L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Interview avec Hind Adil : « Le transport maritime reste le moyen prépondérant à une économie prospère »


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 19 Avril 2022

Le Maroc a ouvert, mardi 12 avril, ses liaisons maritimes pour les passagers avec l’Espagne, à la suite de la normalisation des relations entre les deux pays. Un événement qui apporte son lot de possibilités pour les deux Royaumes.



Interview avec Hind Adil : « Le transport maritime reste le moyen prépondérant à une économie prospère »
- Quel regard portez-vous sur le soutien de Madrid à l’initiative d’autonomie au Sahara marocain ?

- La position de l’Espagne concernant le plan d’autonomie proposé par le Maroc est une position équitable que la majorité des pays ont adoptée en se référant enfin à la version réelle historiquement et politiquement parlant des droits et faits.

La reconnaissance des partenaires commerciaux, en incluant l’Espagne de la crédibilité du Maroc au niveau national, régional et international, est méritée, car les engagements du Maroc ont toujours donné des résultats plausibles pour promouvoir la sécurité aux niveaux politique en contrôlant l’immigration clandestine vers l’Europe, économique et social en adaptant notre législation pour accompagner la gouvernance éco-sociale et le développement durable.


- A quel point la reprise des liaisons maritimes entre les ports du Sud de l’Espagne et ceux de Tanger et de Nador est-elle essentielle pour la redynamisation des relations économiques entre les deux pays ?

- La réouverture des frontières et la redynamisation des relations économiques sont nécessaires après les effets néfastes de la crise sanitaire et encore plus avec la crise politique en Europe causée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Sans conteste, le transport maritime reste aujourd’hui le moyen prépondérant à une économie prospère des nations. Il ne faut pas oublier dans ce sens que l’investissement et les échanges entre les deux pays ne datent pas d’aujourd’hui, même avec les tensions politiques entre les deux pays.

Le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé en 1991 était le point prééminent, en offrant un cadre de collaboration économique entre les deux pays. Ce partenariat socio-économique affiche un engagement durable pour aller de l’avant.


- Au niveau sectoriel, à quels domaines profite ce partenariat bilatéral ?

- La richesse de la coopération sectorielle entre les deux pays a apporté un partenariat décentralisé entre le Maroc et l’Espagne qui confirme leur volonté à développer leur partenariat pour leur intérêt commun. On trouve par exemple la coopération au niveau financier pour le financement de projets de développement sur le plan des énergies renouvelables, de l’environnement et dans le domaine des télécommunications et bien sûr des transports.

En effet, cette coopération a renouvelé la confiance économique entre les deux pays en donnant une solution du problème de Gazoduc Maghreb-Europe, par lequel transitait le gaz naturel algérien. Aussi, la coopération dans le domaine touristique ou celle de l’emploi et de la formation professionnelle en appuyant l’intégration socio-éducative par la contribution à la lutte contre l’abandon scolaire et les programmes d’alphabétisation. L’ouverture des lignes maritimes aura un effet favorable sur l’activité commerciale.

Cette reprise va consolider la dimension de leurs échanges commerciaux sachant que l’Espagne est un des premiers investisseurs étranger au Maroc. L’investissement espagnol représente 5,5% des investissements totaux au cours du premier trimestre 2021 selon les données provisoires de l’Office des Changes marocain. Bien qu’en 2020, elle ait pris la deuxième place, comme relevé par l’Institut de commerce et investissements espagnols (ICEX).



Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait


Un exemple de courage et de résilience
 
Tout allait au mieux pour Hind Adil, avant de subir un accident cérébral. De 2003 à 2005, elle a fait sa maîtrise en droit à l’Université de Montréal et son doctorat de 2006 à 2009. Le 18 janvier 2014 fut l’une des dates les plus tragiques que puisse vivre une famille. Alors qu’elle s’apprêtait à voyager, elle avait eu soudainement un mal de tête étrange, la veille, elle avait ressenti des fourmillements dans le bras droit.

Emmenée d’urgence à une clinique casablancaise, une imagerie par résonance magnétique (IRM) révélait une hémorragie cérébrale causée par une malformation artérioveineuse (M.A.V), décrite par les médecins traitants de “tsunami”. Le seul moyen de soulager la pression était de retirer temporairement une partie de son crâne.

Après 20 jours dans le coma, « je me suis réveillée dans un hôpital à Paris avec quelques flashbacks », où elle était entourée de sa famille, mais incapable de comprendre la vraie raison de son hospitalisation. Durant son hospitalisation, ses étudiants lui ont rendu visite. « Je me souviens d’un étudiant en particulier qui m’a rendu visite, à Paris. Pour entamer la conversation, il m’a dit : “Votre cours de droit maritime était instructif. Dommage, nous n’avions pas terminé la partie consacrée à la vente de navires”. Alors, j’ai commencé à lui expliquer les principaux points à retenir. J’ai également ajouté : “N’oubliez pas de lire sur le contrat d’engagement”.

Comment aurais-je pu me rappeler tout ça, alors que formuler correctement des phrases était ardu ? », se demande-t-elle toujours. Déterminée, Hind Adil continua à pratiquer et à pousser ses limites jusqu’au bout pour récupérer le maximum de ses fonctions sensitives et motrices. « J’ai même appris à écrire avec ma main gauche, alors que j’étais droitière avant. J’écrivais quelques mots, puis encore quelques mots. J’ai continué ainsi jusqu’à écrire des phrases ».

En 2019, alors qu’elle venait tout juste de sortir de l’hôpital, elle a pu assister à sa première conférence maritime à Londres. « Je suis toutefois convaincue que mon rêve se réalisera ».

Après tous ces hauts et bas, Hind Adil est toujours adepte de cette doctrine : « Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ! » – F. Nietzche.