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Interview avec Latifa Elbouabdellaoui : « Le gazoduc Nigeria-Maroc boostera les investissements en Afrique de l’Ouest »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 23 Mai 2022

A quelques semaines de la tenue de la 17ème Foire commerciale de l’OCI, nous sommes allés à la rencontre de celle qui veille sur la progression du commerce entre les Etats membres de l’OCI et la réalisation de grands chantiers comme le gazoduc Nigeria-Maroc.



- La 17ème Foire commerciale de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI) aura lieu du 13 au 19 juin à Dakar. A quel point, ce projet phare pour le CIDC et l’OCI, en général, participe-t-il au rayonnement des économies de ces pays au niveau mondial ?

- Effectivement, cette 17ème Edition de la Foire commerciale des Etats membres de l’OCI, organisée tous les deux ans, représente le plus grand événement commercial de l’OCI et un rendez-vous économique pour les opérateurs publics et privés de la région OCI. Elle permet aux exposants des 57 pays membres d’échanger sur les voies et moyens d’augmenter les échanges commerciaux et les investissements.

Cette Foire est également ouverte à la participation des pays observateurs dans les quatre continents. C’est également une réelle opportunité pour la promotion des Investissements directs à l’étranger (IDE). Elle constitue une vitrine ouverte sur le monde entier, vu l’affluence médiatique et le nombre des opérateurs privés et publics qui y participent. L’exposition concerne les produits et services dans les divers secteurs, et ce, dans l’objectif de développer et pérenniser les relations commerciales entre les communautés d’affaires des pays de l’OCI.

En marge de cette Foire prévue à Dakar, un Business forum Sénégal-OCI sera organisé qui constitue l’occasion pour le pays organisateur de la Foire de présenter ses potentialités et son climat d’investissement. L’objectif est de renforcer l’intégration économique régionale, en ciblant les secteurs clés permettant le développement des chaînes de valeur et les complémentarités sectorielles au sein de l’espace OCI.

Généralement, ce rendez-vous biannuel est un espace de contact, d’échange et de discussions sur les potentialités du commerce et d’investissement intra-OCI et même avec les parties tierces ; ce qui permet un rayonnement des économies de l’Organisation.


- Quels moyens se présentent pour dynamiser les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) ?

- Le Maroc représente l’un des Etats membres disposant d’un potentiel important qui fait de lui un pôle sous-régional capable d’induire une croissance économique dans l’espace de l’OCI. En tant que pays de siège, il a toujours soutenu les actions du CIDC par sa contribution et son implication permanente dans les programmes et stratégies visant le développement du partenariat économique multidimensionnel au sein de l’OCI.

Par sa position géographique stratégique, sa politique d’ouverture et son engagement pour le développement du partenariat intra-OCI, le Maroc joue un rôle de plateforme d’investissement et d’exportation entre la région Afrique de l’OCI et les autres régions.


- Quelle est la taille du marché de l’OCI en chiffres et la part de marché du Maroc ?

- L’OCI compte 57 pays membres, situés en Asie, Afrique, Moyen Orient et Amérique, représentant pas moins de 2 milliards de consommateurs potentiels avec plus de 50% de jeunes de moins de 25 ans. Il s’agit donc d’un marché très prometteur en pleine expansion, vu qu’il comporte des pays qui connaissent une dynamique en croissance de consommation interne et d’investissement, notamment dans les secteurs productifs.

Pour le Maroc, l’espace OCI est un marché alternatif qui offre des possibilités certaines pour la diversification à la fois des débouchés et des produits à l’export. Actuellement, le volume des échanges avec les pays de l’OCI est de l’ordre de 11 milliards de dollars, soit une part de près de 15% du commerce extérieur du Royaume en 2021. Une part qui pourrait se développer vu la volonté du Maroc à promouvoir les projets d’intégration économique avec plusieurs pays de cette Organisation.


- A date d’aujourd’hui, beaucoup de pays membres de l’OCI ne profitent pas beaucoup du marché du Halal. Comment faire augmenter ce marché ?

- Effectivement, les opportunités du marché du Halal sont encore non pleinement exploitées. Le constat montre que les pays membres de l’OCI sont largement dépendants des importations, avec un déficit commercial de 53,5 milliards de dollars américains pour les produits Halal. Les pays de l’OCI, s’approvisionnant principalement auprès de pays non-membres de l’OCI. Seuls 3 parmi les 20 principaux exportateurs de produits Halal (279 $ milliards USD en 2020) sont des pays membres de l’OCI (Turquie, Indonésie et Malaisie). L’Arabie Saoudite (31,2 milliards USD), les Emirats Arabes Unis (23, 2 milliards USD) et la Turquie (22,1 milliards USD), sont les trois premiers importateurs de l’OCI.


- Quelles actions ciblées sont entreprises pour la promotion des produits marocains labellisés Halal et Bio au niveau du marché mondial ?

- Le développement du marché « Halal » est tributaire des stratégies des pays à promouvoir les chaînes de valeur « Halal » intra-OCI. Les actions entreprises consistent à fournir les informations et les tendances des marchés ; l’accompagnement des entreprises du secteur pour l’amélioration de leur compétitivité et l’assistance pour accès aux marchés internationaux.

