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Interview avec Ghita Mezzour: « JobInTech » veut allier formation et insertion professionnelle


Rédigé par Mariem LEMRAJNI Jeudi 17 Août 2023

L’initiative «JobInTech» a pour ambition la formation à terme de 15.000 étudiants dans le domaine du digital à l’horizon de 2026, en les accompagnant dans leur projet de carrière en technologie. Dans cette interview, la ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration (MTNRA), Ghita Mezzour, nous dévoile la stratégie de son département pour réussir ce projet pilote.



- L'initiative "JobInTech" a de grandes ambitions dans le secteur de l’économie numérique et des métiers du digital, notamment en termes de formation et d’accompagnement des jeunes. Quelles sont les racines de ce projet et qu’est ce qui le distingue de ceux qui l’ont précédé ?

- Le projet est né d’un constat majeur que nous soulevons très souvent : celui de la pression qui existe sur les talents IT dans notre pays. Dans les rencontres menées avec le secteur privé, les entreprises nous remontent en premier lieu le besoin de ressources qualifiées et formées, pour répondre aux besoin des opérateurs marocains et étrangers au Maroc. Le renforcement de la production des talents digitaux et d’adaptation de l’offre de formation nationale aux besoins du marché de l’emploi national font donc partie de nos priorités.

C’est ce qui explique l’intérêt du Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration pour un projet comme Jobintech. Comme d’autres projets mis en place ces derniers mois par le MTNRA, Jobintech est un programme qui allie la formation à l’insertion professionnelle.

Grâce à l’intervention de tous les partenaires, qu’il s’agisse du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), de Maroc Numeric Cluster (MNC) ou des partenaires du secteur privé, l’insertion est au cœur du processus. Une dizaine d'entreprises sont déjà partenaires de JobInTech, elles contribuent à définir les programmes des formations, auxquelles elles participent à travers des experts, des opportunités de stages et de mentoring.
 
- Ayant pour ambition de tirer le meilleur parti du talent et du potentiel des jeunes marocains, quels autres enjeux sous-tendent cette action ?    

- L’idée n’est pas de tirer meilleur parti du talents des jeunes marocains, mais plutôt de leur créer de réelles opportunités d’emploi à réelle valeur ajoutée, comme c’est largement le cas dans le secteur IT. Cela va permettre d’ouvrir un nouvel horizon professionnel à des milliers de jeunes marocains, mais également d’avoir un réel impact sur le dynamisme de l’écosystème numérique dans le Royaume.

En effet, en adressant les questions liées à la rareté et l’adéquation des profils numériques à la demande du marché de l’emploi au Maroc, on contribue à booster la compétitivité des entreprises marocaines, en leur fournissant de manière massive des compétences capables de répondre à leurs besoins, et ce en nombre suffisant pour accélérer le rythme de la transition numérique. Ce type de projets contribue également à renforcer l’attractivité du Maroc pour les investisseurs étrangers, qui sont à la recherche de la ressource la plus rare dans le domaine de l’IT : les talents.
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-  Ce projet stratégique pour l’économie digitale a pour ambition la formation à terme de 15.000 étudiants dans le domaine du digital à l’horizon de 2026, y a-t-il un dispositif pour assurer l’employabilité des bénéficiaires ?

- Les équipes qui ont travaillé sur la conception du projet JobInTech ont tenu à placer l’insertion professionnelle au cœur de son architecture, et c’est ce qui fait la spécificité de ce programme. En effet, dès le démarrage, les entreprises partenaires sont associées à l’élaboration des programmes de formation, qui doivent répondre aux besoins immédiats du marché du travail en général, et des entreprises partenaires en particulier.

Ces mêmes entreprises participent ensuite à la sélection des candidats, qu’elles vont ensuite accompagner durant toute la durée de la formation, à travers des séminaires, des mentors, du mécénat de compétence et même en les faisant participer à des projets professionnels réels développées par ces entreprises. 
 
Enfin, à la sortie de chaque promotion, elles participent aux « Job Fair » ou foires à l’emploi qui sont organisées pour insérer les jeunes candidats, où elles peuvent recruter des talents formés « à la carte » pour leurs besoins, et dont elles ont suivi toute l’évolution.
 
-  Quels sont les différents types de formations qui seront dispensés par JobInTech au profit des marocains ?

JobInTech se veut un programme qui dispense des formations dans le métier du digital et ce en partant des besoins exprimés par les entreprises du secteur.

Le format des formations est assez disruptif, à travers la méthode intensive dite « Bootcamp », s’appuie sur la formation aux aspects techniques ainsi que sur les power skills nécessaires à l'insertion et l’adaptation dans les entreprises. Ainsi, les premièrs cours seront construits autour du coding avec différents langages de développement ainsi que des classes de cybersecurité.

Au fur et à mesure de l'évolution du besoin des entreprises, d'autres formations seront mises en place. La force du projet est sa capacité à monter en charge et mettre en place de manière agile nouveaux programmes de formation.
 
