L’histoire de l’enfant accusé du meurtre (sans préméditation) de sa mère a secoué, il y a de cela une semaine, la ville de Sefrou et l’ensemble de l’opinion publique nationale. L’incident est survenu suite à une réaction impulsive de l’adolescent de 15 ans. Dépendant au jeu sur mobile « Free-fire » et dans un excès de colère, il aurait poussé sa mère qui refusait de lui fournir une recharge internet alors qu’il était en pleine action dans une partie du jeu en question. L’autopsie médicale subie par le cadavre a révélé que la défunte avait subi un coup violent à la tête suite à sa chute, causant une fracture au niveau du crâne et une hémorragie autour du tissu cérébral.
Ce drame, aussi douloureux soitil, n’est qu’une reproduction de plusieurs autres incidents similaires. En France, un enfant de 5 ans avait poignardé sa sœur de 10 ans car elle ne voulait pas lui prêter sa console de jeu en mars 2009. Privé de jeux vidéo, un adolescent russe de 14 ans a tué son père à coups de masse en 2010. En 2018, un enfant de 8 ans, du Mississippi, a tué sa grande sœur d’une balle pour une manette de console. Plus choquant encore, en novembre 2018, un père français a reconnu avoir tué son bébé de 6 mois qui le « dérangeait » pendant qu’il était accroché à son jeu vidéo.
Des déclencheurs de violence et d’agressivité
Le surplus d’agressivité chez les utilisateurs excessifs de jeux vidéo a suscité l’intérêt de bon nombre de psychiatres et scientifiques qui se sont accordé au terme de leurs études respectives à établir un lien entre l’addiction aux jeux vidéo et l’augmentation des affects agressifs et des pensées ayant trait à l’agression.
À long terme, l’exposition répétée à la violence virtuelle peut entraîner un changement important des croyances et de l’attitude qui favoriserait l’agressivité, et faciliterait le développement d’un caractère violent autant chez les adolescents que chez les enfants.
Toutefois, il existe une divergence au sein de la communauté scientifique quant au déclenchement de ce trait de caractère. Selon Bouchaïb Karoumi, psychiatre pour enfants et adolescents, cette tendance à la violence et à l’agressivité émane « d’une prédisposition manifestée et amplifiée à cause des jeux vidéo ». Il appuie sa thèse en avançant que le développement du tempérament agressif dépend de plusieurs facteurs, notamment l’environnement de l’enfant, sa vulnérabilité et la durée de son exposition aux jeux vidéo.
Ghizlane Benjelloun, Professeure agrégée en pédopsychiatrie, affirme, pour sa part, que ce sont les jeux vidéo qui créent cette inclination à la violence et à l’agressivité, « le fait est que l’enfant souffre d’un état d’addiction similaire à la toxicomanie », explique-t-elle, l’empêcher de jouer s’apparente au fait de priver un toxicomane de sa drogue, « c’est comme si on le prive d’une substance ». Benjelloun reconnaît, néanmoins, que tous les enfants ne sont pas égaux devant les jeux vidéo. Certains enfants savent s’arrêter, ils ne sont pas irritables et n’adoptent pas un état d’esprit qui favorise un comportement violent à chaque fois qu’ils sont exposés aux jeux vidéo.
Contrôle parental, activités diversifiées et nature des jeux
Les deux spécialistes s’accordent toutefois sur certaines mesures à prendre afin d’éviter qu’un enfant ne se retrouve prisonnier d’un monde virtuel qui pourrait amplement altérer son attitude, voire sa personnalité.
Il en ressort que les enfants et adolescents doivent absolument pratiquer d’autres activités sportives, artistiques, culturelles et intellectuelles et nécessairement des activités en plein air, afin d’éviter que le gaming soit leur seule occupation.
Il s’agit également de l’impératif de déterminer pour les enfants, selon leur âge, une durée maximale raisonnable d’exposition aux jeux vidéo. Les parents ne doivent pas pour autant priver l’enfant du jeu qui fait partie intégrante de son éducation et contribue à la découverte et la compréhension de son environnement et au développement des ses aptitudes.
En outre, un contrôle restrictif sur la nature des jeux est un point sur lequel ont insisté nos deux spécialistes. L’enfant ne doit en aucun avoir accès à des jeux vidéo à traits violents. Un avis qui rejoint d’ailleurs celui de Ilyas, 21 ans, qui nous confirme : « Certains jeux, notamment les Battle Royale, sont des jeux de survie et de tir, je m’y suis essayé et je trouve que c’est très stressant et très volent ». Dans ce volet, un enjeu de plus émerge : « Les jeux violents rassemblent une cybercommunauté irrespectueuse, stressante et harcelante », nous rapporte Lola, une gamer marocaine âgée de 18 ans, qui se retrouve plutôt dans des jeux de rôle en ligne multi-joueurs (MMORPG) à traits stratégiques.