Il s’agit, notamment, d’encourager la mise en place de normes « Halal » et d’un système de traçabilité permettant de connecter les acteurs des chaînes d’approvisionnement, à savoir : les producteurs, les auditeurs, les organismes de certification et les consommateurs.

Les pays de l’OCI, qui disposent de potentialités dans ce domaine comme le Maroc, la Turquie, la Malaisie, l’Indonésie et l’Arabie Saoudite, sont en mesure de constituer des pôles de production et d’investissements dans le domaine de l’économie Halal au sein de l’espace OCI.


- Quelles mesures sont entreprises par les pays membres de l’OCI pour assurer une souveraineté alimentaire, face à la pénurie de blé dont attestent de nombreux pays, dont le Maroc ?

- La souveraineté alimentaire est l’une des préoccupations de l’OCI, la 8ème Conférence ministérielle de l’OCI, sur la Sécurité alimentaire et le Développement agricole, tenue à Istanbul en octobre 2021, s’est penchée sur les voies et moyens d’assurer la sécurité alimentaire de manière durable pour les pays de l’OCI.

Le point a été mis sur l’amélioration de la productivité agricole, notamment par le soutien des exploitants en matière de crédit de terrains agricoles, de prestations sociales, de formation, de savoirs ainsi que l’utilisation des technologies appropriées. L’accent a été mis sur la nécessité de la concrétisation des projets de réserves de Sécurité Alimentaire de l’OCI et la mise en place de la politique et des mécanismes réglementaires appropriés.

 
- Le projet de gazoduc entre le Nigeria et le Maroc, les deux membres de l’OCI, est un projet stratégique-atlantique visant à améliorer la sécurité énergétique des pays africains et européens. Quels avantages économiques représente ce projet pour l’ensemble des pays membres de l’OCI ?

-Le projet de gazoduc entre le Nigeria et le Maroc s’aligne avec le plan décennal 2015-2025 du développement économique de l’OCI qui fait de la mise en valeur des complémentarités entre Etats et régions de l’OCI l’un de ses objectifs majeurs. Les pays membres de l’OCI concernés par ce projet sont au nombre de dix, à savoir : le Nigeria, le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Guinée Bissau, le Sierra Leone, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie.

Ces pays, étant membres actifs et disposant de potentialités complémentaires, sont en mesure d’insuffler un nouvel élan à l’intégration économique entre pays africains de l’OCI.

Outre son importance en matière de sécurité énergétique, le projet du gazoduc pourrait être mis à profit pour booster les investissements conjoints dans la région de l’Afrique de l’Ouest, en réduisant la facture énergétique qui constitue un élément déterminant dans la rentabilité de tout projet de partenariat. Ce projet à portée continentale contribuera certainement à enclencher une dynamique de partenariat intra-OCI, basée sur la valorisation des produits de base obtenus dans les pays par lesquels passe le gazoduc dans une logique de promotion des corridors de commerce et d’investissements.


- 38 ans après la création du CIDC, quelles sont les grandes réalisations faites en termes de développement du commerce et au service des opérateurs publics et privés des Etats membres de l’OCI ?

- Depuis sa création en 1983, le CIDC oeuvre pour le développement des flux du commerce et des investissements entre les Etats membres de l’OCI. Les missions du Centre consistent à contribuer à la promotion du commerce et des investissements des Etats membres, faciliter l’accès à l’information commerciale, assister les Etats membres dans le domaine des négociations commerciales internationales et la facilitation du commerce et aider les entreprises à mieux se positionner sur les marchés internationaux.
 
Le projet de gazoduc s’aligne avec le plan décennal 2015-2025 du développement économique de l’OCI.

Les actions du CIDC sont notamment guidées par le plan décennal de l’OCI qui a fixé l’objectif d’atteindre 25% du commerce intra-OCI en 2025. Les initiatives lancées par le Centre contribuent à la progression du commerce entre les Etats membres de l’OCI, la part du commerce intra-OCI dans le commerce extérieur des pays membres est passé de 12% en 1995 à 20% en 2021.

Le volume global des échanges commerciaux entre les pays de l’OCI a dépassé 750 milliards USD en 2021 contre 87 milliards USD en 1995. Un volume qui s’est multiplié 9 fois, en l’espace de 16 ans. Les actions entreprises visent la diversification des biens et services échangés dans une logique de développement des chaînes de valeur, tout en favorisant la diversification géographique des flux commerciaux et des investissements au sein de l’espace OCI.

Les réalisations sont encourageantes, puisqu’on assiste à une nette croissance des échanges intra-OCI en produits à moyenne et forte valeur ajoutée comme : les machines et articles électriques, les articles plastiques, les machines et articles mécaniques, les vêtements et les véhicules automobiles, les produits pharmaceutiques et appareils d’optique...etc. Il en est de même pour la répartition géographique des flux d’échange qui affiche une tendance vers une meilleure diversification géographique. Le CIDC oeuvre pour l’intégration des régions les moins développées dans la cartographie du commerce de l’OCI.



Recueillis par Safaa KSAANI








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