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Hommage : Mohamed Filali, le trait d’union


Rédigé par A.H. Jeudi 13 Octobre 2022



Hommage : Mohamed Filali, le trait d’union
Filali. Un mot, une signature qui pèse lourd. L'une des toutes premières dans un paysage médiatique muselé, une pratique pas faite pour caresser dans le sens du poil, la caricature. Mohamed Filali, un nom qui aura marqué des générations en inspirant de futurs talents à la tâche plus aisée vu l'évolution des mentalités, une certaine liberté gagnée aux forceps. Filali, c'est le trait qui fait mal. Intimidations et menaces pleuvent sur une tête décidée à en découdre, la satire comme arme fatale. Et cela dure des années, des décennies. 
 
Un sandwich difficile à avaler 

 
Natif d'Essaouira en 1949, Mohamed Filali débarque à Rabat à l'âge de 19 ans. Son esprit bouillonne de dessins. Il se retrouve rapidement sur les bancs du quotidien « L'Opinion ». Nous sommes à la fin des années soixante et la classe politique est assez éloignée de l'humour acerbe, de l'humour tout simplement.

Filali injecte progressivement des caricatures à caractère populaire au fil des pages d'un journal -comme chacun le sait - organe du Parti de l'Istiqlal ! Naît plus tard, sur une idée du rédacteur en chef de l'époque Khalid Jamaï, un supplément hebdomadaire du nom de "Sandwich" dédié à la caricature. Un séisme culturel suivi d'un réel engouement de la part du public. Ce qui n'est pas sans déplaire à quelques décideurs politiques et à leur tête l'homme fort du règne de Hassan II, le ministre de l'Intérieur Driss Basri qui fait la planque avant de passer à l'attaque. Son rêve face à ce cauchemar qu'est "Sandwich" finit par se réaliser. Une plainte de l'ambassade des États-Unis, pays des libertés, scelle l'affaire. Une caricature montrant l'ancien président Ronald Reagan donne l'occasion à Basri d'ordonner l'interdiction du supplément et de la caricature tout court. 
 
1978, Akhbar Souk 
 
Grâce à un trait et à des bulles qui font mouche, voire peur, la notoriété de Filali grandit à vue avec des publications sérieuses qui amusent le lecteur et dérangent la cible. Rien ne semble pouvoir stopper le caricaturiste. Avec ses amis Larbi Sabban (Al Alam) et Hamid El Bouhali, ils créent le titre francophone "Satirix" qui fait long feu. En 1978, la bombe "Akhbar sou9" explose. Entre caricatures et photos volées mettant en scène des leaders en tous genres dans des situations embarrassantes, les lecteurs - il y en avait à l'époque - rient aux larmes. Les ventes également explosent.

Pari gagné pour l'équipe qui entoure Filali : Sabban, El Bouhali, Moustapha Rzouzi et sa célèbre rubrique "Rzouzi kay 9ress", Hammouda, Mohamed Bennis... La famille s'élargit pour devenir une sorte de groupe de presse avec "Akhbar Al Fane" et "Akhbar Al Kora".

D'autres publications de la même trempe sont à mettre au crédit de Filali qui nous quitte, malade, le 11 octobre. Au début des années quatre-vingt, je lui dresse un portrait pour le magazine Sindbad dirigé par Abdallah Bensmaïn. Le modeste artiste vient me remercier. Je lui réponds qu'il n'y a pas de quoi applaudir. Il rétorque : "Tu sais, les choses simples sont les plus dures à accomplir". Merci d'être passé par là. 


 
                              








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