Ce drame, aussi douloureux soitil, n’est qu’une reproduction de plusieurs autres incidents similaires. En France, un enfant de 5 ans avait poignardé sa sœur de 10 ans car elle ne voulait pas lui prêter sa console de jeu en mars 2009. Privé de jeux vidéo, un adolescent russe de 14 ans a tué son père à coups de masse en 2010. En 2018, un enfant de 8 ans, du Mississippi, a tué sa grande sœur d’une balle pour une manette de console. Plus choquant encore, en novembre 2018, un père français a reconnu avoir tué son bébé de 6 mois qui le « dérangeait » pendant qu’il était accroché à son jeu vidéo.
Des déclencheurs de violence et d’agressivité
Le surplus d’agressivité chez les utilisateurs excessifs de jeux vidéo a suscité l’intérêt de bon nombre de psychiatres et scientifiques qui se sont accordé au terme de leurs études respectives à établir un lien entre l’addiction aux jeux vidéo et l’augmentation des affects agressifs et des pensées ayant trait à l’agression.
À long terme, l’exposition répétée à la violence virtuelle peut entraîner un changement important des croyances et de l’attitude qui favoriserait l’agressivité, et faciliterait le développement d’un caractère violent autant chez les adolescents que chez les enfants.
Toutefois, il existe une divergence au sein de la communauté scientifique quant au déclenchement de ce trait de caractère. Selon Bouchaïb Karoumi, psychiatre pour enfants et adolescents, cette tendance à la violence et à l’agressivité émane « d’une prédisposition manifestée et amplifiée à cause des jeux vidéo ». Il appuie sa thèse en avançant que le développement du tempérament agressif dépend de plusieurs facteurs, notamment l’environnement de l’enfant, sa vulnérabilité et la durée de son exposition aux jeux vidéo.
Ghizlane Benjelloun, Professeure agrégée en pédopsychiatrie, affirme, pour sa part, que ce sont les jeux vidéo qui créent cette inclination à la violence et à l’agressivité, « le fait est que l’enfant souffre d’un état d’addiction similaire à la toxicomanie », explique-t-elle, l’empêcher de jouer s’apparente au fait de priver un toxicomane de sa drogue, « c’est comme si on le prive d’une substance ». Benjelloun reconnaît, néanmoins, que tous les enfants ne sont pas égaux devant les jeux vidéo. Certains enfants savent s’arrêter, ils ne sont pas irritables et n’adoptent pas un état d’esprit qui favorise un comportement violent à chaque fois qu’ils sont exposés aux jeux vidéo.
Contrôle parental, activités diversifiées et nature des jeux
Les deux spécialistes s’accordent toutefois sur certaines mesures à prendre afin d’éviter qu’un enfant ne se retrouve prisonnier d’un monde virtuel qui pourrait amplement altérer son attitude, voire sa personnalité.
Il en ressort que les enfants et adolescents doivent absolument pratiquer d’autres activités sportives, artistiques, culturelles et intellectuelles et nécessairement des activités en plein air, afin d’éviter que le gaming soit leur seule occupation.
Il s’agit également de l’impératif de déterminer pour les enfants, selon leur âge, une durée maximale raisonnable d’exposition aux jeux vidéo. Les parents ne doivent pas pour autant priver l’enfant du jeu qui fait partie intégrante de son éducation et contribue à la découverte et la compréhension de son environnement et au développement des ses aptitudes.
En outre, un contrôle restrictif sur la nature des jeux est un point sur lequel ont insisté nos deux spécialistes. L’enfant ne doit en aucun avoir accès à des jeux vidéo à traits violents. Un avis qui rejoint d’ailleurs celui de Ilyas, 21 ans, qui nous confirme : « Certains jeux, notamment les Battle Royale, sont des jeux de survie et de tir, je m’y suis essayé et je trouve que c’est très stressant et très volent ». Dans ce volet, un enjeu de plus émerge : « Les jeux violents rassemblent une cybercommunauté irrespectueuse, stressante et harcelante », nous rapporte Lola, une gamer marocaine âgée de 18 ans, qui se retrouve plutôt dans des jeux de rôle en ligne multi-joueurs (MMORPG) à traits stratégiques.
