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Actu Maroc

Interdiction de traiter avec les entreprises marocaines: Tebboune s’autoflagelle


Rédigé par A. A. Mardi 11 Mai 2021

La décision du président algérien de stopper tout contrat avec des entreprises marocaines, représente avant tout une perte d’attractivité pour l’économie algérienne et son climat des affaires.



​En ordonnant aux entreprises algériennes publiques comme privées de « résilier immédiatement » tous leurs engagements avec des entreprises marocaines, le président Abdelmadjid Tebboune vient de franchir un pas en arrière dans les relations entre Rabat et Alger. Cette décision unilatérale de la présidence algérienne vise notamment la Compagnie Algérienne d’Assurance et de Réassurance (CAAR) et la Société Algérienne d’Assurance (SAA).

Des entreprises coupables, selon le locataire du palais de la Mouroudia, d’avoir opté pour l’utilisation d’une solution marocaine, dite ORASS, pour assurer une gestion décentralisée des opérations techniques d’assurances. Editée par l’entreprise Orsys, cette solution est utilisée par plus de 75 entreprises d’assurances, dont 50 compagnies africaines. Contacté par « L’Opinion », le management d’Orsys n’a pas souhaité apporter de commentaire.

D’ailleurs, la circulaire présidentielle, dont « L’Opinion » détient une copie, et qui accordait un délai de 10 jours aux opérateurs algériens pour cesser tout partenariat avec leurs homologues marocains, semble avoir été émise en avril, ce qui signifie qu’à ce jour, le délai est plus que consommé.

Pour l’heure, aucune réaction officielle marocaine n’a été enregistrée. «Si la décision du président algérien s’avère vraie, elle n’aura aucun impact sur les entreprises marocaines vu le faible niveau de coopération économique entre les deux pays», précise Mehdi Fakir, économiste. Là où l’avocat Omar Benjelloun souligne que « la raison économique et contractuelle ne répondent pas aux velléités belliqueuses du pouvoir exécutif. Il y a différentes formes de conventions qui régulent la présence des opérateurs marocains en Algérie, à savoir les marchés publics, les partenariats publics-privés ou les contrats commerciaux ordinaires ». Cette décision du président algérien, en plus de signifier une escalade dans les tensions entre Rabat et Alger, ne pourrait que porter préjudice à l’attractivité déjà mise à mal de son économie et encore plus dégrader le climat des affaires algérien. Ce genre de décisions représente des épouvantails pour les investisseurs internationaux qui craignent de se retrouver pris en otage, en cas de crise politique entre le gouvernement algérien et leurs pays respectifs.

« Dans ces cas de figures, des dispositifs de rupture de contrats, de compétences juridictionnelles et de clauses compromissoires renvoyant à l’arbitrage privé ou international sont généralement prévus. Des décisions aussi arbitraires si elles ont à sortir de leurs contextes verbaux et être exécutés coûteront plus cher au contribuable algérien qui n’a pas participé à cette saute d’humeur qu’aux entreprises marocaines. Elles n’entacheront pas la confiance historique et fraternelle entre les deux peuples », explique Benjelloun.