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G20 : La dette, ce monstre endormi


Lundi 23 Novembre 2020

Le G20 a promis dimanche de s’attaquer à la question explosive de l’endettement des pays pauvres,
mais à sommet virtuel, promesses virtuelles ?



G20 : La dette, ce monstre endormi
Dans leur communiqué final, les dirigeants des 20 pays les plus riches du monde, réunis de manière virtuelle samedi et dimanche sous présidence saoudienne, réitèrent leur engagement à «mettre en œuvre l’Initiative de suspension du service de la dette», décidée mi-avril, et prolongée il y a un mois jusqu’au 30 juin 2021.

Mais, alors que les Nations unies espéraient une nouvelle extension jusqu’à la fin 2021, le G20 s’en remet à ses ministres des Finances pour «examiner» cette question au printemps prochain. Nulle mention non plus d’une autre solution, également réclamée par l’ONU: recourir aux «droits de tirage spéciaux», une sorte de monnaie créée par le Fonds monétaires international (FMI) pour soutenir les pays en difficulté.

A ce jour, seuls 46 pays -sur les 73 éligibles- ont vu leur paiement des intérêts différé, pour un montant de 5,7 milliards de dollars. Une goutte d’eau par rapport aux 11.000 milliards de dollars dépensés par les pays du G20 pour lutter contre la pandémie de nouveau coronavirus, dénoncent les ONG.

«Alors que la réaction du G20 avait été rapide en avril, à présent il nie l’urgence. Pourtant, on parle de sauver des vies», a réagi Louis-Nicolas Jandeaux, porteparole d’Oxfam France, joint par l’AFP.

Conscients que le moratoire ne suffirait pas, les grands argentiers du G20 ont ouvert la voie la semaine dernière à une restructuration de la dette de certains pays.

Des créanciers privés qui restent à l’écart
Un accord «historique» selon la France car impliquant pour la première fois la Chine, de loin le premier créancier des pays pauvres (63%), et les créanciers privés. «Mais il ne prévoit des annulations que de manière exceptionnelle et les créanciers privés ne sont toujours pas contraints à y participer», a déploré Lison Rehbinder, du CCFD-Terre Solidaire. Le G20 a d’ailleurs regretté, dans son communiqué final, «un manque de participation des créanciers privés».

«Mais il ne prévoit des annulations que de manière exceptionnelle et les créanciers privés ne sont toujours pas contraints à y participer», a déploré Lison Rehbinder, du CCFD-Terre Solidaire. Le G20 a d’ailleurs regretté, dans son communiqué final, «un manque de participation des créanciers privés». Mais il n’est pas question de les contraindre, seulement de les «encourager fortement» à prendre part aux restructurations à venir

«On cherche la meilleure manière de répondre à un problème très complexe», nuance Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, qui participait à son 13e et dernier sommet du G20.

«Il faut du temps pour analyser la situation de chaque pays, sachant qu’on n’en est qu’au début de cette crise», a-t-il dit à l’AFP.

Les cessations de paiement commencent
Mercredila Zambie, confrontée justement au refus de ses créanciers privés de geler provisoirement le service de sa dette, s’est déclarée en défaut de paiement. C’est le premier pays africain à annoncer qu’il cessait d’honorer ses engagements.

Le même jour, la Bolivie a prévenu qu’elle envisageait de suspendre temporairement le paiement de sa dette jusqu’à ce que sa situation économique s’améliore. Or, la pandémie risque de provoquer une véritable crise de la dette dans les pays du Sud, au risque de les priver des moyens de lutter... contre la pandémie.

Après avoir subi en mars une hémorragie de capitaux (-82 milliards de dollars retirés en quelques jours), ils sont «pris en tenaille» entre une hausse de leurs dépenses et une chute de leurs recettes, selon Gurria. En particulier les envois d’argent par les immigrés, qui représentent une perte de «40 milliards» de dollars rien que pour le Mexique, selon lui. Dans ce contexte, le moratoire revient à «écoper le Titanic avec un seau», estime le Réseau européen sur la dette et le développement (Eurodad), rappelant que ses 46 bénéficiaires cumulaient fin 2018 une dette de 71,5 milliards de dollars.

Surtout, «la liste des pays concernés est trop restreinte», juge le porte-parole d’Oxfam France. Les pays à revenus intermédiaires en sont exclus, comme le Liban, l’Argentine ou le Mexique. D’autres, comme le Kenya, ont préféré ne pas solliciter un report de peur de voir leur note dégradée par les agences de notation, et leurs coûts de financement s’envoler, comme c’est arrivé au Cameroun.

Encadré
277.000 milliards de dollars de dettes prévues en 2020
Selon les calculs de l’Institut international de la finance (IIF), la dette avait déjà augmenté de 15.000 milliards de dollars à fin septembre. Une envolée à mettre au compte des soutiens des Etats à leurs économies en raison de la crise sanitaire. Pour les pays développés, la dette représentait 432% de leur PIB total à la fin du troisième trimestre. L’endettement mondial devrait atteindre un niveau sans précédent de 277.000 milliards de dollars à la fin de l’année en raison des montants colossaux empruntés par les Etats et les entreprises pour faire face à la crise du coronavirus, conclut l’Institute of International Finance (IIF) dans une étude publiée mercredi. L’IIF, qui regroupe plus de 400 banques et institutions financières du monde entier, estime que la dette globale avait déjà augmenté de 15.000 milliards de dollars fin septembre, à 272.000 milliards, une progression imputable pour près de la moitié aux Etats, principalement développés. «Il y a d’importantes incertitudes sur la manière dont l’économie mondiale pourra se désendetter à l’avenir sans conséquences négatives importantes pour l’activité économique», estime l’IIF.








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