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Culture

Hommage Loakira, un poète qui prose sa démission


Rédigé par A.H. le Dimanche 17 Décembre 2023

« L’un de nos plus grands poètes marocains de langue française, Mohamed Loakira, est mort à l’âge de 78 ans suite à une longue maladie. Il a beaucoup travaillé pour la défense de la lecture, de l’écriture, de l’art en général.



Le poète trouble par des sorties belles comme une belle rime.
Le poète trouble par des sorties belles comme une belle rime.
Poète singulier, il n’a jamais cessé d’interroger la langue. » Voici ce que nous recevons en ce 13 décembre comme information sur le départ d’un immense homme de Lettres. Ce Marrakchi, imbu jusqu’à étouffement de sa région pour laquelle il déploie un attachement outrancier, aime le grand écart intellectuel et exècre l’imposture de petites gens qui font de son pays, le Maroc donc, une serpillère. Pour lui, un Tahar Benjelloun est une erreur que la France ne cesse de corriger à coups de rewriters, de nègres et autres assistants à la phrase facilement commandée. Grand, pas seulement de taille, Mohamed Loakira peut troubler par des sorties belles comme une belle rime. En 2008, il résume ainsi son rapport à ce qui le fait vibrer : « Ici comme partout ailleurs, la poésie vit un dur paradoxe. Sa situation, aussi bien éditoriale qu’électorale, est complexe. Car elle est à la fois sublimée et peu lue, encensée quand l’expression nous trahit, mais bannie dans la pratique. Elle constitue un genre littéraire marginalisé, peu exposé, peu vendu et encore moins étudié et écouté. Ce paradoxe s’accentue davantage lorsqu’on avance qu’elle est destinée, en premier lieu, à un public connaisseur, pour ne pas dire élitiste, qu’elle a une audience faible, d’autant qu’elle demeure hermétique, ennuyeuse et d’une ‘’froideur hautaine’’. Nous avons tendance à mettre sous ce vocable tout ce qui résiste à notre étonnement, alors que la poésie se construit à partir du rapport à soi et au monde. Elle interpelle donc le tréfond de l’être et demeure le lieu le plus radical de la liberté dans la littérature », beau témoignage accordé à ALM. Le vieux garçon n’est pas avare de dires : « Le malentendu commence déjà à l’école où la récitation se substitue à la poésie et dénature l’accueil conçu pour être instructif, inédit, ouvert sur la découverte de soi et riche ‘’d’informations reçues de nos sens’’. L’approche didactique en vigueur objective, ses actions sur la réception récréative, la légèreté et sur l’apprentissage machinal de la déclamation et de la mémorisation, sanctionné par une note. Comme elle ne se penche que peu sur l’utilité d’inviter des poètes, d’organiser des concours d’écriture et d’encourager les poètes en herbe. Même à l’Université, la poésie est quasi-absente. Les bibliothèques publiques manquent de stratégie en la matière et de fonds conséquents pour mettre à la disposition des lecteurs une bonne partie des titres publiés au Maroc. Quant aux professionnels du livre, la plupart d’entre eux s’intéressent exclusivement aux publications scolaires et parascolaires, et cultivent le péché de se faire connaître à chaque rentrée scolaire. Le problème trouve ses origines dans le système éducatif, dans l’environnement familial, sociétal et éditorial. »                                                     
 
Lectures-spectacles
 
Wikipédia ne manque pas de prendre en charge le parcours de ce créateur à l’âme belle comme la prose : « Né à Marrakech dans une famille imprégnée des chants et des danses du Haouz, du Malhoun, de la musique Gnaoua  et de l’art de conter, il fait ses études primaires et secondaires dans sa ville natale. Parallèlement au travail administratif, il fait des études supérieures, d’abord en Lettres, puis en Sciences de l’Information, et s’implique dans les mouvements associatifs et politiques de gauche, pratique le théâtre, s’initie à la musique et écrit sur la peinture au Maroc. Membre de plusieurs groupes et collectifs pluridisciplinaires, rédactions de revues, Comités de réflexion, de l’Union des Écrivains, de la Maison de la Poésie, de Fondations culturelles et artistiques, il a collaboré et publié dans plusieurs revues, entre autres, Souffles, Intégral, Lamalif, Al Asas, Pro-Culture, Obsidiane, Art le Sabord, Liaisons, 'Mawaqif, Afaq, Électron Libre, Matrice des Arts, CELAAN, a participé et animé des rencontres autour de la poésie, des Arts plastiques, produit et animé deux émissions à la RTM, fabriqué des montages audio-visuels de lectures croisées (poésie, musique, peinture), conçu des lectures-spectacles, notamment avec le musicien gnaoui, Majid Bekkas. Il a assuré dans l’administration marocaine plusieurs responsabilités, notamment responsable du Département de la Coopération Universitaire au Ministère de l’Enseignement Supérieur, et Directeur des Arts au Ministère de la Culture. » Mohamed Loakira aura tout fait et défait.
                                                                                                                 A.H.
 
      
 
 







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