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Interview avec Khadija Moussayer : « Des métaux lourds pourraient être à l’origine de maladies auto-immunes »


Rédigé par Safaa KSAANI Jeudi 7 Avril 2022

Un grand nombre de «métaux lourds» sont utiles pour la vie comme le fer pour le transport de l’oxygène. Cependant, ils deviennent toxiques lorsque leur concentration augmente. Le point avec la présidente de l’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM).



- Les métaux lourds sont présents dans tous les compartiments de l’environnement, mais en général en quantités très faibles. Quand est-ce qu’on peut parler d’intoxication aux métaux lourds et quels en sont les symptômes ?

- Les métaux lourds sont des éléments chimiques métalliques caractérisés par une masse volumique élevée supérieure à 5g par cm 3. Certains, comme le fer, le cuivre, le zinc et le nickel, sont nécessaires au fonctionnement de notre organisme à l’état de traces, mais peuvent devenir néfastes en trop grande quantité.

D’autres, comme le plomb, le mercure, l’aluminium et le cadmium sont non indispensables à la vie, voire toxiques, même à faible concentration. Les signaux les plus fréquents d’une intoxication sont une fatigue chronique, des maux de tête, des douleurs articulaires et musculaires, des troubles psychiques (irritabilité, dépression, instabilité émotionnelle), des troubles digestifs (diarrhée, nausées, vomissements), des symptômes grippaux, des réactions allergiques, des intolérances alimentaires, des troubles du rythme cardiaques, des troubles du sommeil, entre autres.


- Quelle est l’utilité des métaux lourds dans le système immunitaire ?

- Certains métaux participent au bon fonctionnement du système immunitaire. A titre d’exemple, le zinc est utilisé par les cellules immunitaires pour tuer les microbes. Par contre, les autres métaux lourds intoxiquent les cellules du système immunitaire. Ils pourraient être à l’origine de maladies auto-immunes, un ensemble de maladies où le système immunitaire, au lieu de nous protéger, se retourne contre nous et attaque les constituants normaux de l’organisme.


- Les métaux lourds sont les agents conservateurs des vaccins. A quel point sont-ils nocifs pour la santé des enfants et des adultes ?

- Le mercure, sous forme de thiomersal (éthylmercure), est utilisé en très petites quantités comme conservateur dans certains vaccins. La plupart des pays l’ont retiré des vaccins destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants. D’autres métaux lourds, en particulier l’hydroxyde d’aluminium, sont utilisés comme adjuvants qui ont pour vocation de stimuler le système immunitaire, et de renforcer et prolonger la réponse de l’organisme.

De nombreuses études n’ont pas établi de lien avec des effets secondaires durables ou graves, ni avec un taux accru de maladies immunitaires. L’aluminium contenu dans les vaccins est éliminé par l’organisme de la même manière que celui contenu dans les aliments. Les vaccins ne sont pas les principales sources de contaminations par les métaux lourds qui sont largement utilisés dans l’agriculture et l’industrie polluant ainsi les sols, l’eau et, par conséquent, tous les éléments de l’alimentation humaine.

L’intoxication à l’aluminium provient d’aliments pollués, de la prise régulière de certains médicaments (des antiacides gastriques), de certains déodorants corporels et de l’eau du robinet. L’aluminium est toxique pour le cerveau. En trop grande quantité, il a un effet délétère sur les neurones et peut nuire à la mémoire et augmenterait le risque de la maladie d’Alzheimer.

Quant au mercure, la principale source d’intoxication sont les poissons pollués et probablement les amalgames dentaires. Il est toxique pour le système nerveux. L’intoxication par le plomb ou « saturnisme » est caractérisée par des troubles du comportement, un déficit intellectuel et une anémie. Au Maroc, l’intoxication au plomb provient de l’application du khôl et de l’utilisation d’ustensiles de cuisine en argile émaillée.


- Quid des vaccins anti-Covid ? Quels métaux lourds y sont intégrés ?

- Les vaccins à ARN messager ne contiennent ni adjuvant, ni métaux lourds, ni aluminium, par contre certains vaccins classiques utilisés contre la Covid contiennent de l’hydroxyde d’aluminium.


- Face à un environnement toxique, comment peut-on détoxifier des métaux lourds et renforcer son système immunitaire ?

- En cas d’intoxication prouvée, on peut utiliser des médicaments chélateurs spécifiques. Certains aliments peuvent également aider à évacuer les métaux lourds de l’organisme. Il est surtout important de diminuer les sources de contamination : ne pas fumer car le tabac apporte du cadmium, vérifier la présence de plomb dans les canalisations d’eau potable anciennes et ne pas surconsommer des poissons pollués.


Recueillis par Safaa KSAANI

Maladies rares


De nombreux malades et leurs familles en souffrance
 
Les maladies rares sont un ensemble de pathologies qui, par définition, touchent moins d’une personne sur 2.000. Néanmoins, leur nombre très élevé, près de 8.000 maladies rares déjà recensées, fait qu’une personne sur 20 en est concernée, soit 5 % de la population mondiale et environ 1,5 million de Marocains, martèle la présidente de l’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM).

Ces maladies sont souvent chroniques, évolutives et en général graves. Leur expression est extrêmement diverse : neuromusculaires, métaboliques, immunes, cancéreuses. Entravant l’autonomie, elles empêchent par exemple de bouger dans le cas des myopathies, voir pour les rétinites, respirer pour la mucoviscidose, résister aux infections pour les déficits immunitaires, occasionner des fractures à répétition en cas de maladie des os de verre, explique-t-elle.

Et de regretter que cette catégorie d’affections soit à l’origine d’innombrables difficultés pour les patients et leurs familles.

“Cela commence déjà par un long parcours pour obtenir un diagnostic exact : ce dernier est en effet assez difficile du fait du grand nombre de ces maladies rares et de leur présentation clinique souvent déroutante avec des atteintes fréquentes de plusieurs organes. Or, aucun médecin ne peut maîtriser cet ensemble de cas si différents ! Leur prise en charge est également chaotique au Maroc, du fait justement de l’absence de centres de référence et de compétence pour ces pathologies ainsi que de dépistage néonatal systématique pour tous les nouveau-nés”, détaille Khadija Moussayer, qui n’oublie pas que l’absence de couverture médicale universelle et la non-disponibilité de certains médicaments compliquent aussi l’obtention de soins réellement efficaces.


S. K.