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International

Industrialiser l’Afrique : Pour une approche novatrice dans le secteur


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 8 Janvier 2024

La question de l’industrialisation et de la diversification de l’économie de l’Afrique doit être une priorité pour le continent. C’est un secteur pourvoyeur d’emplois, d’où la nécessité d’un nouveau départ sur le continent quand on sait que son tissu industriel peine à décoller, « faute de volonté politique et de stratégie concrète », dixit les spécialistes.



Le constat de Fagnon Kofi Samuel est on ne peut plus clair : « L’Afrique dispose d’un immense potentiel de croissance et de développement industriels. L’accélération de l’industrialisation de l’Afrique passera par des changements économiques structurels, une croissance inclusive et des emplois plus sûrs et mieux rémunérés ». Ce spécialiste de la question industrielle sur le continent ne mâche pas ses mots quand il voit que l’Afrique peine à s’industrialiser. Selon une étude de la Banque africaine de développement (BAD), « l’industrialisation en Afrique ne génère que 700 dollars américains de produit intérieur brut (PIB) par habitant en moyenne, trois fois moins qu’en Amérique latine (2500 dollars) et cinq fois moins qu’en Asie de l’est (3400 dollars) » et que les exportations du continent se composent de « produits manufacturés de faible technologie et de ressources naturelles non transformées ».

Pourtant, depuis 2018, la Journée de l’industrialisation de l’Afrique est célébrée à travers des événements durant une semaine, ce qui marque une rupture avec la tradition d’une journée, offrant ainsi davantage de temps pour réfléchir et accélérer les actions en faveur de la transformation structurelle de l’Afrique, en tant qu’instrument pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 et les Objectifs de développement durable (ODD) 2030.

Pour sa part, la BAD souligne, dans un récent rapport, que les progrès inégaux de l’Afrique sur la voie de l’industrialisation, ces dernières années, ont été particulièrement difficiles pour l’industrie africaine naissante. Plus récemment, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu des effets négatifs sur les importations de produits de base, entraînant une hausse des prix d’une série d’intrants, notamment de l’énergie.  
 
Potentiel de croissance

En outre, le changement climatique a un effet dévastateur sur l’Afrique : la hausse des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes et la pénurie d’eau ont un impact sur le secteur industriel du continent. Pour relever ces défis, les pays africains doivent investir dans les technologies vertes et les sources d’énergie renouvelables, et créer des chaînes de valeur régionales afin de garantir que leurs industries restent compétitives et résilientes, indique la BAD.

En effet, peu de pays africains sont dotés de capacités manufacturières très développées, mais certains ont néanmoins réalisé de solides progrès dans la mise en place de secteurs industriels. Le Cameroun et le Sénégal, par exemple, ont développé avec un succès notable l’emploi industriel, avec une augmentation de la production dans des secteurs tels que l’alimentation et les boissons, le textile et l’habillement, le bois et le papier, mais aussi les produits métalliques.

L’Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Sénégal et l’Afrique du Sud ont également créé des emplois dans les secteurs à forte intensité de connaissances, comme les matériels électriques, les machines et les équipements de transport. En Afrique du Nord, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, dont les secteurs industriels sont bien développés, produisent des automobiles, des textiles et des vêtements, des produits chimiques et des matériaux de construction.

Résultat : les pionniers de l’industrialisation en Afrique ont tiré plusieurs leçons sur la manière de stimuler, de manière optimale, la capacité industrielle du continent. Tout d’abord, il existe un consensus croissant pour reconnaître que les pays africains ont besoin de politiques industrielles plus proactives afin de stimuler le développement industriel. 

Par ailleurs, des pays comme le Ghana, l’Éthiopie et Maurice ont commencé à collaborer avec le secteur privé pour identifier et soutenir les jeunes industries ayant un potentiel de croissance. En développant de nouveaux instruments politiques, ces pays peuvent réaliser des investissements ciblés dans les infrastructures et les compétences, faciliter l’accès des entreprises aux capitaux, à la technologie et aux marchés d’exportation et établir des liens entre les fabricants, les investisseurs et les clients. Bien que ces initiatives n’en soient qu’à leurs débuts, elles peuvent d’ores et déjà stimuler le développement industriel. 
 
Augmenter les investissements

Sur un autre plan, les experts de la banque panafricaine relèvent que le développement industriel de l’Afrique doit impérativement combler les lacunes en matière d’infrastructures. Des études ont montré que le processus long et coûteux d’acheminement des marchandises sur les fragiles voies de transport terrestre du continent limite la participation de l’Afrique aux chaînes de valeur mondiales pour les produits électroniques et agricoles.

Pour garantir la livraison des marchandises en temps voulu, les pays africains doivent augmenter leurs investissements dans les infrastructures, y compris dans l’administration des frontières, les transports et les communications, afin de renforcer la compétitivité industrielle de l’Afrique.

Par exemple, le projet de pont reliant le Sénégal à la Gambie, financé par la Banque et achevé en 2019, qui comprend une frontière à guichet unique, mise en service en 2022, facilite aussi les déplacements le long du corridor routier transafricain. Il offre une alternative plus sûre, plus rapide et plus efficace à la traversée en ferry ou au détour terrestre de 400 km. Le pont a eu un impact considérable, fournissant des services de transport fiables et abordables à 900.000 ruraux et entreprises de transport de marchandises. Afin d’aider les banques africaines locales, la BAD a lancé en 2022 un produit de garantie des transactions non financé, couvrant jusqu’à 100% du risque de non-paiement pour les transactions de financement du commerce des banques émettrices éligibles basées en Afrique. Dans ce sens, elle a déjà approuvé quatre garanties de transaction pour un total de 42,5 millions de $ dans quatre pays différents : Zimbabwe, Nigéria, Angola et Maurice.

Bon à savoir

La stratégie d’industrialisation 2025–2016 de la BAD pour le continent est conçue pour soutenir les efforts d’industrialisation du continent. La stratégie comprend six programmes phares, destinés à : encourager des politiques industrielles efficaces ; attirer et canaliser des financements dans des projets d’infrastructure et industriels ; développer des marchés de capitaux plus liquides et plus efficaces ; promouvoir et stimuler le développement des entreprises ; promouvoir des partenariats stratégiques ; et développer des grappes industrielles efficaces. Ces dernières années, elle a mis en œuvre des opérations stratégiques dans l’ensemble de ses six programmes phares. En outre, et dans le cadre de son soutien à la conception et à la mise en œuvre des politiques industrielles, la Banque a élaboré un indice de l’industrialisation en Afrique (IIA). Celle-ci s’inscrit dans une initiative plus large mise en œuvre conjointement par la Banque, l’UA et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), dans le but de créer une plateforme de connaissances sur l’industrialisation africaine, où l’IIA sera complété par un Observatoire de l’industrie africaine.








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