L’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA) vient de lancer l'Institut de formation aux métiers de l’alphabétisation (IFMA). Comment a germé l’idée de créer cet établissement et quelles missions assurera-t-il ?
Comme vous le savez, l’analphabétisme demeure un défi de taille au Maroc, car près d’un tiers (32%) de la population âgée de 10 ans et plus est analphabète. En même temps, le pays a atteint un million d’inscrits dans les programmes d’alphabétisation par an.
Ceci dit, éradiquer ce fléau nécessite de relever un double défi : accroitre l’offre et améliorer sa qualité, en professionnalisant tous les maillons de la chaîne de valeur de l’action de l’alphabétisation. Tenant en compte l’ensemble de ces considérants, l’ANLCA a initié ce projet avec le soutien technique de l’UNESCO et l’appui financier de la Délégation l’Union européenne au Maroc (programme ALPHA III).
Le projet vise à former plus de 21.000 professionnels. Quels sont les métiers concernés par la formation proposée ?
Ces professionnels correspondent aux quatre métiers ciblés par le projet, qui jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre des programmes d'alphabétisation menés par l'agence et ses partenaires. Il s’agit, d’abord de « L'Alphabétiseur », « Educateur » ou « Formateur pour Adultes ». Lesquels sont en première ligne pour dispenser les compétences de base en lecture, écriture et calcul aux adultes, tout en adaptant leurs méthodes pédagogiques aux besoins spécifiques des apprenants adultes.
Et ensuite, vient « l'Encadrant » ou « Superviseur des Programmes d'Alphabétisation », qui assure la liaison entre les formateurs, les apprenants et les opérateurs. Il veille à ce que les objectifs pédagogiques soient atteints de manière efficace.
De plus, « le Formateur de Formateurs », se charge de former et de développer les compétences des alphabétiseurs et des autres professionnels impliqués dans l’alphabétisation des adultes. Et enfin, le « Manager de Formation » dont la mission est de planifier, coordonner et superviser les activités, de manière à s’assurer du respect des modalités de mise en œuvre.
Quelles sont les compétences que l’Institut cherchera à développer chez les futurs professionnels concernés par la formation ?
En se basant sur un dispositif de formation hybride, l’Institut cherchera la capacitation de ces professionnels en leur dotant des connaissances et habilité traduisant en pratiques andragogiques, permettant à l’apprenant des programmes d’alphabétisation d’acquérir les compétences de base, d’apprendre et de se projeter dans la formation post alphabétisation ainsi que l’apprentissage tout au long de la vie.
Ces compétences professionnelles visées d’ordre andragogique et celles des habilités de vie sociale et d’insertion socioéconomique, propres pour chaque métier, permettront à ces professionnels d’exercer leurs fonctions et de faciliter les apprentissages à leurs apprenants en vue de les inscrire dans un processus d’apprentissage continu, question de faciliter leur insertion socio-économique.
Les spécialistes insistent sur l’importance d’une culture d’apprentissage en phase avec le développement technologique, question d’atténuer le fossé numérique dans ce sens. Quelle place donc pour le numérique dans la formation proposée par l’IFMA ?
Effectivement, la formation en ligne occupe une place importante au niveau du dispositif de l’IFMA, question de préparer les professionnels à un environnement de travail de plus en plus numérisé. En plus de l’apprentissage en présentiel, l’IFMA offrira une formation à distance à travers la plateforme dédiée et qui permettrait aux professionnels d’acquérir les compétences cognitives et les habilités nécessaires, selon leurs rythmes d’apprentissage en auto-formation, leur permettant de s'adapter aux exigences changeantes du monde professionnel et à réduire le fossé numérique.
Modulable et flexible en termes de durée, la formation en ligne est dispensée suivant des parcours personnalisés visant à amener les apprenants, ayant différents niveaux de connaissances et de compétences, au même niveau, en amont et en cours de l’exercice de leurs fonctions.
Quelles sont les ressources humaines et matérielles mobilisées dans ce projet ?
L’Agence, dans le cadre de sa Feuille de route 2023-2027, et suivant sa démarche de mise en œuvre du dispositif de formation de l’IFMA d’une façon graduelle et évolutive, explorera avec ses partenaires nationaux techniques et financiers les pistes d’appui à l’IFMA. L’agence fera également appel à travers ses propres moyens à prévoir et mettre en place les moyens financiers, techniques et humains nécessaires à la disposition de formation aux professionnels concernés.
Quel est le processus de mise en place de projet ?
La mise en œuvre du projet de création de l’IFMA, exécutée sur 30 mois (juin 2021-novembre 2023), a été structurée en deux grandes phases. La première consiste à développer le contenu de formation, puis la plateforme d’e-learning sans oublier la structuration de la gouvernance de l’IFMA.
