aller de l’avant puisque nous manquons d’aide et de sponsors. Ce sont des efforts que nous déployons nous-mêmes avec l’aide de plusieurs parties prenantes, de bénévoles, qui portent vraiment la cause dans leurs coeurs.

Je pense que si on arrive à avoir des partenaires, comme le ministère de l’Education nationale ainsi que celui de la Culture, et toutes les personnes qui se voient partenaires dans cette mission noble, on arrivera à couvrir les douze régions du Maroc et que le Maroc soit représenté par ses douze régions lors des prochaines éditions des championnats du monde.




Recueillis par Safaa KSAANI








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