- Comment se matérialise l'appui de l'Etat pour cette initiative en matière de financement ?

Les partenaires institutionnels, et notamment le Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation et la Caisse de Dépôt et de Gestion, se sont engagés à mobiliser tous les moyens pour la réussite de ce projet pilote, qui vise dans un 1er temps 1000 jeunes.

Le MTNRA, aux côtés de la CDG, s’est notamment engagé à financer les besoins matériels (PC, Tablettes, etc…), les cours pédagogiques dernière génération, ainsi que d’autres investissements nécessaires pour permettre aux candidats de suivre la formation dans les meilleures conditions possibles, notamment en ce qui concerne le pilotage, l’expertise de coordination et la gestion du projet. Cet engagement financier concerne également la phase d’industrialisation du projet, qui vise à former 15 000 jeunes d’ici 2026.
 
- Ces formations ouvrent la voie aux jeunes pour avoir accès à un diplôme spécialisé leur permettant de renforcer les chances d’accès au marché de l’emploi, en quoi l’apprentissage est une réponse efficace à l’insuffisance de talents digitaux ?

C’est très simple : pallier à l’insuffisance des talents passe inexorablement par la formation, qu’elle soit initiale, professionnelle ou autre. Il faut diversifier les typologies de formation, monter à l’échelle en termes de nombres de personnes formées, et promouvoir ce nouveau type de formation intensives et agiles. C’est un axe important sur lequel le Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration travaille, avec ses partenaires, notamment dans le cadre de la future stratégie nationale de la transition numérique, qui en phase de bouclage.

Il faut ensuite s’assurer que les talents soient formés au plus près des besoins de l'entreprise. C’est dans ce cadre que le projet JobInTech intervient, avec des formations non diplômantes, mais qui ont la flexibilité d'accompagner les changements et variations des besoins des entreprises. Le format « bootcamp » de 4 mois permet justement cette agilité d'adaptation, et le partenariat avec le secteur privé permet de définir au plus la nature des formations dispensées. La coordination et l’ajustement entre les entreprises, les formations, les tendances du marché et les attentes des candidats est donc primordiale dans la gestion de ce projet, et je tiens à saluer Maroc Numeric Cluster qui joue ce rôle important.

De manière plus large, et comme je l’ai précisé, l’écoute du marché réalisée par le Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie Nationale de la Transition Numérique, qui s’est opérée avec les acteurs des secteurs privé et public, l’analyse des stratégies sectorielles actuelles du Royaume ainsi que l’analyse prospective des besoins futures et tendances technologiques, ont révélé le besoin en compétences techniques dans un ensemble de domaines. C’est un besoin auquel nous devons répondre, majoritairement à travers la formation, et ce dans l’objectif d’accélérer la transformation numérique de notre pays.

Il s’agit dès lors de produire des talents « JobReady » en développant des programmes adaptés afin de juguler cette insuffisance. Quelle catégorie visez-vous plus particulièrement à travers cette initiative ?

C’est en effet l’une des caractéristiques qui distingue le projet JobInTech, celui de former des jeunes "Job Ready", c'est à dire acculturés aux pratiques de l'entreprise en termes de power skills et de travail en équipe. Cela vient bien entendu s’ajouter aux compétences en termes de techniques de coding, de développement et de disciplines liées à l’IT en général.

Ce programme s'adresse aux jeunes diplômés Bac+2, +3 ou +4, qui sont en recherche d'emplois ou de jeunes en fin d'études. Les talents les plus aptes à réussir une reconversion rapide ont le plus de chances d’être sélectionnés pour la formation, qui dure en moyenne 4 mois. A la sélection, une importance particulière est donnée à la motivation et l'engagement du candidat, ainsi qu’à sa vision en termes de projet professionnel.

Mais ce n’est pas la seule catégorie qui est visées par les projets de formation mis en place par le MTNRA et ses différents partenaires. Ainsi, sur l’année écoulée, des projets d’écoles de codage « YouCode » ont été lancés dans les Régions de l’Oriental et de Beni Mellal, et ils s’adressent notamment aux jeunes en situation de NEET (Not in Employment, Education or Training), qui ne sont pas en emploi, et ne suivent ni études ni formation, dans l’objectif de les préparer à intégrer les métiers du numérique. Les formations proposées par « YouCode » sont gratuites et ne nécessitent aucun pré-requis technique ou de diplôme.

On peut également citer la mise en place de diverses formations d’upskilling en compétences numériques, mise en place avec des entreprises partenaires qui s'engagent à employer un pourcentage important des bénéficiaires de cette formation.

D’autres partenariats avec le secteur privé ont permis de mettre en place divers programmes de promotion et formation de compétences marocaines dans le domaine du digital, et ce dans un objectif commun : celui le développer et faire croitre une réserve de talents riche et diversifiée dans le digital, en s’appuyant sur le potentiel et le génie des jeunes marocains, qui sont la première richesse de notre pays.








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