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Interview avec Amina Barakat « Le Maroc a fait un pas de géant pour réduire la mortalité néonatale »


Rédigé par Siham MDIJI Lundi 4 Octobre 2021

Malgré certaines lacunes quant à la qualité des services de néonatologie, plusieurs efforts ont été entrepris en vue d’assurer une meilleure prise en charge des nouveau-nés. Amina Barakat, Chef de service de médecine néonatale à l’Hôpital des Enfants de Rabat, nous dévoile les réalisations du Royaume.



- Le Maroc ne dispose que d’un seul centre de référence en néonatologie au service du CHU de Rabat. Est-ce suffisant à votre avis ?

- Effectivement, le Maroc dispose d’un seul Centre national de référence en Néonatologie et en Nutrition, qui est celui d’Ibn Sina de Rabat, mais il abrite d’autres centres de réanimation néonatale/néonatologie dans les différents CHU à Casablanca, à Fès, à Marrakech, à Oujda et bientôt à Tanger.

Le Royaume dispose également de certains services de néonatologie aussi bien dans les CHR et CHP, à El Jadida, à Tétouan et à Chefchaouen...Et aussi en privé. Ces centres font tous un excellent travail. Normalement, il faut veiller à ce qu’il y ait des centres de néonatologie de niveau 1 dans les CHP, de niveau 2 dans les CHR et de niveau 3 dans des centres hospitaliers universitaires, et ce, dans les différentes régions du Royaume, en créant des réseaux entre ces différents centres en intra-région et en inter-région et en insistant sur la collaboration public-privé.


- Quels sont les efforts que vous fournissez pour répondre aux besoins des mères et des nouveau-nés dans le service que vous dirigez ?

- Le service que je dirige est l’un des plus anciens et est une grande structure à l’échelle nationale. En effet, il n’a cessé de se développer en matière d’équipements médicaux, de compétences humaines et d’organisation des soins pour devenir, aujourd’hui, un centre qui draine annuellement plus de 3000 nouveau-nés en hospitalisation avec des milliers de prises en charge ambulatoires.

Pour augmenter la capacité de notre centre, nous avons, depuis 2012, mis en place deux unités de soins intensifs, en plus d’une unité de réanimation néonatale et en néonatalogie. En 2018, nous avons mis en place une unité Kangourou qui assure la prise en charge des pathologies minimes chez le nouveau-né, ensuite nous avons créé l’unité hôpital de jour qui veille à la prise en charge des pathologies en ambulatoire ; on a aussi mis en place une unité des urgences néonatales. Sans oublier le Centre d’Aide Médico-Psychosociale de néonatologie (CAMPS) qui est une structure médico-psycho-sociale dédiée à assurer le suivi des patients anciennement hospitalisés.

Cet énorme travail est le fruit des efforts d’une équipe médicale et infirmière investie dans la prise en charge néonatale, sans oublier l’excellent travail fait par nos psychomotriciens, psychologues, kinésithérapeutes et toute l’équipe administrative du centre, de la direction de l’hôpital et du CHU. Le travail en néonatologie nécessite de grandes compétences techniques mais aussi une rigueur infaillible.


- Il existe d’énormes difficultés liées aux disparités intra et interrégionales et à l’accès équitable aux soins de néonatologie. À votre avis, comment peut-on y remédier ?

- Tout à fait. Le ministère de la Santé a déjà travaillé sur un plan d’action dans ce sens. A mon avis, l’avenir est dans la détermination d’une filière de soins néonatals avec la création de réseaux de néonatalogie, voire même de périnatalogie dans chaque région, en intra-et inter-régions afin d’améliorer la prise en charge des nouveau-nés. Il est aussi vital de développer un transport dédié spécialement à ces derniers pour qu’ils puissent être transférés dans des conditions correctes.

Enfin, la mise en place de recommandations de bonnes pratiques en néonatologie et d’une spécialité médicale dédiée à la néonatologie s’avère plus qu’utile.


- Malgré le fait que la mortalité néonatale a enregistré une grande baisse ces dernières années, il reste encore du chemin à faire dans ce domaine. Est-ce que vous pensez que cela est dû principalement au manque de suivi de grossesse ou à d’autres facteurs liés aux lacunes auxquelles fait face notre système de santé ?

- Effectivement, le Maroc a fait un pas de géant en ce qui concerne la mortalité néonatale, et ce, en travaillant particulièrement sur deux éléments importants qui ont permis cette réduction. Il s’agit de la grossesse et de l’accouchement. Il y a eu énormément d’investissements qui ont permis l’amélioration de la santé des mères, que ce soit dans le suivi de la grossesse, dans le monitoring ou dans la médicalisation de l’accouchement, ce qui a impacté positivement la santé néonatale.

Pour poursuivre sur cet élan, il faudrait, aujourd’hui, travailler sur la qualité du suivi de la grossesse et sur celle du monitoring de l’accouchement. Ainsi, il faudrait promouvoir les soins néonatals en travaillant sur des plans dédiés spécifiquement à la réduction de la mortalité néonatale et en ciblant les trois pathologies qui demeurent meurtrières en néonatalogie, à savoir l’asphyxie périnatale, l’infection néonatale, la prématurité et le faible poids de naissance.


- Au moment où le Maroc vaccine les enfants de 12 à 17 ans, le débat est lancé dans plusieurs pays sur la vaccination anti Covid-19 des nouveau-nés : qu’en pensez-vous ?

- Le Comité national de vaccination n’est, actuellement, pas au point de discuter la vaccination anti Covid-19 chez les nouveau-nés. Néanmoins, il est à souligner que la vaccination chez les femmes enceintes et les femmes allaitantes, plus à risque que les autres face au variant Delta, est fortement recommandée du fait qu’elle les protège ainsi que leurs enfants.


Recueillis par Siham MDIJI

 

Portrait


Une femme au service des nouveau-nés

Actuellement Chef de service de médecine et réanimation néonatales au sein du Centre National de Référence en Néonatologie et en Nutrition, à l’hôpital d’enfants de Rabat, Amina Barakat est également docteur en nutrition et professeur universitaire à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat.

Outre les différents postes de responsabilités pédagogiques qu’elle a occupés au sein de l’Université Mohammed V, elle est à l’origine de l’organisation de plusieurs ateliers et de symposiums traitant de la santé de la femme et de l’enfant.

Ainsi, elle a été invitée pour animer des tables-rondes dans de multiples forums et congrès organisés par des organisations nationales et internationales, à savoir l’OMS, l’UNICEF, la FAO, etc. Ayant plus de 140 publications indexées et plus de 1000 conférences dans des manifestations nationales et internationales, elle a obtenu, en 2008 et en 2013, le Prix Maghrébin de Pédiatrie.

 








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