Nabil LAAROUSSI
3 questions à Ghizlane Benjelloun
Ghizlane Benjelloun
« Il y a un impact direct sur le comportement des enfants qui deviennent irritables, agressifs et souffrant de troubles de comportements dès qu’on les prive de jouer »
Professeure agrégée en pédopsychiatrie et cheffe de service au CHU Ibn Rochd de Casablanca, Ghizlane Benjelloun nous explique les méfaits et les bienfaits d’une dépendance qui atteint de plus en plus d’enfants.
- Peut-on vraiment qualifier la pratique des jeux vidéo d’addiction chez certains enfants ?
- Les jeux vidéo sont clairement une addiction chez bon nombre d’enfants, il y a très peu de jeunes qui s’adonnent aux jeux vidéo et qui ne sont pas dans la dépendance. Cette dépendance se manifeste quand un enfant arrive au stade de refuser des activités qu’il aimait avant et qui lui procuraient du plaisir. Il est également question d’une tendance à l’isolement de ces enfants pour de longues durées et d’un refus de participer aux activités familiales.
Aussi, il y a un impact direct sur le comportement des enfants qui deviennent irritables, agressifs et souffrant de troubles de comportements dès qu’on les prive de jouer. Ces troubles au niveau comportemental disparaissent complètement dès que ces enfants profitent d’un vrai sevrage.
- Quels impacts ont les jeux vidéo sur la santé de l’enfant ?
- Les jeux vidéo ont du bon et du moins bon. Les effets néfastes de ce genre d’addiction sont néanmoins très importants. D’abord, les jeux vidéo sont extrêmement addictogènes et extrêmement chronophages, par conséquent, c’est une occupation qui est pratiquée aux dépens d’activités en plein air et d’activités sportives et donc de santé physique, et également aux dépens de la communication au sein de la famille. Aussi, au niveau neuronal, il est vrai que passer des heures devant un écran n’est pas très stimulant pour les neurones à un âge où il s’agit plutôt de les stimuler par des activités intellectuelles, artistiques, culturelles ou autres.
- Quid d’éventuels bienfaits ?
- Les jeux vidéo peuvent éventuellement avoir un effet positif et être un bon atout dans le sens où y exceller permet à un enfant en difficulté scolaire, en difficulté de socialisation ou en difficulté de confiance en soi, d’être reconnu par ses pairs et de sentir qu’il réussit quelque chose. Les enfants ont également tendance à créer de vraies amitiés et de vrais contacts grâce à ces jeux, même si, au début, ce sont des interactions virtuelles. Il s’agit aussi d’augmenter l’attention sélective chez les enfants qui souffrent de troubles d’attention. Ces paramètres peuvent aider un enfant à gagner en estime de soi et au niveau de la socialisation, ce qui est extrêmement favorable pour sa personnalité.
Professeure agrégée en pédopsychiatrie et cheffe de service au CHU Ibn Rochd de Casablanca, Ghizlane Benjelloun nous explique les méfaits et les bienfaits d’une dépendance qui atteint de plus en plus d’enfants.
- Peut-on vraiment qualifier la pratique des jeux vidéo d’addiction chez certains enfants ?
- Les jeux vidéo sont clairement une addiction chez bon nombre d’enfants, il y a très peu de jeunes qui s’adonnent aux jeux vidéo et qui ne sont pas dans la dépendance. Cette dépendance se manifeste quand un enfant arrive au stade de refuser des activités qu’il aimait avant et qui lui procuraient du plaisir. Il est également question d’une tendance à l’isolement de ces enfants pour de longues durées et d’un refus de participer aux activités familiales.
Aussi, il y a un impact direct sur le comportement des enfants qui deviennent irritables, agressifs et souffrant de troubles de comportements dès qu’on les prive de jouer. Ces troubles au niveau comportemental disparaissent complètement dès que ces enfants profitent d’un vrai sevrage.
- Quels impacts ont les jeux vidéo sur la santé de l’enfant ?
- Les jeux vidéo ont du bon et du moins bon. Les effets néfastes de ce genre d’addiction sont néanmoins très importants. D’abord, les jeux vidéo sont extrêmement addictogènes et extrêmement chronophages, par conséquent, c’est une occupation qui est pratiquée aux dépens d’activités en plein air et d’activités sportives et donc de santé physique, et également aux dépens de la communication au sein de la famille. Aussi, au niveau neuronal, il est vrai que passer des heures devant un écran n’est pas très stimulant pour les neurones à un âge où il s’agit plutôt de les stimuler par des activités intellectuelles, artistiques, culturelles ou autres.
- Quid d’éventuels bienfaits ?
