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Interview avec Ahmed Djamai : « Il faut faire du “Youth Empowerment” une priorité nationale »


Rédigé par Mariem LEMRAJNI Lundi 28 Août 2023

23 jeunes entrepreneurs marocains ont participé pendant deux semaines à une session de formation exécutive axée sur l'entrepreneuriat et l'innovation sociale en Israël. Parmi eux se trouve Ahmed Djamai, spécialiste de la gestion de projets de coopération internationale, qui partagera davantage de détails dans cette entrevue.



- Pouvez-vous nous parler de votre expérience de formation sur l'écosystème d'entrepreneuriat efficace et l'innovation entre le Maroc et Israël ?

- Sous la conduite éclairée et visionnaire de SM le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste, le peuple marocain et le monde entier ont suivi avec énormément d’intérêt la déclaration conjointe Maroc-USA-Israël au niveau du Palais royal de Rabat, en décembre 2020.

Dans ce sens, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a rappelé à maintes reprises que cette déclaration tripartite a scellé la continuité de liens historiques et humains, d’un présent prometteur et d’un avenir commun, et trouve sa profondeur dans cette articulation des 3P : la Paix, le Partenariat et l’entente entre les Peuples.

Cet accord a, entre autres, comme portée le développement économique et social du Maroc, y compris le Sahara marocain, la promotion d’une coopération économique bilatérale, dynamique et innovante via l’impulsion de la finance, de l’investissement en matière d’innovation et de technologies, tout en tenant en compte le rôle incontournable joué par une diaspora d’un million d’Israéliens d’origine marocaine.

C’est dans cet élan de coopération sans précèdent qu’une délégation de 23 jeunes marocaines et marocains, entrepreneurs, représentants du secteur privé et du monde académique, a pris part durant deux semaines en Israël à une formation exécutive autour de l’entrepreneuriat et de l’innovation sociale. Cette formation, que je qualifierai de haut niveau, a été conçue et organisée par l’Agence israélienne pour la coopération internationale au développement-Mashav du ministère israélien des Affaires étrangères.

- Quelles ont été les principales thématiques abordées lors de cette formation ? Et comment voyez-vous la collaboration entre les deux pays en matière d'innovation, de technologie et d'entrepreneuriat ? Quelles sont les opportunités que vous avez identifiées ?

- Le pays est connu pour sa culture d'innovation et d'esprit d'entreprise menant un écosystème riche en technologie et services innovants. Il y existe un système de coopération élaboré entre les secteurs privé et public, ainsi que des programmes et des initiatives du gouvernement pour transformer les problèmes sociaux en solutions. Également, l'expansion des affaires et la facilitation de la création de réseaux sont favorisées.

La formation a offert aux participants marocains des outils de gestion des entreprises, des stratégies commerciales innovantes, de l’innovation technologique à la création de l’impact social, via des conférences, des cours pratiques et des visites sur terrain des meilleurs centres de recherche des Universités israéliennes et des entreprises qui font de la recherche et du développement leur priorité.

La formation dispensée a permis de toucher à des thématiques telles que la gestion du processus de l’innovation entre les Universités et le secteur privé, la gestion financière, la conception des stratégies de marketing, du local au mondial, l’entrepreneuriat social, la gestion et le renforcement des réseaux socioprofessionnels, et l’acquisition de compétences en leadership et en communication interpersonnelle.

J’ajouterai également que l’une des composantes incontournables de la réussite de cette mission était l’apprentissage en peer to peer entre les participants, des moments spontanés de partage des meilleures pratiques au Maroc, des retours d’expérience, des conseils, de la projection future autour des opportunités à créer ou à impulser dans le cadre de partenariats public-privé et privé-privé.

Ces opportunités fort prometteuses touchent aux domaines de la sécurité alimentaire, du stress hydrique, du digital, de l’artisanat, du tourisme, du commerce, des investissements dans les startups, des énergies renouvelables, de la culture, de l’éducation, de la science et de la recherche.

