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International

Industrialisation africaine : La bataille de l’efficience industrielle a débuté !


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 20 Décembre 2021

La pandémie a montré que les Africains ont un potentiel incommensurable. Il n’était pas rare d’entendre les prouesses industrielles de certains Etats pour la fabrication de masques, gel, appareils respiratoires, drones, etc. L’Afrique doit réinventer son tissu industriel. Et c’est possible. Explications.



Le monde entier a célébré récemment la semaine industrielle de l’Afrique. Un événement qui est passé presque inaperçu en raison de la crise sanitaire. Cependant, la réalité est toute autre car l’industrialisation de l’Afrique est devenue un concept flou, un voeu pieux tant il est vrai que le continent ne dispose pas d’une industrie capable de mettre en valeur ses immenses ressources dont il regorge.

A part quelques pays dont le Maroc, de rares Etats africains peuvent se targuer de disposer d’un tissu industriel compétitif. En la matière, les défis à relever sont grands. Pourtant, comme le souligne l’ancien Manager des Projets Industriels en Afrique au sein du groupe Marocain Menara Holding, Arsène K. Fado, l’industrialisation aidera les pays africains à atteindre des taux de croissance élevés, à diversifier leurs économies et à réduire leur exposition aux chocs extérieurs. Cela contribuera de manière substantielle à l’éradication de la pauvreté par la création d’emplois et de richesses.

Le diplômé de l’ENSA d’Agadir au Maroc, en Ingénierie des Procédés Industriels, ajoute qu’il faut plutôt construire un projet technologique cohérent par rapport aux besoins du développement local Dans une étude récente, l’Institut Mandela de Paris fait un état des lieux selon laquelle l’industrialisation en Afrique est proche de 1 sur une échelle de 10. Ce qui signifie que l’Afrique est encore vierge en matière d’infrastructures, de technologie et d’industrialisation. Comment donc repenser l’industrialisation et la diversification de l’économie africaine et développer les facteurs clés de succès de l’éclosion des PME nationales ? se demandent les rapporteurs de cette étude, en l’occurrence Paul Kananura, président de cette institution, à l’origine de l’étude. 

Renforcement des capacités d’innovation

Pour ce faire, trois politiques et outils complémentaires sont nécessaires à savoir : l’accompagnement du processus d’émergence des PME nationales et des industries légères et stratégiques, le renforcement des capacités d’innovation des PME nationales et l’investissement dans les PME nationales pour développer leurs capacités à l’export. Pour l’Institut, les PME constituent la force idoine pour une industrialisation rapide de l’Afrique.

En effet, compte tenu du rôle des PME nationales dans la restructuration et la diversification de l’économie, il faut avant tout que les gouvernements africains favorisent l’entrepreneuriat, facilitent la création et le développement des entreprises nationales et améliorent l’accès à diverses formes de financement.

C’est dans cette perspective que les gouvernements peuvent favoriser le développement des petites entreprises en PME ; d’alléger la fiscalité des plus-values en capital et autres dividendes ; de faciliter le développement des stock-options dans les petites entreprises. Ils doivent encourager aussi les réseaux qui rapprochent petites entreprises et investisseurs potentiels. Il faut également réduire les charges qui pèsent sur les petites entreprises et stimuler l’entrepreneuriat.

Cependant, des initiatives commencent à émerger tel le Sommet des Startups d’Afrique de l’Ouest, organisé dernièrement à Niamey, au Niger, où il a été question de soutenir l’émergence et la croissance des Startups techno-économiques en Afrique de l’Ouest en créant et en soutenant un environnement propice à la « techno-innovation », à la prolifération des pôles technologiques et des entreprises technologiques dans la région. Cette nouvelle vision industrielle des pays d’Afrique subsaharienne se matérialise par la création de « zones économiques spéciales » dont ZERP de Nkok au Gabon, PIA au Togo et GDIZ au Bénin qui sont de véritables capteurs d’investissement nationaux et étrangers.

Travailler à l’intérieur de l’Afrique

Qu’en est-il de la coopération industrielle sur le continent ? Arsène Fado est formel : « malheureusement aucune institution africaine ni partenaire de l’Afrique n’en a fait une priorité ». Pour lui, la coopération industrielle doit précéder la coopération commerciale, politique, etc.