- Les jeux vidéo peuvent éventuellement avoir un effet positif et être un bon atout dans le sens où y exceller permet à un enfant en difficulté scolaire, en difficulté de socialisation ou en difficulté de confiance en soi, d’être reconnu par ses pairs et de sentir qu’il réussit quelque chose. Les enfants ont également tendance à créer de vraies amitiés et de vrais contacts grâce à ces jeux, même si, au début, ce sont des interactions virtuelles. Il s’agit aussi d’augmenter l’attention sélective chez les enfants qui souffrent de troubles d’attention. Ces paramètres peuvent aider un enfant à gagner en estime de soi et au niveau de la socialisation, ce qui est extrêmement favorable pour sa personnalité.
Recueillis par N. L.
Encadré
PS5 : Rupture de stock au niveau mondial
La réussite de l’industrie des jeux vidéo semble avoir surpassé les contraintes de la crise sanitaire. En témoigne l’affluence sans précédent des joueurs à travers le globe pour acquérir la nouvelle console de Sony, Play Station 5, qui s’est heurtée à « une demande sans précédent », avant même son lancement aux Etats-Unis le 12 novembre dernier et en France et au Maroc le 19 novembre.
D’ailleurs, le 25 novembre, la firme japonaise déclarait sur son compte Twitter que « le lancement de la PS5 était le plus grand lancement de son Histoire ».
Même en temps de crise, la console, annoncée à 5499 dirhams au Maroc, était déjà en rupture de stock à l’échelle mondiale, à peine officialisée, dès l’ouverture des précommandes le jeudi 17 septembre. Que ce soit sur les sites de la Fnac, d’Amazon ou n’importe quel opérateur en E-commerce, la PS5 est introuvable.
Interrogé par l’agence russe « Tass » à propos des détails du lancement, Jim Ryan, PDG de Sony Interactive Entertainment, s’est étonné du fait que l’offre ne comble pas la demande : « Tout est vendu. Absolument, tout est vendu », ajoutant : « J’ai passé une grande partie de l’année dernière à m’assurer que nous pouvons générer une demande suffisante pour le produit. Et maintenant, je passe beaucoup plus de temps à essayer d’augmenter l’offre pour répondre à cette demande », a-til indiqué.
Sony a en outre promis aux amateurs de jeux vidéo que de nouvelles quantités de PS5 arriveront chez ses revendeurs d’ici la fin d’année. « Ils peuvent être assurés que nous travaillons très dur pour mettre sur le marché des quantités importantes avant et après Noël », a assuré Jim Ryan.
D’ailleurs, le 25 novembre, la firme japonaise déclarait sur son compte Twitter que « le lancement de la PS5 était le plus grand lancement de son Histoire ».
Même en temps de crise, la console, annoncée à 5499 dirhams au Maroc, était déjà en rupture de stock à l’échelle mondiale, à peine officialisée, dès l’ouverture des précommandes le jeudi 17 septembre. Que ce soit sur les sites de la Fnac, d’Amazon ou n’importe quel opérateur en E-commerce, la PS5 est introuvable.
Interrogé par l’agence russe « Tass » à propos des détails du lancement, Jim Ryan, PDG de Sony Interactive Entertainment, s’est étonné du fait que l’offre ne comble pas la demande : « Tout est vendu. Absolument, tout est vendu », ajoutant : « J’ai passé une grande partie de l’année dernière à m’assurer que nous pouvons générer une demande suffisante pour le produit. Et maintenant, je passe beaucoup plus de temps à essayer d’augmenter l’offre pour répondre à cette demande », a-til indiqué.
Sony a en outre promis aux amateurs de jeux vidéo que de nouvelles quantités de PS5 arriveront chez ses revendeurs d’ici la fin d’année. « Ils peuvent être assurés que nous travaillons très dur pour mettre sur le marché des quantités importantes avant et après Noël », a assuré Jim Ryan.
Repères
Addiction aux jeux vidéo : maladie mentale
En 2018, l’Organisation Mondiale de la Santé a ajouté le « trouble du jeu vidéo » à sa liste des maladies mentales, dans la version de la Classification internationale des maladies dévoilée le 18 juin de la même année. La pratique des jeux vidéo devient un trouble, d’après la définition de l’OMS, si pendant une année, la personne concernée perd le contrôle de ses habitudes au jeu, elle commence à préférer et favoriser le jeu au détriment des autres activités de la vie quotidienne et si elle continue de jouer malgré des répercussions clairement négatives.
Gamers : un métier lucratif !
Pratiqué de plus en plus par bon nombre de jeunes dans le monde, le gaming est devenu l’un des métiers les plus lucratifs du net, particulièrement grâce à Youtube, qui permet désormais à un grand nombre de personnes de vivre de leur passion. Ainsi, ces «gamers» structurent leurs activités pour devenir de vrais entrepreneurs. Leurs success stories ont largement alimenté les fantasmes de la génération Y autour de cette profession.