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Actu Maroc

Guerre russo-ukrainienne : Partenaire économique des deux pays, le Maroc se positionne prudemment


Rédigé par Souhail AMRABI Dimanche 27 Février 2022

Disposant de relations commerciales importantes avec la Russie et l’Ukraine, le Maroc s’est prononcé sur la guerre du Donbass, préconisant le dialogue entre les deux Etats.



Jeudi 24 février, contre toute attente, le Président Russe, Vladimir Poutine, annonce une opération militaire d’envergure sur le territoire ukrainien dans l’objectif, selon lui, de défendre les séparatistes du Donbass.

Si auparavant la tension ne dépassait pas l’Est de l’Ukraine, cette fois-ci Moscou est entré en force atteignant la capitale Kiev, et Kramatorsk, ville de l’Est qui sert de quartier-général à l’armée ukrainienne.

A cela s’ajoutent Kharkiv (Est), deuxième ville du pays, Odessa (Sud), sur la mer Noire, et Marioupol, principal port de l’Est du pays. Soutenant l’Ukraine, l’Union Européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Suisse… - et la liste n’est pas exhaustive -, ont dénoncé les actions de Poutine, lançant par la même une batterie de sanctions contre la Russie. Disposant de relations commerciales importantes avec les deux pays, le Maroc a, quant à lui, opté pour une position équilibriste, préconisant le dialogue entre les deux Etats.

Dans un communiqué publié deux jours après le début de la guerre entre Moscou et Kiev, la diplomatie marocaine a indiqué qu’elle suit avec inquiétude l’évolution de la situation entre les deux pays, soulignant que «le Royaume du Maroc réitère son soutien à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de tous les Etats membres des Nations Unies».

Le Royaume a également rappelé son attachement au principe de non recours à la force pour le règlement des différends entre Etats et son encouragement de toutes les initiatives et actions favorisant un règlement pacifique des conflits.

Prudence diplomatique, plus qu’économique !

La position du Royaume reste délicate vu la nature de ses relations avec les deux pays. Si les partenariats économiques de Rabat avec les deux voisins ennemis sont pour le moment limités, leurs perspectives d’évolution sont d’envergure, d’où la nécessité de préserver les bonnes images.

Actuellement, l’essentiel des échanges du pays concerne l’importation du blé, étant donné que la Russie et l’Ukraine comptent près du tiers des exportations mondiales en la matière.

Le Maroc, pour sa part, s’approvisionne de près de 3.000 MDH de blé en provenance de ces dernières, dont 1.974 MDH de l’Ukraine. Si des pays voisins prévoient des perturbations d’approvisionnement, Rabat rassure que le conflit aura, certes, un impact sur le niveau des prix, cependant, l’alimentation du marché national n’aura aucun problème et ne subira aucun effet.

Selon le porte-parole du gouvernement, les autorités marocaines ont déployé des efforts en janvier dernier dans ce sens, en « subventionnant la farine à hauteur de près de 60 milliards de dirhams», tout en suspendant les droits de douane en import. «Le stock national de blé tendre a été renforcé », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il n’y avait rien à craindre de ce côté-là.

De toutes les manières, la France et le Canada restent jusqu’ici les fournisseurs historiques du Maroc en céréales avec une enveloppe dépassant les 7.700 MDH en 2020. Du côté du gas-oil et du fuel-oil, la Russie est le quatrième fournisseur du Royaume, selon les derniers chiffres de l’Office des Changes, avec une enveloppe dépassant de peu les 2.300 MDH. L’effet sur l’approvisionnement serait donc minime, comme l’a bien affirmé le gouvernement marocain.

Néanmoins, les prix risquent de flamber étant donné que, jusque-là, la Russie a livré près de 40% du gaz consommé par les Vingt-Sept, lesquels devront chercher l’alternative (vu l’embargo appliqué par les pays pro-Ukraine) et par ricochet booster la demande auprès d’autres fournisseurs du Royaume qui a déjà perdu, en 2021, une source gazière importante avec la non reconduction du contrat du pipeline algérien reliant Alger à l’Espagne et au Portugal.

En hausse depuis plusieurs mois, les prix de certaines matières premières s’affolent également de plus en plus maintenant que la crise russo-ukranienne a explosé, dont on citera, et non des moindres, l’aluminium, le titane ou encore les graines oléagineuses. Ces dernières, essentielles dans la production de l’huile de table, connaissent une flambée des prix historique, qui suscite déjà la polémique au Maroc, et qui risque de s’aggraver davantage vu la tendance haussière des cours internationaux.

C’est dire que la guerre entre Moscou et Kiev aura bien un impact (limité mais réel) sur le pouvoir d’achat des Marocains, déjà plongés dans le désarroi suite à la cherté de la vie résultant des effets conjugués de la sécheresse et de la pandémie.



Souhail AMRABI