La deuxième phase consiste à expérimenter ce dispositif dans la perspective de le généraliser. Cette phase a été menée dans deux régions pilotes, à savoir Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Béni Mellal-Khénifra. Elle a porté sur l’expérimentation de l’opérationnalisation de l’IFMA à travers la mise en œuvre de la formation des professionnels des 4 métiers et leur accompagnement sur le terrain.
Auxquels défis la mise en œuvre des objectifs de cet institut est confrontée actuellement et dans le futur ?
Au-delà de la question du financement et celle des ressources humaines pour généraliser la formation à large échelle, je dirai surtout le fait d’élargir le pool d’experts et des professionnels de formation de l’Institut maitrisant la nouvelle approche de formation afin de faciliter la mise en œuvre et la généralisation de ses actions.
A cela, s’ajoute la valorisation de la formation offerte par cet Institut via la reconnaissance et la certification de son offre de formation.
Quelle approche communicationnelle comptez-vous adopter pour mieux attirer votre cible dans toutes les régions du Royaume ?
L’Agence, à travers le lancement des appels à projets annuel, lancera, en même temps au niveau des réseaux sociaux et de son site officiel, une campagne d’information et de sensibilisation de la mise en place de l’Institut pour encourager l’accès des professionnels à l’offre de formation.
Cette communication sera à grande échelle. Elle sera menée également au niveau régional et provincial à travers la mise en œuvre des actions des plans régionaux d’alphabétisation, en vue de faire connaître l’établissement et d’attirer les professionnels cibles.
Comment sera-t-il en mesure d’agir sur l’attractivité des métiers de l’alphabétisation ?
L’Institut, à travers son offre de formation, agira sur l’attractivité des métiers, en stabilisant ce dispositif de formation et en œuvrant pour plaider à la reconnaissance et la structuration de ces métiers qui restent informels. Il s’agira, également, de la capacitation et du renforcement de compétences en continu de ces professionnels à travers le développement de communautés de pratiques constitués des utilisateurs formés par l’Institut.
Aussi, l’Agence, à travers le lancement des appels à projets, et la contractualisation annuelle avec les ONG, va instaurer un système d’encouragement des ONG à maintenir les professionnels formés par l’Institut au niveau de leurs nouvelles conventions de partenariat avec ladite Agence, action qui stabilisera ces professionnels à leurs postes. Sans compter le travail qui sera mené sur l’amélioration des conditions d’exercice de ces fonctions.
Mina ELKHODARI
Comme vous le savez, l’analphabétisme demeure un défi de taille au Maroc, car près d’un tiers (32%) de la population âgée de 10 ans et plus est analphabète. En même temps, le pays a atteint un million d’inscrits dans les programmes d’alphabétisation par an.
Ceci dit, éradiquer ce fléau nécessite de relever un double défi : accroitre l’offre et améliorer sa qualité, en professionnalisant tous les maillons de la chaîne de valeur de l’action de l’alphabétisation. Tenant en compte l’ensemble de ces considérants, l’ANLCA a initié ce projet avec le soutien technique de l’UNESCO et l’appui financier de la Délégation l’Union européenne au Maroc (programme ALPHA III).
Le projet vise à former plus de 21.000 professionnels. Quels sont les métiers concernés par la formation proposée ?
Ces professionnels correspondent aux quatre métiers ciblés par le projet, qui jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre des programmes d'alphabétisation menés par l'agence et ses partenaires. Il s’agit, d’abord de « L'Alphabétiseur », « Educateur » ou « Formateur pour Adultes ». Lesquels sont en première ligne pour dispenser les compétences de base en lecture, écriture et calcul aux adultes, tout en adaptant leurs méthodes pédagogiques aux besoins spécifiques des apprenants adultes.
Et ensuite, vient « l'Encadrant » ou « Superviseur des Programmes d'Alphabétisation », qui assure la liaison entre les formateurs, les apprenants et les opérateurs. Il veille à ce que les objectifs pédagogiques soient atteints de manière efficace.
De plus, « le Formateur de Formateurs », se charge de former et de développer les compétences des alphabétiseurs et des autres professionnels impliqués dans l’alphabétisation des adultes. Et enfin, le « Manager de Formation » dont la mission est de planifier, coordonner et superviser les activités, de manière à s’assurer du respect des modalités de mise en œuvre.
Quelles sont les compétences que l’Institut cherchera à développer chez les futurs professionnels concernés par la formation ?
En se basant sur un dispositif de formation hybride, l’Institut cherchera la capacitation de ces professionnels en leur dotant des connaissances et habilité traduisant en pratiques andragogiques, permettant à l’apprenant des programmes d’alphabétisation d’acquérir les compétences de base, d’apprendre et de se projeter dans la formation post alphabétisation ainsi que l’apprentissage tout au long de la vie.
