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Flux financiers illicites : Une perte sèche annuelle de 88,6 $ pour l’Afrique


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 3 Décembre 2020

Les flux financiers illicites font perdre à l’Afrique annuellement près de 88,6 milliards de dollars. Le Maroc est moins impacté par ces pratiques frauduleuses par rapport aux Etats du continent.



Flux financiers illicites : Une perte sèche annuelle de 88,6 $ pour l’Afrique
« Les responsables des flux financiers sortant du continent sont autant les acteurs internes qu’externes, qu’ils soient actifs ou passifs ». C’est ce qui ressort d’un document qui continue de dominer l’actualité en cette période de Coronavirus où l’économie du continent est durement frappée par les conséquences dramatiques du Covid-19. Il s’agit du rapport, publié dernièrement par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et intitulé « Les flux financiers illicites et le développement durable en Afrique ». De par son appellation, on comprendra dès lors l’importance de ce rapport qui décrit la quantité d’argent frais que perd l’Afrique à travers des pratiques frauduleuses et des manipulations financières. 

Dans cette publication de la CNUCED (2020), on estime que 88,6 milliards de dollars, soit 3,7% du Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique, quittent le continent sous forme de fuite illicite de capitaux. A ce sujet, le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, souligne que ces « ces flux financiers illicites privent l’Afrique et ses habitants de leurs perspectives, sapant la transparence et la responsabilité et érodant la confiance dans les institutions africaines ».Ces sorties sont presque aussi importantes que les entrées annuelles totales combinées de l’aide publique au développement évaluées à 48 milliards de dollars, et des investissements étrangers directs annuels, fixés à 54 milliards de dollars, reçus par les pays africains - la moyenne pour la période 2013-2015, peut-on lire dans le rapport. Ces flux comprennent la fuite de capitaux, les pratiques fiscales et commerciales illicites comme la facturation erronée des envois commerciaux et les activités criminelles telles que les marchés illégaux, la corruption ou le détournement

Créancier net du monde
Ainsi de 2000 à 2015, le total des capitaux illicites qui ont fui l’Afrique s’est élevé à 836 milliards de dollars. Par rapport au stock total de la dette extérieure de l’Afrique, qui s’élevait à 770 milliards de dollars en 2018, cela fait de l’Afrique un « créancier net du monde », fait valoir le rapport. Pour les initiateurs de cette enquête, les origines des FFI sont liées à l’exportation de produits extractifs (40 milliards de dollars en 2015) et constituent la principale composante de la fuite illicite de capitaux hors d’Afrique. Ils sont, en effet, scindés en quatre catégories, à savoir : pratiques fiscales et commerciales, des marchés illégaux, de la corruption, et des activités relevant du vol et du financement du terrorisme. Rien que la fausse facturation commerciale, elle a atteint 30 à 52 milliards $ durant cette période. 

Pour sa part, l’économiste togolais, Komi Tsowou, expert des questions commerciales et qui travaille désormais pour la CNUCED, fait remarquer qu’au niveau national, un certain nombre d’éléments favorisent les FFI.  

« Ce sont notamment les réglementations inadéquates du système financier, la mauvaise gouvernance et la médiocre qualité des institutions ainsi qu’une dépendance excessive à l’égard des exportations de matières premières. Au niveau international, les FFI sont favorisés par des facteurs tels que les mécanismes de blanchiment d’argent, de fraude fiscale et d’évasion fiscale facilités par certaines institutions financières et non financières », révèle-t-il.

Nécessité de combattre
D’où la nécessité de combattre par tous les moyens ces pratiques qui rongent l’économie africaine. Car une réduction du montant annuel de la fuite des capitaux de l’Afrique de 88,6 milliards de dollars permettrait de financer la moitié de son déficit de financement des ODD montant supérieur aux 48 milliards de dollars d’Aide publique au développement (APD) et aux 54 milliards d’IED dont elle bénéficie. Dans l’ensemble, les experts de la CNUCED s’accordent à dire que les FFI liés au secteur extractif se montent au minimum à 40 milliards de dollars. En outre, des produits de grande valeur pour un faible coût sont la source majeure des FFI sortants. Par ventilation de la sous-facturation totale des exportations africaines de produits extractifs : on trouve l’or 77 % ; diamants 12% ; platine 6% tandis que les autres produits miniers représentent 5%.

Enfin, dans le tableau récapitulatif des montants estimatifs des flux financiers illicites par pays, le Maroc a perdu près de 16,6 milliards de dollars en 2013-2014. Ces estimations ont été faites par Nicolaou-Manias et Wu (Nicolaou-Manias et Wu) dans leur rapport de 2016 à partir de la méthode GER. Autrement dit, le royaume est moins touché par les FFI puisque nous en 2020, il n’y pas encore de nouvelles données à ce sujet. 
 
Wolondouka SIDIBE



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