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Interview avec Faouzia Talout Meknassi : « Je regrette de ne pas avoir cherché à connaître Aïcha Ech-Chenna »


Rédigé par Safaa KSAANI Jeudi 29 Septembre 2022

Faouzia Talout Meknassi, auteure de «Brises et vents, Marocaines engagées», retrace les étapes de l’Histoire du mouvement féminin de «Akhawat Assafa» à ce jour.



- Votre nouvel ouvrage intitulé “Brises et vent, Marocaines engagées” est composé de deux parties. La première est une lecture journalistique du mouvement féminin, depuis « Akhawat Safa » aux élections législatives de septembre 2021. Comment justifiez-vous le choix de cette période ?

- Cette période s’est imposée à moi. Toute la première partie du livre n’était pas prévue. Elle est venue après avoir brossé les portraits de 30 femmes militantes, alors que je cherchais une introduction au livre. En faisant mes recherches, j’étais étonnée par ce qu’ont fait des femmes marocaines en matière de militantisme pour améliorer leur situation socio-économique, mais également pour contribuer au développement du pays.

Les femmes du mouvement « Akhawat Assafa », sur lesquelles je me suis arrêtée longtemps, ont attiré mon attention puisqu’elles représentent le courage des femmes en 1946. Elles s’étaient déjà illustrées par leur combat pour l’adoption de juridictions équitables dans le cadre de l’institution matrimoniale. Il s’agissait, en l’occurrence, de revendiquer l’abrogation de la polygamie et de la répudiation, en mettant en place le divorce judiciaire, l’élévation de l’âge du mariage et la lutte contre les agressions auxquelles les premières femmes dévoilées faisaient face dans la rue.


- Pouvez-vous nous retracer un bref chronologique de cette période de l’Histoire ?

- Dans la première partie du livre, je retrace les différentes étapes du mouvement féminin marocain, de « Akhawat Assafa » (1946) aux élections du 8 septembre 2021. C’est sur une durée de pratiquement un siècle que j’ai découpée en parties. Après le mouvement de « Akhawat Assafa », le mouvement de 1960 est arrivé, mené par des femmes qui ont fait des études assez poussées à l’étranger et qui ont occupé des postes importants. Je me suis ensuite arrêtée sur la période de 1998 qui était caractérisée par la publication du plan d’action pour l’intégration de la femme au développement.

Ce plan avait ses particularités. Pour arriver à la troisième génération de militantes, celle de 1995 à 2010. Et puis la phase que nous vivons où on a accès à plus de droits des femmes, notamment économiques. C’est là où je me positionne personnellement.


- La deuxième partie de l’ouvrage présente des profils de 30 femmes engagées dans divers domaines d’activités. Qu’est-ce qui est commun à ces femmes ?

- Si je les ai citées toutes c’est parce qu’elles m’ont marquée. J’ai rencontré beaucoup de femmes dans ma vie personnelle et professionnelle. Les trente femmes citées ont toutes des spécificités. Il convient de préciser que mon choix peut paraître subjectif, ce que je ne conteste nullement, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une sélection faite par conviction. Le fil conducteur est que j’ai connu ces femmes. Le choix est donc une question de feeling, chacune des 30 femmes présentées m’a marquée à sa manière.

D’ailleurs, toutes les femmes de mon pays sont ingénieuses et combatives, qu’elles soient citadines ou de la campagne, diplômées ou illettrées, hauts cadres ou simples travailleuses, voire des femmes à domicile, je leur porte de l’estime et de l’admiration. Je leur suis reconnaissante pour ce qu’elles m’ont appris sur l’évolution de la situation sociale, économique, professionnelle et juridique de la femme marocaine pour laquelle elles ont oeuvré et milité. Elles m’ont permis d’être ce que je suis aujourd’hui, une journaliste, écrivaine et activiste pour les droits économiques des femmes. Il convient de souligner que j’ai cité un homme (rires).

Il s’agit de mon collègue avec qui j’ai travaillé pendant trente ans, Abdelkrim Aouad. Il a cru en moi alors que j’étais très jeune. En effet, en 1995, j’ai commencé à poser la problématique des droits économiques des femmes en tant que composante fondamentale des droits des femmes.


- Quelle lecture faites-vous de l’évolution de la condition de la femme ?

- Le Maroc a fait des progrès incontestables au niveau de la condition de la femme, comparé à d’autres pays. Des réalisations accomplies après des siècles dans certains pays alors qu’il nous a fallu une cinquantaine d’années pour voir la situation de la femme complètement changée et évoluée. Il y a tout l’arsenal juridique colossal qui a été fait et qui a permis d’accompagner cette émancipation et ce développement de la condition de la femme.


- Un mot sur le parcours de l’icône de la lutte pour les droits des femmes, la défunte Aicha Ech-Chenna…

- J’ai connu la regrettée disparue comme tout le monde, mais pas de près. Je n’ai pas partagé des choses avec elle. Maintenant, après son décès, je regrette de ne pas avoir cherché à la connaître. Grâce à elle, beaucoup de femmes dans des situations défavorables ont pu vivre dignement.



Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait


Faouzia Talout Meknassi, une fidélité dans l’engagement
 
Native de Casablanca, Fawzia Talout Meknassi est à la fois journaliste, éditrice, spécialiste des relations presse et public, et militante pour les droits économiques des femmes depuis plus de 30 ans.

Diplômée en économie, journalisme et global leadership, elle est actuellement directrice de la publication MagFarah créée en 1991. Elle a été la toute première à lancer un magazine pour la femme. Nominée en 2005 pour un Prix Nobel de la paix, Fawzia Talout Meknassi, est saluée à travers beaucoup de pays pour son engagement et son combat social dont elle est une figure emblématique.

Le travail associatif lui a permis d’être consultante internationale pour la condition de la femme principalement pour les droits économiques des femmes. En outre, elle a été sélectionnée par la revue Marie Claire (août 1995) parmi les 100 femmes qui font avancer le monde.

“J’ai été fortement influencée par mon père Mohamed Talout Meknassi, un nationaliste proche compagnon de Mohamed Zerktouni et par mon grand-père maternel, Mohamed Fennich, un magistrat. Les deux m’ont inculqué des valeurs dont je suis fière et que j’essaye de garder malgré les différents aléas de la vie”, raconte-t-elle.

La présidente du réseau des femmes artisanes du Maroc-REFAM Dar Maalma, a collaboré avec plusieurs publications, dont Marie Claire (Paris), Cosmopolitain (NY), Al Ahram (le Caire).



S.K.
 








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