Ces compétences professionnelles visées d’ordre andragogique et celles des habilités de vie sociale et d’insertion socioéconomique, propres pour chaque métier, permettront à ces professionnels d’exercer leurs fonctions et de faciliter les apprentissages à leurs apprenants en vue de les inscrire dans un processus d’apprentissage continu, question de faciliter leur insertion socio-économique.
Les spécialistes insistent sur l’importance d’une culture d’apprentissage en phase avec le développement technologique, question d’atténuer le fossé numérique dans ce sens. Quelle place donc pour le numérique dans la formation proposée par l’IFMA ?
Effectivement, la formation en ligne occupe une place importante au niveau du dispositif de l’IFMA, question de préparer les professionnels à un environnement de travail de plus en plus numérisé. En plus de l’apprentissage en présentiel, l’IFMA offrira une formation à distance à travers la plateforme dédiée et qui permettrait aux professionnels d’acquérir les compétences cognitives et les habilités nécessaires, selon leurs rythmes d’apprentissage en auto-formation, leur permettant de s'adapter aux exigences changeantes du monde professionnel et à réduire le fossé numérique.
Modulable et flexible en termes de durée, la formation en ligne est dispensée suivant des parcours personnalisés visant à amener les apprenants, ayant différents niveaux de connaissances et de compétences, au même niveau, en amont et en cours de l’exercice de leurs fonctions.
Quelles sont les ressources humaines et matérielles mobilisées dans ce projet ?
L’Agence, dans le cadre de sa Feuille de route 2023-2027, et suivant sa démarche de mise en œuvre du dispositif de formation de l’IFMA d’une façon graduelle et évolutive, explorera avec ses partenaires nationaux techniques et financiers les pistes d’appui à l’IFMA. L’agence fera également appel à travers ses propres moyens à prévoir et mettre en place les moyens financiers, techniques et humains nécessaires à la disposition de formation aux professionnels concernés.
Quel est le processus de mise en place de projet ?
La mise en œuvre du projet de création de l’IFMA, exécutée sur 30 mois (juin 2021-novembre 2023), a été structurée en deux grandes phases. La première consiste à développer le contenu de formation, puis la plateforme d’e-learning sans oublier la structuration de la gouvernance de l’IFMA.
La deuxième phase consiste à expérimenter ce dispositif dans la perspective de le généraliser. Cette phase a été menée dans deux régions pilotes, à savoir Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Béni Mellal-Khénifra. Elle a porté sur l’expérimentation de l’opérationnalisation de l’IFMA à travers la mise en œuvre de la formation des professionnels des 4 métiers et leur accompagnement sur le terrain.
Auxquels défis la mise en œuvre des objectifs de cet institut est confrontée actuellement et dans le futur ?
Au-delà de la question du financement et celle des ressources humaines pour généraliser la formation à large échelle, je dirai surtout le fait d’élargir le pool d’experts et des professionnels de formation de l’Institut maitrisant la nouvelle approche de formation afin de faciliter la mise en œuvre et la généralisation de ses actions.
A cela, s’ajoute la valorisation de la formation offerte par cet Institut via la reconnaissance et la certification de son offre de formation.
Quelle approche communicationnelle comptez-vous adopter pour mieux attirer votre cible dans toutes les régions du Royaume ?
L’Agence, à travers le lancement des appels à projets annuel, lancera, en même temps au niveau des réseaux sociaux et de son site officiel, une campagne d’information et de sensibilisation de la mise en place de l’Institut pour encourager l’accès des professionnels à l’offre de formation.
Cette communication sera à grande échelle. Elle sera menée également au niveau régional et provincial à travers la mise en œuvre des actions des plans régionaux d’alphabétisation, en vue de faire connaître l’établissement et d’attirer les professionnels cibles.
Comment sera-t-il en mesure d’agir sur l’attractivité des métiers de l’alphabétisation ?
L’Institut, à travers son offre de formation, agira sur l’attractivité des métiers, en stabilisant ce dispositif de formation et en œuvrant pour plaider à la reconnaissance et la structuration de ces métiers qui restent informels. Il s’agira, également, de la capacitation et du renforcement de compétences en continu de ces professionnels à travers le développement de communautés de pratiques constitués des utilisateurs formés par l’Institut.
Aussi, l’Agence, à travers le lancement des appels à projets, et la contractualisation annuelle avec les ONG, va instaurer un système d’encouragement des ONG à maintenir les professionnels formés par l’Institut au niveau de leurs nouvelles conventions de partenariat avec ladite Agence, action qui stabilisera ces professionnels à leurs postes. Sans compter le travail qui sera mené sur l’amélioration des conditions d’exercice de ces fonctions.
Mina ELKHODARI