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Interview avec Ali Sedrati : "Pour une souveraineté de l’industrie pharmaceutique marocaine"


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 1 Mars 2021

De plus en plus urgent, surtout après la crise du Covid-19, le développement du secteur de l’industrie pharmaceutique est une nécessité pour garantir une indépendance nationale en la matière. Ali Sedrati, président de la FMIIP, nous en parle.



Ali Sedrati
Ali Sedrati
Récemment affiliée à la CGEM, la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP) plaide pour un développement de la production des médicaments au Maroc. Une revendication qui trouve écho dans la classe politique et notamment au Parti de l’Istiqlal. Ali Sedrati, président de la FMIIP, nous en parle, tout en se prononçant sur la relation des industriels marocains avec le ministère de la Santé et le projet de numérisation que ce dernier mène pour la gestion du secteur, une démarche qui a fait couler beaucoup d’encre. 

- Votre fédération a entamé un cycle de rencontres avec les partis politiques, dont la dernière a été avec le Parti de l’Istiqlal, quel en est l’enjeu ?

- Nous nous sommes réunis avec le Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, M. Nizar Baraka, accompagné d’une délégation du Bureau politique, et nous avons discuté de la situation du secteur de l’industrie pharmaceutique nationale. Notre réunion avec l’Istiqlal s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres avec les représentants des partis politiques, afin de mettre le point sur la situation de notre secteur, les défis qu’il rencontre et les perspectives de son développement pour faciliter l’accès des citoyens aux médicaments. Jusquelà, nous nous sommes entretenus avec deux partis, à savoir l’Istiqlal et l’USFP, dans l’attente d’achever le programme d’entrevues avec l’ensemble de la classe politique. Je tiens à préciser qu’il s’agit seulement d’une rencontre à caractère professionnel, nous avons discuté des aspects techniques et juridiques relatifs à l’amélioration de l’industrie pharmaceutique dans notre pays et la promotion du médicament « Made in Morocco ». Nos rencontres avec M. Baraka et avec les représentants de l’USFP se sont bien déroulées, dans un climat de confiance et de compréhension.

- Des informations ont évoqué votre agacement quant à un projet de numérisation du secteur de l’industrie pharmaceutique, mené par le ministère de la Santé, en collaboration avec une association étrangère, pouvez-vous nous en parler davantage ?

- Il s’agit de la mise en place d’une plateforme électronique par le ministère de la Santé et plus précisément par la Direction des Médicaments et de la Pharmacie. Cette plateforme est destinée à la gestion du secteur de l’industrie pharmaceutique, et notamment le traitement des demandes d’enregistrement et d’importation des médicaments. Pour notre part, nous avons demandé à ce que nous soyons consultés et associés dans la mise en œuvre de ce projet de numérisation, puisque nous en sommes les principaux concernés. C’est une revendication d’autant plus légitime que notre fédération représente plus de 80% des sociétés du secteur. Nous voulons donc apporter nos contributions et nos doléances.

- Après ce point de désaccord, vous demeurez en bons termes avec le ministère de la Santé ?

- Nous sommes conscients de la nécessité de travailler la main dans la main avec le ministère de la Santé, en tant qu’associés, en ce qui touche, de près ou de loin, l’industrie pharmaceutique. Le ministère reste le département de tutelle, et dispose de notre soutien dans sa politique de santé, et surtout dans sa nouvelle stratégie d’approvisionnement du marché national en médicaments, qu’ils soient génériques ou d’innovation. A ce titre, nous ne voulons que contribuer à ce chantier. Le plus important pour nous, est d’affermir la production des médicaments sur le sol marocain dans l’espoir d’assurer une souveraineté nationale dans les années à venir. Nous militions également pour la multiplication des investissements dans ce secteur, aussi bien par les firmes multinationales que par les firmes nationales.

- Quel est le but derrière votre affiliation à la Confédération Générale des Entreprises du Maroc ?

- D’abord, je précise que la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP) a remplacé l’ancienne « Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique » (AMIP), créée en 1985, et est désormais affiliée à la CGEM. C’est une étape importante qui va permettre aux industriels du secteur pharmaceutique de développer leurs activités, améliorer leur productivité pour satisfaire les besoins du marché national, et pourquoi pas développer l’offre exportable marocaine, en la matière. Le Parti de l’Istiqlal nous a exprimé sa pleine disposition à soutenir l’industrie pharmaceutique marocaine, dans le but d’affermir la souveraineté nationale dans ce secteur si important, d’autant que notre pays est entré dans la phase de généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), qui sera achevée en 2022.

Recueillis par Anass MACHLOUKH

Portrait

Ali Sedrati : la voix de l’industrie pharmaceutique nationale

Pharmacien de formation, et diplômé en 1976, Ali Sedrati fut chargé de mission au Service Central de la Pharmacie au ministère de la Santé entre 1976 et 1990. Il est directeur général du laboratoire « Pharmaceutical Institute » depuis août 1990, sachant qu’il avait fait office de partenaire et président de Glaxo Smith Kline Maroc, filiale de la multinationale britannique, pendant dix-huit ans, entre 1996 et 2014.

En 2018, il fut nommé à la tête de l’ex-Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique (AMIP) suite à son élection par l’Assemblée générale ordinaire, succédant ainsi à Ayman Cheikh Lahlou. L’AMIP s’est transformée en une fédération plus large en 2020.

Actuellement, Ali Sedrati est président de la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP), représentant des industriels de la Pharmacie à la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). La FMIIP a été admise à la CGEM en janvier dernier, et y dispose d’un siège au Conseil d’administration en tant que Fédération sectorielle statutaire externe. Cette corporation représente plus de trente sociétés pharmaceutiques, à savoir les sociétés nationales et les opérateurs marocains ayant des collaborations ou des partenariats avec des firmes étrangères ou multinationales. Soit la majorité des industriels nationaux. 
 
A. M.

Repères

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