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Interview avec Dina Bensaïd : «Nous essayons de sauver des enfants dont l’avenir était plus qu’incertain»


Rédigé par Rime Taybouta Mercredi 6 Juillet 2022

A l’occasion de leurs dix ans de formation, les élèves de la première promotion de la Fondation Tenor pour la Culture ont participé aux épreuves publiques, du 29 juin au 2 juillet. Dina Bensaïd, pianiste et directrice générale de la Fondation, nous explique les objectifs du programme.



- Cette année, le programme Mazaya souffle sa dixième bougie. Qu’est-ce qui caractérise cette édition ?

- Convaincue que la musique est un formidable ascenseur social, la Fondation Ténor pour la Culture a lancé le programme Mazaya en 2012, avec pour objectif d’offrir une insertion socioprofessionnelle par le biais de la musique à des jeunes enfants déscolarisés en situation de grande précarité.

Aujourd’hui, la fondation a fait ses preuves. Pour cette édition particulière, on célèbre les 10 années de pratique instrumentale intensive avec la première promotion de ce programme qui a pu bénéficier d’une formation musicale complète et approfondie pour entamer une carrière de musicien professionnel.

Les auditions publiques mensuelles, les concerts de musique de chambre et au sein de l’Orchestre Philharmonique, les stages de perfectionnement à l’étranger, ont permis aux élèves de se familiariser avec la scène et d’acquérir un répertoire musical solide.

Finalement, le grand jour du récital de fin d’études arrive pour nos élèves, au cours duquel le Prix Mazaya leur sera décerné. Tout au long de l’année, ils ont pensé et travaillé un programme musical qu’ils présenteront devant un jury international, réuni spécialement pour l’occasion.


- Quel est votre regard sur les pratiques collectives et que peuvent-elles apporter aux jeunes musiciens (pratique de l’orchestre, musique de chambre, chorale) ?

- Il faut, tout d’abord, souligner l’importance du volet social qui permet à ces enfants de vivre en société, au-delà de l’aspect musical, qui les aide à écouter les autres et à pouvoir travailler ensemble et savoir se placer et s’intégrer dans le groupe. Cette initiative est enrichissante en tant qu’artiste, vu qu’on peut se nourrir des expériences des autres.


- Quels sont les bienfaits d’allier la musique et la scolarité, dans la vie d’un jeune ?

- Encadrés par des pédagogues et musiciens professionnels, les enfants reçoivent une formation musicale et instrumentale complète. Un système de mentorat est mis en place avec les musiciens de l’Orchestre Philharmonique du Maroc, afin de les guider dans leur insertion professionnelle dans le milieu de la musique classique.

À travers le métier de musicien, notre fondation entend offrir à ces enfants démunis une opportunité d’insertion socioprofessionnelle. Par le biais du métier de musicien professionnel, Mazaya entend lutter contre la précarité et l’exclusion sociale de jeunes issus de milieux défavorisés. En intégrant le cursus, ces jeunes, âgés entre 8 et 14 ans, font de la musique une arme contre la précarité et l’exclusion sociale. En plus de l’enseignement technique et artistique, nos élèves suivent des cours d’arabe, de français, de mathématiques, d’éducation civique... pour en faire des citoyens responsables.


- Quelles sont les perspectives professionnelles qui s’ouvrent à ces jeunes musiciens qui participent aux épreuves ?

- Dans un pays où le métier de musicien est en plein essor, Mazaya offre de réels débouchés professionnels à des enfants dont l’avenir était plus qu’incertain. Ce que nous promettons à ces enfants, c’est un avenir professionnel, et plus généralement l’intégration dans la société, qui, jusqu’à présent, n’a pas réussi à les accueillir. Nous sommes en passe de tenir notre promesse.

En effet, certains ont déjà intégré l’Orchestre Philharmonique du Maroc, d’autres sont devenus professeurs de musique, mais tous ont vu leur avenir se dessiner sous un nouveau jour grâce au programme Mazaya. Ces jeunes sont aujourd’hui des exemples à suivre dans leurs quartiers, mais également des ambassadeurs de la musique classique.



Recueillis par Rime TAYBOUTA

Ph : Fondation Tenor pour la Culture
Ph : Fondation Tenor pour la Culture

Musique, famille et passion
 
Il faut dire que la musique est une passion familiale : son père n’est autre que Farid Bensaïd, violoniste et président fondateur de l’Orchestre Philharmonique du Maroc (OPM). Née en août 1989 à Rabat, Dina Bensaïd débute le piano avec Nicole Boyer à Casablanca.

À 12 ans, elle intègre l’Ecole Normale de Musique Alfred Cortot à Paris, où elle y obtient trois ans plus tard son Diplôme d’Exécution. En 2005, elle rentre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris (CRR), dans la classe de piano d’Olivier Gardon et de Musique de Chambre du Quatuor Ysaÿe. Elle y obtient son Prix en 2007. Elle est régulièrement invitée à jouer dans des festivals comme le Festival des Alizés à Essaouira, le Festival de Puteaux, ou les Rencontres euro- méditerranéennes organisées par Michel Plasson.

En 2009, Dina Bensaïd intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Georges Pludermacher et Claire Désert. Dans ce même établissement, elle suit les cours de musique de chambre de Philippe Bernold et Emmanuelle Bertrand.

Parallèlement, Dina est dans la classe de Direction d’Orchestre de Nicolas Brochot au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Evry.

Dans sa catégorie, elle a obtenu les Premiers Prix du Concours de Son Altesse Royale Lalla Meryem (2002, 2004 et 2006), du Concours Steinway à Paris (2002), du Concours National de Musique du Maroc (2003) et du Concours Flame à Paris (2006).