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Actu Maroc

Industrie du plastique : Un secteur à la croisée des chemins ! [INTÉGRAL]


Rédigé par Soufiane CHAHID Dimanche 21 Mai 2023



 C’est un des secteurs les plus importants de l’industrie nationale, et pourtant les défis auxquels il doit faire face restent énormes. Explosion des coûts de matière première, normes écologiques, innovation, les plasturgistes marocains se préparent à entamer un virage considérable qui va déterminer leur avenir. C’est dans ce contexte que la Fédération Marocaine de Plasturgie (FMP) s’apprête à organiser, du 7 au 10 juin prochains, à la fois la 9ème édition du PlastExpo et la 4ème édition de PackExpo.
 
La plasturgie au Maroc, c’est un chiffre d’affaires annuel de 28 milliards de dirhams et près de 75.000 emplois directs, ce qui en fait le deuxième secteur le plus important dans la transformation des industries chimiques du pays. “Contrairement à ce qu’on croit, le plastique ne se limite pas aux usages quotidiens. 90% de la production est orientée vers l’industrie, ce qui en fait une industrie locomotive”, a expliqué Ahmed Ben El Arroubia, directeur général de Nanoplast Industrie, lors de la conférence de presse d’annonce des deux événements.
 
Innover ou mourir
 
Parmi ces clients, on dénombre des industries de pointe comme l’automobile, l'aéronautique, ou encore les dispositifs médicaux. Et la demande ne fera qu’augmenter dans les prochaines années. Extrait du pétrole, le plastique est paradoxalement un élément important de la transition écologique. Par exemple, les fabricants de voitures électriques recourent massivement à cette matière pour réduire le poids de leurs véhicules. Le plastique permet aussi une meilleure isolation thermique des bâtiments.
 
Même chose pour la gestion de l’eau, puisque le plastique entre dans la fabrication des systèmes d'irrigation goutte-à-goutte, ainsi que dans les canalisations. “C’est pour cela qu’il faut miser sur l’innovation pour développer de nouveaux créneaux, de nouveaux produits, de nouveaux composites à même d’accompagner ces nouveaux défis”, poursuit Ahmed Ben El Arroubia.
 
Sur ce point, les représentants de la FMP sont unanimes : pour rester compétitif, il faut innover. Le plastique de demain ne sera plus celui d’hier, et devra intégrer les normes écologiques et satisfaire les nouveaux besoins du marché. Pour y arriver, l’industriel appelle le secteur à s’ouvrir aux universités et centres de recherche, afin de l’aider dans ce chantier.
 
Economie circulaire
 
Comme le reste des secteurs de l’économie, l’industrie du plastique a subi de plein fouet la flambée des prix des matières premières. “Nos coûts d’approvisionnement ont augmenté de 100 à 120%, une hausse qu’on a fini par répercuter sur nos prix de vente”, nous confie Nabil Saouaf, directeur de la FMP. La situation était d’autant plus compliquée que le secteur est fortement dépendant des importations de la matière première, et que les industriels ont dû faire face aux perturbations des chaînes logistiques et de l’augmentation des prix de transport.
 
Heureusement, nous avons pu traverser cette phase en comptant sur la matière recyclée et sur le PVC fabriqué localement”, nous explique Nabil Saouaf. Le polychlorure de vinyle (PVC), un des principaux intrants de la plasturgie, est fabriqué au Maroc par une seule entreprise, la SNEP (groupe Chaâbi). En raison de ce statut, l’entreprise bénéficie de mesures de défense commerciale contre les importations concurrentes (voir encadré).
 
Près de 30% de l'approvisionnement vient de la matière recyclée. Sur ce volet, la FMP veut aller plus loin dans le traitement et la valorisation des déchets plastiques, en mettant en place une nouvelle approche d’économie circulaire. “Le déchet plastique est un gisement, et aujourd’hui on ne demande que de l’avoir car il nous permet d’être compétitifs. Mais la problématique est assez complexe et dépasse les industriels. Elle implique des questions sociales, financières et humaines”, développe Nabil Saouaf.
 
Les industriels du plastique assurent cependant avoir grandement ouvert leur porte à ces travailleurs du recyclage, en intégrant au sein de leur fédération l’Association Marocaine de Recyclage et de Valorisation des Déchets Plastiques (AMRP).
 
Soufiane CHAHID

 

Trois questions à Nabil Saouaf “Le plastique est un facteur de compétitivité pour toute l’industrie marocaine”

Nabil Saouaf, directeur de la Fédération Marocaine de Plasturgie (FMP), a répondu à nos questions concernant la souveraineté et la compétitivité à l’international de l’industrie marocaine du plastique.
 
Peut-on dire aujourd’hui que l’industrie du plastique a garanti sa souveraineté ?
 
