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Hip-hop et breakdance : Nouveau levier d’épanouissement à l’école ?


Rédigé par Mina ELKHODARI Mardi 27 Mai 2025

Le programme de formation en hip-hop et breakdance destiné aux enseignants d’éducation physique a suscité une vive polémique. Si certains y voient une diversification de l’offre sportive à l’école, d’autres remettent en question l’apport de ces disciplines artistiques pour les élèves.



Après la formation des élèves au golf en 2022, le ministère de l'Éducation nationale entend rapprocher les enseignants d’éducation physique et sportive (EPS) de nouvelles disciplines sportives et artistiques, notamment le hip-hop et le breakdance. Dans une récente note, le ministère de l’Éducation nationale et des Sports a invité les directeurs des académies régionales à proposer deux cadres – inspecteurs ou enseignants – pour bénéficier d’une formation pointue encadrée par l’artiste de renommée internationale, Thomas Rimmers.

Ce programme est organisé en partenariat avec deux structures fédérales nationales : la Fédération Royale Marocaine des Sports Aérobics, de Fitness, de Hip-Hop et Disciplines Assimilées, ainsi que la Fédération Royale Marocaine du Sport Scolaire. Il est destiné à initier les cadres d’EPS aux principes de ces danses urbaines, en particulier ceux déjà impliqués dans les activités sportives scolaires et manifestant un intérêt confirmé pour les disciplines artistiques émergentes.

Les bénéficiaires de la formation s’engagent à transmettre les compétences acquises au sein de leurs académies, à l’échelle provinciale. Il ne s’agit pas, pour l’heure, d’intégrer formellement ces disciplines dans les programmes scolaires, mais plutôt d’ouvrir les enseignants à de nouvelles formes d’expression corporelle pouvant, à terme, enrichir les séances d’EPS, souvent perçues comme limitées à des contenus traditionnels.

Cette annonce s’est propagée comme une traînée de poudre, suscitant de vifs débats sur l’utilité d’une telle approche dans le cadre de la réforme du système éducatif. Si certains y voient une initiative salutaire de diversification de l’offre pédagogique et un soutien au développement professionnel des enseignants dans des disciplines en constante évolution, d’autres, plus sceptiques, remettent en question la pertinence du hip-hop et du breakdance pour le développement des compétences des élèves et des enseignants.

Le hip hop bientôt à l’école ?

Certains critiques vont jusqu’à affirmer que l’insertion de tels arts dans le cursus scolaire marocain pourrait nuire à l’éthique sportive traditionnelle, voire détourner les élèves de leurs études. Une perception jugée infondée par une source autorisée au sein de la Fédération Royale Marocaine des Sports Aérobics, de Fitness, de Hip-Hop et Disciplines Assimilées, qui rappelle que ces arts contemporains sont reconnus dans le monde entier pour leur capacité à favoriser l’épanouissement personnel et la santé mentale des jeunes.

Notre interlocuteur déplore la tournure qu’a prise le débat. "Ce projet vise à doter les enseignants de nouvelles compétences pour animer leurs séances d’EPS. Il ne s’agit en aucun cas de détourner les élèves de leur parcours académique", tranche-t-il.

Pour sa part, Mohamed Guedira, professeur universitaire et expert en politiques éducatives et ingénierie des compétences, ne cesse de rappeler la nécessité de promouvoir les activités parascolaires et sportives comme levier d’accompagnement psychologique et social, en particulier pour les élèves en difficulté. "L’école ne doit pas se limiter à l’apprentissage académique. Elle doit aussi stimuler diverses formes d’intelligence – corporelle, musicale, écologique, voire spirituelle – tout en favorisant l’épanouissement personnel des élèves", souligne-t-il.

La controverse s’est rapidement invitée au Parlement. Le conseiller parlementaire de l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNMT), Khalid Satti, a adressé une question écrite au ministre Mohamed Saâd Berrada, lui demandant de s’expliquer sur la valeur ajoutée de ces formations dans le cadre de la promotion des valeurs, de la lutte contre le décrochage scolaire et de la prévention des violences en milieu éducatif.

Le ministère de l’Éducation nationale devra bientôt se prononcer sur l’utilité des arts contemporains, tant pour les enseignants que pour les élèves, et préciser sa vision sur la place du hip-hop et du breakdance comme levier pédagogique au sein de l’école marocaine.

 








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