Selon lui, les produits africains ne sont pas fabriqués en grande quantité par manque d’industries dans tous les secteurs alors qu’elle a une population jeune et de nombreux techniciens et managers à travers le monde. D’où la nécessité avec l’avènement de la ZLECAF, pour « l’Afrique de se recentrer sur l’Afrique pour travailler à l’intérieur de l’Afrique, produire en Afrique, vendre en Afrique et mutualiser les chaînes de valeur industrielles entre pays africains afin de se passer des barrières étrangères développer à la longue des labels propres à l’Afrique à l’image des pays d’Asie et d’Amérique du sud », explique un expert.

D’ailleurs, la pandémie a montré que les Africains ont un potentiel incommensurable. Il n’était pas rare d’entendre les prouesses industrielles de certains Etats soit pour la fabrication de masques, gel, appareils respiratoires, drones, etc. Autrement dit, il est temps de repenser l’industrialisation de l’Afrique en termes de « futur » mais aussi en termes de « présent » en se focalisant sur les petites et moyennes industries à travers le développement de « Fonds d’investissement spécialisés ».


Wolondouka SIDIBE


Appui aux entreprises

Une politique des PME nationales doit s’appuyer sur les atouts locaux, accompagner la nouvelle dynamique de l’entrepreneuriat et des regroupements de petites et moyennes entreprises pour faire face aux défis posés par la mondialisation.

Dans cette dynamique d’éclosion de PME nationales, la logique des réseaux et des relations interentreprises ainsi que les alliances stratégiques indispensables pour développer un tissu de PME génèrent des effets multiplicateurs qui accroissent progressivement l’avantage compétitif et leur permet d’être présentes dans la concurrence nationale et mondiale.

Du fait des technologies et de la mondialisation, la contribution potentielle des PME nationales se retrouve renforcée, malgré l’insuffisance de financement, les difficultés d’exploitation des technologies, les capacités managériales limitées, la faible productivité, et la lourdeur de la réglementation qui s’accentuent dans un contexte mondialisé où la technologie devient prépondérante.

Malgré cela, elles présentent des avantages indéniables, alors elles méritent des mesures particulières de renforcement des écosystèmes de production et d’amélioration de l’environnement commercial.
 

Trois questions à Paul Kananura, Président de l’Institut Mandela de Paris

Industrialisation africaine : La bataille de l’efficience industrielle a débuté !

Pour Dr Paul Kananura, il faudra des politiques nationales pour accompagner les processus d’investissement et d’émergence des industries légères, lourdes et stratégiques.

- La semaine industrielle de l’Afrique 2021 s’est tenue dans un contexte particulier. Quelle lecture en faites-vous ? Est-ce que la semaine industrielle de l’Afrique a un sens ?

- Oui si c’est pour constater que les matières premières ne développent pas les pays africains ; et que seule l’industrialisation est en mesure de créer de la puissance et de la richesse. Les débats autour de l’industrialisation à la recherche d’articulation entre Etat et marché, entre les financements extérieur et intérieur, entre aide et partenariat, sont des distractions. Il faut un Etat stratège et capable de fournir les infrastructures matérielles et immatérielles nécessaires pour impulser le développement industriel.



- L’industrialisation de l’Afrique passe par la formation et le transfert de technologie. Quel est l’état des lieux ?

- L’état des lieux de l’industrialisation en Afrique est proche de 1 sur une échelle de 10. L’Afrique est encore vierge en matière d’infrastructures, de technologie et d’industrialisation. Depuis les années 1970, on parlait de transfert de technologie qui n’a rien apporté ; sinon l’Afrique devrait être industrialisée. Par contre la formation en Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques (STIM) avec des contenus nationaux, à l’exemple du Maroc, est très importante pour accompagner un processus industriel répondant à la fois aux besoins nationaux et des marchés mondialisés.


- Quel type de coopération industrielle peut-on établir sur le continent ?

- L’Afrique n’a pas besoin de coopération industrielle. Elle a besoin d’investissements dans l’industrie. Les pays africains doivent s’engager vers l’émergence des PME nationales, considérée comme une question de sécurité nationale, pour la création d’emplois et la conservation de dividendes des entreprises. Il faudra plutôt des politiques nationales d’accompagner les processus d’investissement et d’émergence des industries légères, lourdes et stratégiques pour développer les capacités productives et d’innovation des entreprises afin de favoriser l’éclosion des champions de l’économie.

Recueillis par Wolondouka SIDIBE
 








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