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Interview avec Imad El Hafidi : « Il faut former les partenaires qui interviennent dans le parcours de soin des personnes âgées»


Rédigé par Safaa KSAANI Jeudi 5 Mai 2022

L’Alliance Euro-Marocaine de Gériatrie et de Gérontologie (A2G) participe au « Morocco Medical Expo 2022 ». L’occasion de présenter les moyens d’améliorer la prise en charge des personnes âgées.



Interview avec Imad El Hafidi : « Il faut former les partenaires qui interviennent dans le parcours de soin des personnes âgées»
- L’Alliance Euro-Marocaine de Gériatrie et de Gérontologie (A2G) anime avec ses partenaires au Maroc une table ronde intitulée “Parcours de soin en gériatrie : les regards croisés” au « Morocco Medical Expo 2022 ». Qu’est-ce qui a motivé cette participation ?

- Notre participation s’inscrit dans le cadre des objectifs de l’A2G, parmi lesquels figure le partage d’expériences entre les deux rives. Un partage qui prend en compte le contexte sanitaire du Maroc et les orientations futures des gouvernements et des ministères de tutelle. Cette participation vient s’inscrire aussi dans les orientations Royales d’impliquer les Marocains du monde dans le Nouveau Modèle de Développement. Le Maroc vit une phase de transition démographique et sociétale.

Il faut savoir qu’actuellement, l’espérance de vie y est de 72 ans alors qu’elle n’était que de 48 ans juste après l’indépendance de notre pays. Ainsi, dans un contexte post-Covid, il est primordial de partager les expériences pour une meilleure qualité de prise en charge d’une population vulnérable et fragile, qui est celle des personnes âgées.


- Parmi les cibles de la protection sociale se trouvent les personnes âgées. Quelles recommandations faites-vous pour améliorer leur prise en charge ?

- Il faut d’abord former le personnel qui sera chargé de cette population. La formation est le leitmotiv pour une meilleure qualité de prise en charge. Il faut former tous les partenaires qui interviennent dans le parcours de soin des personnes âgées, à savoir les professionnels de Santé, les administrateurs et gestionnaires, les politiques,... Vingt millions de Marocains auront besoin d’une couverture sociale. On n’a pas suffisamment de professionnels pour répondre à cette demande.

On est tous concernés par cette vision territoriale qui sert de trait d’union entre un territoire ou une région et un parcours de soin. Le but étant d’améliorer la prise en charge des personnes âgées.

Pour une meilleure qualité de prise en charge, il faut également encourager la recherche scientifique et l’implémenter davantage dans nos systèmes académiques. Encourager l’innovation peut constituer un moyen d’améliorer ces parcours de soin grâce à la télémédecine. La crise Covid a bien prouvé son efficacité et utilité, surtout dans les zones de déserts médicaux.


- A propos de la formation, vous avez lancé un diplôme universitaire (DU) en gériatrie et gérontologie. Quels effets sont escomptés ?

-L’objectif est surtout de donner aux lauréats les outils nécessaires pour assurer, à terme, une meilleure prise en charge des personnes âgées, à travers une formation qui combine, à la fois, la théorie et la pratique. On a un panel de lauréats très diversifié. Il y a, entre autres, des spécialistes de la neurologie, de la médecine générale, de la rhumatologie, des urgences, etc. La gériatrie est une spécialité transversale.

Ce DU est une formation double, à destination des médecins et des autres professionnels de Santé. Son but est de former des équipes capables de mieux appréhender et prendre en charge une population avec des besoins spécifiques. Ce qui nous intéresse à travers ladite formation est qu’il y ait des indicateurs sur le terrain pour montrer l’impact de la formation dans les pratiques. Des centaines de personnes ont été formées au Maroc.

Pourtant, aujourd’hui, on est parmi les derniers dans cette pratique. Ce qui s’explique, entre autres, par le manque d’évaluation de l’impact de la formation sur la pertinence de nos soins.


- Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) a fait état, dans un récent rapport, d’un manque de spécialistes en gériatrie et en gérontologie au Maroc. Au-delà de la formation, comment peut-on faire face à l’exode et la fuite des médecins ?

- Je n’ai pas une seule réponse à ce phénomène, mais l’analyse fait que la réponse est multifactorielle, en passant par les conditions de travail, les faibles salaires, la non attractivité du service public,… Il convient de noter qu’il y a eu un changement dans les réglementations pour associer les médecins étrangers et pouvoir répondre à ces besoins. Les médecins marocains résidant à l’étranger constituent un gisement qu’on peut associer dans ce nouveau système.

Encore faut-il être plus attractif et les associer dans les instances décisionnaires pour leur permettre de partager concrètement leur expérience qui ne peut qu’améliorer la coordination des acteurs pour un parcours de santé, en faveur des personnes âgées notamment, plus pertinent. Il y a aussi d’autres moyens de les associer, à travers la télémédecine et l’apport du numérique.

Dans un territoire de santé, la télémédecine peut contribuer à faire de la coordination. La digitalisation peut, quant à elle, aider dans l’implémentation d’un parcours de soin plus pertinent au niveau d’un même territoire de santé bien défini.



Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait


Un Marocain du Monde au service des seniors
 
Imad El Hafidi est l’un des Marocains du Monde qui se sont illustrés, avec brio, dans le domaine de la Santé. Il s’est forgé une place de choix dans son pays d’accueil, la France, en réussissant à occuper des postes de responsabilité ou, encore, à réaliser des succès importants dans sa vie professionnelle.

Ce médecin-chef d’un établissement de santé privé en France, également coordinateur régional en onco-gériatrie d’un institut de cancérologie, a créé, il y a plus d’un an, l’Alliance Euro-Marocaine de Gériatrie et Gérontologie (A2G), pour au moins deux raisons.

Une histoire personnelle et patriotique, en mettant à disposition toute une expérience d ‘une vingtaine d’années au profit de son pays d’origine, le Maroc, nous explique-t-il, avec beaucoup d’humilité. “Nous avons tous eu des relations avec nos aînés. Ils nous ont rendu service. Il est temps d’être reconnaissant envers eux, qui ont construit nos pays et façonné nos personnalités, voire nos choix”, nous confie le Dr Imad El Hafidi sur un ton nostalgique. De plus, “nous souhaitons mettre un terme à certaines inégalités qui perdurent, malheureusement, dans le domaine de la Santé”, tient-il à ajouter.

Le Dr Imad El Hafidi exerce la profession de médecin dans le domaine de la gériatrie et gérontologie avec plusieurs sous-spécialités, grâce aux formations continues qu’il a accumulées durant son parcours académique en oncogériatrie, en psycho-gériatrie, en gériatrie cognitivo-comportementale, en cardio-gériatrie, ainsi qu’en nutrition du sujet âgé, entre autres.

En parallèle, il est médecin spécialiste de la douleur et des soins palliatifs et télémédecine. Il souhaite partager ce savoir-faire avec les futurs lauréats. Il a dans ce sens lancé un Diplôme Universitaire en gériatrie et gérontologie, dont l’objectif est, entre autres, de connaître l’épidémiologie et la biologie du vieillissement, maîtriser les spécificités thérapeutiques et sémiologiques des maladies des sujets âgés, et savoir évaluer la perte d’indépendance fonctionnelle.

Pour lui, « la culture gériatrique ne doit pas concerner uniquement les professionnels de la Santé, mais intéresser tous nos concitoyens et les entités qui travaillent au service des personnes âgées », estime-t-il.
 








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