Le chemin vers la souveraineté est assez long et demande beaucoup de travail, non seulement des industriels mais aussi de l’administration et de tous les intervenants. Nous sommes dans un secteur qui a beaucoup de responsabilités, parce qu’on est facteur de compétitivité pour toute l’industrie marocaine. Si nous arrivons à être compétitifs, cette compétitivité nous allons la faire passer au deuxième maillon, à savoir les autres industriels, et par-là être plus compétitif à l’international.
 
Nous croyons que nous pouvons atteindre la souveraineté. Il y plusieurs chantiers sur lesquels nous travaillons actuellement, notamment la substitution des importations avec le ministère de l’Industrie, et la recherche et développement avec des centres de recherches, des universités et des sociétés d'ingénierie.
 
Les plasturgistes arrivent-ils à exporter leurs produits ?
 
Dans le plastique, il y a des produits exportables et d’autres qui ne le seront jamais. Par exemple, si vous voulez exporter une canalisation d’un mètre de diamètre, vous ne serez pas compétitif à cause du coût de transport.
 
Par contre, certains produits sont exportables et on les exporte. Ce sont des produits de moyenne série, des produits de petite et moyenne taille, des produits où on est arrivé à avoir des économies d’échelle. En plus, on est deuxième exportateur indirect, notamment en agroalimentaire, à travers les emballages plastiques.
 
Les mesures de défense commerciale sur le PVC vous pénalisent-elles ?
 
Nous avons une production de PVC au Maroc, et c’est quelque chose de très important et qui nous a sauvés durant la pandémie. Ces mesures anti-dumping touchent la matière première, alors que le produit fini n’est pas touché par ces mesures, et cela crée un déséquilibre pour les industriels. Et, mine de rien, on va se retrouver avec des produits finis en PVC qui sont vendus moins cher que la matière première au Maroc. Pour résoudre ce problème, nous sommes en train d’étudier des solutions avec le ministère de l’Industrie.
 
Recueillis par S. C.
 
 
 

PVC : Protéger la production nationale

Le polychlorure de vinyle (PVC), qui sert à fabriquer le plastique, est produit au Maroc par le Société Nationale d'Electrolyse et de Pétrochimie (SNEP). Sauf que l’industriel fait face à une concurrence internationale qui menace son existence et, par conséquent, la souveraineté nationale dans ce domaine.
 
Depuis 2017, les importations du PVC originaires de l'Union Européenne, du Royaume-Uni et du Mexique sont soumises à un droit supplémentaire qui varie de 17,12 à 48,20%. En effet, le ministère de l’Industrie avait estimé, après enquête, que la SNEP subissait une concurrence déloyale sous forme de dumping par les importateurs.
 
Mais cette situation n’est pas sans conséquence pour les industriels de la plasturgie. S’ils peuvent s’approvisionner en PVC marocain, ce produit fabriqué localement reste cher par rapport à la concurrence internationale et donc le produit fini en plastique est lui-même peu compétitif.
 
Nabil Saouaf, directeur de la Fédération Marocaine de Plasturgie (FMP), propose de protéger l’aval comme l’amont du secteur de la plasturgie. Les mesures de sauvegarde pourraient ainsi s’étendre à toute la chaîne, pour garantir à la fois la souveraineté et la compétitivité du produit final.

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Pétrochimie : Vers une souveraineté "intelligente"

Pour garantir la souveraineté de l’industrie plastique, il faut d’abord garantir celle de son approvisionnement. Et c’est là où entre en jeu l’industrie chimique, en général, et pétrochimique, en particulier. Cette question de souveraineté a été mise en avant, le 17 mai, lors du premier Forum International de la Chimie.
 
"Depuis la Journée nationale de l'industrie, Sa Majesté le Roi a tracé les nouvelles orientations claires pour entrer dans une nouvelle ère industrielle qui sera basée sur la souveraineté comme moyen et comme finalité", a expliqué Ryad Mezzour lors de ce forum, tenu à l'initiative de la Fédération de la Chimie et de la Parachimie.
 
Et d'expliquer qu'il ne s'agit pas d'une souveraineté "protectionniste", mais plutôt d'une souveraineté "intelligente", ouverte sur le monde et qui répond aux besoins des citoyens, de l'environnement, et aux enjeux de demain, en vue d'offrir des emplois à la hauteur des ambitions et des capacités des jeunes marocains qui sont de mieux en mieux formés.
 
Pour sa part, la ministre de la Transition énergétique Leila Benali a appelé à ne pas attendre une autre pandémie ou une autre crise sanitaire pour se rappeler l'importance de la chimie et de la parachimie, leur intégration verticale dans les secteurs et la nécessité de la recherche et développement dans le secteur en veillant à monétiser le capital humain et le capital minier au Maroc.
 
La ministre a relevé que les efforts du gouvernement actuel se poursuivent pour assurer un développement massif des investissements dans le réseau.