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Inflation : Le Royaume s’en sort mieux avec une faible incidence


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 11 Novembre 2021

Le rapport de PCNS intitulé « La hausse de l’inflation est-elle un risque mondial ? » relève que la crise du Covid-19 n’a pas affecté de manière significative la dynamique des prix au Maroc, reflétée par une légère hausse de l’inflation globale et une inflation sous-jacente stable. En effet, depuis 2009, l’inflation au Maroc a varié de près de 1%, bien en dessous du seuil de 2% enregistré de 2000 à 2009 avant la crise financière mondiale. Analyse.



C’est un rapport qui va faire couler beaucoup d’encre en cette période de Covid-19 au moment où les économies se relèvent lentement mais sûrement et que la consommation prend de l’envol. Il s’agit du document intitulé « La hausse de l’inflation est-elle un risque mondial ? ». Un rapport coécrit par Abdelaaziz Ait Ali et Uri Dadush, respectivement Economiste senior résident et Senior Fellow dans le dernier policy brief du Policy Center for the New South (PCNS).

Cette analyse arrive au moment où le FMI s’inquiète du renchérissement des prix à la consommation avec beaucoup d’incertitudes sur le pouvoir d’achat à l’échelle mondiale pouvant conduire à une inflation galopante dans certains pays. C’est cette boucle entre les prix des matières premières, les prix des produits, les salaires, qui pourrait générer de l’inflation. Cela dit, aujourd’hui, la majorité des économistes pense que ce phénomène est transitoire. Mais certainement, il risque d’être persistant, avec un pic d’inflation en fin d’année, et l’année prochaine, estiment d’autres économistes, on va rester sur des inflations relativement élevées.

À l’échelle de l’OCDE, qui regroupe la plupart des pays développés, l’inflation a été de 4,2% sur un an en juillet, et de 3,1% en excluant les produits volatils tels que l’alimentation et l’énergie. Aux États-Unis, la hausse des prix a atteint au deuxième trimestre son plus haut niveau depuis près de quarante ans. La zone euro a affiché en août un plus haut en dix ans. L’inflation dépasse largement les limites généralement tolérées par leurs banques centrales, à savoir plus ou moins 2%. Ailleurs, l’Afrique du Sud a affiché +4,6% en juillet, l’Inde +5,59%, le Brésil +8,99%.

Hausse des prix

Pour les deux auteurs, si l’accélération des prix se maintient longtemps, les valeurs nominales et les salaires ne manqueront pas de suivre et d’alimenter un cercle vicieux autrefois familier de hausse des prix et des salaires. Si cela n’arrive pas, soulignent Abdelaaziz Ait Ali et Uri Dadush, les travailleurs verront leur pouvoir d’achat baisser avec une nouvelle redistribution des revenus vers la capitale.

Pour le cas du Maroc, le rapport révèle que l’inflation globale est passée de 0,9% en moyenne sur la période 2017 - avril 2020 à 1,4% en avril 2021, en raison essentiellement de l’accélération de la hausse des prix dans le secteur des transports à 9,5%, reflétant l’augmentation des cours mondiaux du pétrole.

Pour eux, la hausse des prix des denrées alimentaires a été faible jusqu’en avril, puis s’est accélérée pour enregistrer une augmentation de 2,2% en glissement annuel, la plus élevée depuis la moitié de 2018. Ce qui fait dire aux deux coauteurs que la crise du Covid-19 n’a pas affecté de manière significative la dynamique des prix au Maroc, reflétée par une légère hausse de l’inflation globale et une inflation sous-jacente stable.

En effet, peut-on lire dans le document, depuis 2009, l’inflation au Maroc a varié de près de 1%, bien en dessous du seuil de 2% enregistré de 2000 à 2009 avant la crise financière mondiale, rappellent les deux spécialistes.

Inflation faible

A ce sujet, les deux rapporteurs, relèvent que la décélération des prix a été associée à une baisse du taux de croissance à long terme de plus de 1 point de pourcentage. Dans ce sens, ils estiment qu’une inflation faible, imprévue et persistante, peut faire monter les taux d’intérêt réels, réduisant ainsi la volonté d’investir. Ce qui dénote la résilience de l’économie marocaine car dans l’ensemble, font remarquer Abdelaaziz Ait Ali et Uri Dadush, une augmentation de 1% de l’inflation globale ou même de l’inflation sous-jacente n’aura pas d’implications négatives significatives au Maroc.

Enfin, dans leur analyse l’échelle mondiale, l’inflation globale sur l’année jusqu’en avril 2021 était plus élevée que l’inflation sur 2017 à avril 2020 dans 25 pays, représentant la moitié du PIB mondial, mais il était inférieur dans 14 pays, dont la Chine, représentant 32% de PIB.

Cependant, conclut le rapport, l’inflation globale inclut l’effet des prix alimentaires et pétroliers très volatils, lesquels ont connu une forte hausse. Depuis mai 2020, les prix des denrées alimentaires enregistrés sur un an sont en augmentation de 32% jusqu’en avril 2021. De même, les prix du pétrole ont grimpé, atteignant 63 $ le baril à fin avril 2021 pour WTI et 80 $ en octobre, contre 23 $ il y a un an et 55 $ en avril 2019.

Wolondouka SIDIBE


A propos du PCNS

Le Policy Center for the New South (PCNS) est un think tank marocain dont la mission est de contribuer à l’amélioration des politiques publiques, aussi bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et l’Afrique, parties intimes du Sud global.

Le PCNS défend le concept d’un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entrepreneur ; un Sud qui définit ses propres narratifs, ainsi que les cartes mentales autour des bassins de la Méditerranée et de l’Atlantique Sud, dans le cadre d’un rapport décomplexé avec le reste du monde. Il se propose d’accompagner, par ses travaux, l’élaboration des politiques publiques en Afrique, et de donner la parole aux experts du Sud sur les évolutions géopolitiques qui concernent.

Ce positionnement, axé sur le dialogue et les partenariats, consiste à cultiver une expertise et une excellence africaines, à même de contribuer au diagnostic et aux solutions des défis africains.