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Interview avec Fadel Senna, photographe de l’AFP: “J’ai la photo dans mon ADN”


Rédigé par S. K. Jeudi 1 Avril 2021

Entretien avec Fadel Senna, l’un des premiers photographes marocains de guerre qui raconte en photos les batailles au plus près des combats. Certaines de ses photos, prises en plein confinement, sont actuellement exposées à Rabat.



Interview avec Fadel Senna, photographe de l’AFP: “J’ai la photo dans mon ADN”

 
 

L'Opinion: Vous êtes l'un des premiers reportes-photographes marocains à partir en zone de guerre. Qu’est-ce qui vous a poussé vers le photojournalisme et comment vous êtes-vous retrouvé à couvrir des zones de guerre ?   

 

Depuis mon enfance, j'étais passionné par la photographie et les voyages. Ayant grandi auprès d’un père photographe, je manipulais souvent ses appareils photos et je l’accompagnais souvent dans son laboratoire noir et blanc pour développer des films et faire des tirages. La transition vers la photographie s’est faite naturellement et en douceur. Je commençais ensuite à couvrir des manifestations. Dès que l'occasion se présentait, je proposais à l'Agence France-Presse (AFP) d’assurer ces missions. Quelques années plus tard, on m’a fait confiance en me permettant de couvrir ma première zone de conflit.
 

L'Opinion: Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant vos déplacements sur des théâtres de combat ? 

 

Ce qui est le plus dramatique dans les guerres est indéniablement le tourment des familles, déchirées par la guerre et des conséquences qui s'ensuivent. Ces personnes survivent dans des conditions très difficiles. C’est là que se manifeste l'utilité de notre métier qui consiste aussi à prouver au monde que des populations sont épuisées par la violence et ont besoin de l'aide et d’actions de la part de la communauté internationale.
 

L'Opinion: L’image a-t-elle, selon vous, plus de force d’expression qu’un texte ?

 

L’image nous permet de nous imprégner de l'émotion d’un instant ou d'une personne. Cela peut être très représentatif d'une situation, qu'elle soit grave ou porteuse d'espoir. C'est peut-être la raison pour laquelle on dit qu'une photo vaut mille mots.
 

L'Opinion: Comment concilier le besoin ou la nécessité de décrocher la bonne image avec les impératifs déontologiques (à savoir de garder une objectivité) ? 

 

Il y a certains moments où on peut tomber sur une action qui peut mettre en péril une personne. Dans ce cas, on peut prendre en photo l’action. Mais au niveau de l’editing, son adoption est discutée. Généralement, on décide de ne pas la publier pour éviter de nuire à la personne en question. Ce sont des choses auxquelles on est confronté. 

 

L'Opinion: Dans quelle mesure l’image est-elle devenue un outil de propagande et comment faites-vous pour ne pas vous faire manipuler par les événements ?

 

De nos jours, nous assistons à un défilé d'images manipulées sur les réseaux sociaux et c’est justement à nous, photoreporters, de faire la différence, et ce, en couvrant des événements avec beaucoup de recul et de neutralité. Pouvoir connaître l’authenticité d’une situation est possible en accumulant de l’expérience. 
 

L'Opinion: Comment vous voyez-vous dans les 10 ans à venir ?


D’abord, le photojournalisme est un art. C’est un courant de l’art de la photo finalement. Je suis très à l’aise en tant que photojournaliste. C’est quelque chose qui me tient à cœur et c’est ce que je sais faire dans la photo. J’ai la photo dans mon ADN.