Personnellement, selon ma propre conviction et retour d’expérience, il y a deux facteurs indéniables à ajouter et qui marquent l’aspect exceptionnel du soft power et du partenariat maroco-israélien : « Les Jeunes » et « les Marocains Entrepreneurs et Hautes compétences d’Israël ».

- Pouvez-vous nous donner des exemples concrets d'innovations ou de projets entrepreneuriaux qui pourraient bénéficier de la collaboration entre les deux pays ?

- Ayant travaillé durant plusieurs années dans le domaine de la coopération bilatérale avec un focus sur l’économique, j’étais particulièrement intéressé, durant cette visite, par la compréhension et la connaissance de ce qui fait la force du phénomène des startups israéliennes, et le potentiel émergent de l’économie bleue.

L’écosystème de l’innovation porté par les startups en Israël, et au-delà du soutien tangible et fort remarquable reçu par tous les acteurs gouvernementaux et les forces vives, est marqué par la trilogie du : « Pragmatisme : droit au but » « le Think Globally & Act Locally» et « Relations avec les investisseurs ».

Le marché de consommation étant petit (environ 9 millions d’habitants) pousse chaque porteur de projet d’innovation et d’idée d’invention à voir au-delà des frontières israéliennes et de vérifier si le marché mondial est potentiellement prêt pour son produit ou service. Il s’en suit de trouver les mécanismes et les circuits d’investissement, à des stades de maturité différents, qui accompagneront le financement de l’innovation jusqu’à son arrivée chez le consommateur. Un marché en capitaux privés estimé en 2021 à 25,6 milliards de dollars.

Riche des 3500 Km de ses deux façades maritimes, concernant l’économie bleue, la remarquable auto-saisine 38/2018 publiée par le Conseil Economique, Social et Environnemental du Maroc a explicité son potentiel à devenir un nouveau pilier du nouveau modèle de développement au Maroc. Le récent partenariat avec la Banque Mondiale dans ce sens témoigne de l’intérêt stratégique de notre pays par rapport à ce secteur.

En 2018 également, l’Etat d’Israël a adopté la stratégie nationale pour l’économie bleue et créé en 2022 le Centre national israélien de l’économie bleue. C’est dans ce contexte que j’ai pris connaissance à Haïfa de deux startups opérant, l’une dans le domaine des membranes polymères et du traitement des eaux usées avec une maîtrise très considérable des coûts d’exploitation, et l’autre dans le développement des produits autour de dispositifs de santé en se basant sur la technologie des tissus adhésifs qui imitent les algues.

Fort de son ancrage, sa connaissance profonde et son rôle de propulseur du paradigme du gagnant-gagnant et de la triangulation sur le continent africain, le Maroc peut offrir énormément d’opportunités de collaboration avec les acteurs des secteurs public et privé d’Israël. Un cadre de partenariat permettant également d’innover, de réinventer l’économie autour de l’océan, le transfert technologique et la création de très nombreuses opportunités d’emploi.

- Comment envisagez-vous la diffusion des connaissances acquises lors de cette formation pour contribuer au développement de l'écosystème d'entrepreneuriat et de l'innovation dans votre région ?

- La spécificité de ce genre de cours exécutifs c’est qu’ils ne prennent un profond sens qu’avec l’action à entreprendre post-formation, d’où l’intitulé de formation-action ou formation-coopération, permettant la genèse d’initiatives sérieuses, fédératrices, intégrées, éco-systémiques facilitant la création des effets et de l’impact commun et bilatéral souhaités, tout en observant l’alignement aux priorités nationales en vigueur.

Ceci passera par une capitalisation des apprentissages acquis, de l’adaptation quant au contexte, du partage de l’intelligence individuelle vers une intelligence collective et finalement la création et l’action afin d’évoluer, innover et pouvoir survivre dans un contexte mondial fort évolutif.

Finalement, il est important de souligner le sérieux, le patriotisme, le génie créateur et l’esprit novateur – tous évoqués par Sa Majesté dans le discours du Trône - de la jeunesse marocaine. Il est question de faire du « Youth Empowerment » une priorité nationale et nous lui sommes extrêmement reconnaissants de cette confiance que nous saurons et ferons de notre mieux pour honorer.
 








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