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Actu Maroc

« Il faut agir avec une logique d’économie de guerre »

Interview avec Hakim Marrakchi


Rédigé par Sâad JAFRI Mardi 17 Mars 2020

Les premières mesures prises par le CVE pour préserver la situation économique au Maroc face au Coronavirus, sont positives certes, mais demeurent en deçà des attentes des opérateurs.



« Il faut agir avec une logique d’économie de guerre »
La CGEM a proposé plusieurs mesures pour préserver la situation économique du pays face au nouveau Coronavirus, mais plusieurs d’entre elles n’ont pas été prises en compte par le Comité de veille économique (CVE). M. Hakim Marrakchi, membre de la CGEM, nous explique la gravité de cette non prise en considération.

 

La première réunion du comité de veille économique pour le suivi des répercussions du Coronavirus s›est tenue. Quelques mesures ont été prises. Comment évaluez-vous ces dernières ?

- Les mesures qui ont été prises ne concernent pour l’instant que les secteurs du textile et du tourisme,
alors que, pour nous, c’est toute l’économie qui est impactée. Au point même de dire que nous sommes dans une Économie de guerre. C›est-à-dire qu’on ne peut plus faire un plan de trésorerie, on ne peut plus savoir comment mobiliser nos capacités de production, nos capacités de commercialisation ou, encore, nos capacités logistiques. La raison est que nos partenaires à l’étranger sont soit fermés, soit en situation exceptionnelle. Au niveau du textile, près de 500.000 emplois (directs et indirects) sont impactés. Dans le secteur de l’automobile, les usines ferment en Europe. Les magasins également ferment. Donc toute notre clientèle est impactée, on n’a plus à qui vendre, et ce, pour une durée indéterminée. Cet état des lieux nous expose à une panoplie de risques auxquels nous devons trouver des solutions rapidement.

Quelles sont les mesures les plus incontournables ?

- La plus urgente est sans aucun doute la suspension des charges fiscales au 31 mars et des charges salariales pour tous les secteurs, sauf ceux ne souffrant pas de la crise. Cette dernière cause un réel problème, puisque les experts comptables doivent se déplacer chez leurs clients, or, ils ne sont pas enmesure de le faire. Pourtant, on nous demande d’établir les liasses fiscales et les déclarations de TVA. Il y a donc une incohérence entre les exigences sanitaires et les exigences demandées aux entreprises.

Que compte faire la CGEM concernant ce problème ?

Mardi matin, M. Chakib Laâlaj, président de la CGEM, et le vice-président, M. Mehdi Tazi, ont tenu une réunion avec le CVE pour essayer d’obtenir ces éléments. Il est important de rappeler que plusieurs pays européens ont pris les mêmes mesures que nous proposons, comme la France, l’Allemagne ou encore l’Italie. Les opérateurs souffrent.

Vous avez également demandé la mise en place d’une indemnité perte d’emploi pour cause de licenciement économique concernant les bas les salaires à activer via la CNSS. Quelle est la réaction du Comité vis-à-vis de cette mesure ?

- Jusqu’à maintenant, il n’y a eu aucune réaction positive, sachant qu’il y a urgence. Le problème c’est qu’il faut agir avec une logique d’Economie de guerre, on ne peut pas agir comme si de rien n’était. Aujourd’hui, plusieurs entreprises vont peiner à payer leurs salariés, car leurs indicateurs vont gravement baisser. Alors, la CGEM milite pour avoir pleine cause, mais les décideurs doivent agir en urgence avant qu’il ne soit trop tard.

Sâad JAFRI