L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Interview avec Andreas Wenzel : « La crise diplomatique germano-marocaine n’a pas influencé les échanges commerciaux »


Rédigé par Hiba CHAKER Mardi 1 Février 2022

Industrie, commerce, investissements, énergies renouvelables... le DG de la Chambre Allemande de Commerce et d’Industrie au Maroc, Andreas Wenzel, nous livre le bilan de la coopération germano-marocaine. Entretien.



- Quel a été l’impact de l’arrêt des relations Maroc-Allemagne sur le volet industriel et commercial ?

- Les échanges entre les deux pays ont été impactés d’abord à cause de la pandémie en 2020. En 2021, malgré les relations diplomatiques difficiles entre les deux pays, l’échange commercial a augmenté. Entre janvier et novembre 2021 et 2020, les exportations allemandes ont augmenté de 14% et les exportations marocaines de 13%. Au niveau des investissements, il y a également un trend très positif qui a fait du Maroc le pays le plus privilégié par les investisseurs allemands. Le taux d’investissement au Maroc par les Allemands a augmenté de 600% depuis 2010. Toutefois, le plus gros dommage collatéral de cette crise politique est notre coopération au niveau des énergies renouvelables, particulièrement tout ce qui est hydrogène.


- Le Royaume dispose d’un grand potentiel de production d’hydrogène. Avant l’apparition des tensions diplomatiques, un accord bilatéral a été signé en juin 2020 pour développer un marché régional de Power to X. Où en est-on aujourd’hui ?

- A cause de la crise, on a perdu du temps précieux alors que le sujet d’hydrogène est un secteur clé pour les deux pays. L’Allemagne est en train de rechercher des partenaires à l’échelle mondiale à ce niveau et le Maroc représente un leader mondial au niveau des énergies renouvelables. Le secteur industriel allemand est très intéressé par l’accélération des échanges entre les deux pays afin d’importer l’hydrogène ou d’autres produits Power to X vers l’Allemagne et d’autre côté aussi de travailler sur le transfert des technologies, surtout tout ce qui est utilisation de l’hydrogène au Maroc.


- Le secteur automobile figure parmi les principaux postes d’exportation du royaume. Quel est le poids des opérateurs allemands et peut-on s’attendre à l’implémentation de nouveaux fabricants allemands dans le pays ?

- A la Chambre, nous avons créé un cercle de travail de l’automobile. Nous avons 30 entreprises qui sont investies dans les chaînes de valeur automobiles au Maroc et en Allemagne, dont 3 principaux éléments, à savoir les fournisseurs, l’offshoring des solutions engineering et la Recherche et Développement. On peut citer à titre d’exemple Opel à Kénitra ou le centre d’essais à Oued Zem lancé par l’allemand FEV groupe. Je tiens à préciser que le Maroc, avec sa stratégie économique, son positionnement au niveau de la logistique et de l’infrastructure… est favorable à la création et au développement d’un écosystème allemand d’automobile au Maroc.


- Quelle est la place de la R&D dans les relations maroco-allemandes, notamment en matière de transfert de technologies ?

- Le Maroc dispose d’un capital humain d’ingénieurs bien instruits, il y a également le comité d’entrepreneurs germano-marocains qui sont des Marocains qui ont fait leurs études en Allemagne ou ayant la double nationalité qui sont investis dans les domaines de l’IT et de la R&D. Les deux pays coopèrent également au niveau de la chimie et la parachimie et de l’automobile. Nous ne sommes pas ici pour vendre seulement, mais aussi pour essayer de trouver des solutions ensemble.


- Quels relais de croissance restent à explorer au niveau de la coopération industrielle maroco-allemande ?

- Je suis très optimiste à ce niveau. On peut parler de 3 secteurs clés de coopération : l’automobile, les énergies renouvelables et surtout l’hydrogène vert et puis tout ce qui est décarbonation et compétitivité des industriels marocains, surtout au niveau de l’économie 4.0 et la digitalisation. Le Maroc est d’ailleurs un hub pour l’Afrique, plus de 35 entreprises allemandes sont basées au Maroc pour gérer différents business en Afrique Noire.



Recueillis par Hiba CHAKER

Portrait


Wenzel, le promoteur des relations commerciales germano-marocaines
 
Andreas Wenzel a pris officiellement ses fonctions comme directeur général de la Chambre Allemande de Commerce et d’Industrie au Maroc le 1er septembre 2019. Depuis, « ce n’était point facile, ça avait coïncidé d’abord avec la crise due à la pandémie en 2020 puis avec la crise diplomatique en 2021», nous confie-t-il. Malgré ce contexte un peu délicat, A.Wenzel est chargé d’apporter une contribution positive à l’augmentation des échanges maroco-allemands et des investissements au Maroc en mettant en avant les opportunités offertes par ce pays stable et prometteur aux entreprises allemandes.

Avant d’atterrir au Maroc, le DG de la Chambre Allemande de Commerce et d’Industrie a cumulé 20 ans d’expérience sur le territoire africain, surtout en Afrique australe. Il a acquis de l’expérience dans des associations telles que l’Association Économique Germano-Africaine ainsi que dans une société de technologie minière sud-africaine.

D’ailleurs, A.Wenzel a récemment dirigé le département Afrique de l’Association des Chambres de Commerce et d’Industrie allemandes (DIHK) à Berlin et a pu introduire le point de vue de l’économie dans les discussions politiques sur l’Afrique. A.Wenzel semble croire fort en les potentialités de coopération germano-marocaines : « Grâce à son système économique, une infrastructure de pointe et des capacités de production compétitives sur le plan international, le Maroc est un marché et un pôle d’investissement attractif pour l’économie allemande », nous annonce-t-il d’un ton confiant.


H. Ch.