FENIP : Cap sur la durabilité de l’Industrie halieutique [INTÉGRAL]

L’exploitation durable des ressources marines sera au cœur de la 3^ème édition de la « Conférence sur la Durabilité des Ressources Halieutiques au Maroc » qui aura lieu le mercredi 15 mai 2024 à Casablanca. L’organisation sera assurée par la Fédération Nationale des Industries de Transformation et de Valorisation des Produits de la Pêche (FENIP), le Programme Suisse de Promotion des Importations (SIPPO) en partenariat avec plusieurs institutions nationales, dont l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX), l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), l’Office National de Sécurité des Produits Alimentaires (ONSSA), l’Agence Nationale de Développement de l’Aquaculture (ANDA), Morocco Foodex, le GIAC Pêche, l'Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE) et l’Agence Nationale des Ports (ANP). Les experts affiliés à deux Organisations internationales sont par ailleurs attendus en tant que coopérateurs techniques, à savoir : l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) et la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée.
 

4 tables thématiques
 

Selon les organisateurs, « cette édition 2024 du Forum vise à partager les progrès réalisés par le Maroc et d’autres pays frères et amis, dans l’exploitation responsable et la préservation des ressources marines, afin de créer une plateforme dynamique où les acteurs publics et privés ainsi que les partenaires internationaux pourront échanger les meilleures expériences et connaissances nécessaires pour relever les défis de la durabilité et forger des solutions innovantes ». A cet effet, quatre tables rondes sont prévues afin d’approfondir les échanges et les discussions portant sur les thématiques suivantes : « La recherche scientifique au service de la durabilité des ressources halieutiques », « L’aquaculture marine, l’environnement et l’aménagement du littoral », « Investir dans un avenir halieutique durable, quelles stratégies sectorielles ? », et « Décarbonation, Stratégies de Financement Vert dans l'Industrie Halieutique ».
 

Durabilité halieutique
 

Cette 3^ème édition de la « Conférence sur la Durabilité des Ressources Halieutiques au Maroc » sera organisée sous le thème « Collaboration pour la durabilité : Perspectives croisées de la recherche, de l’industrie de la Pêche, de l’aquaculture et engagement du Secteur Privé ». Elle connaîtra par ailleurs la participation du ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, dont une allocution est prévue pour la séance des mots d’ouverture. « En unissant nos forces, en partageant nos idées et en explorant de nouvelles opportunités, nous pouvons façonner un avenir où le secteur halieutique marocain prospère tout en préservant nos précieuses ressources marines », précisent les organisateurs, qui ajoutent que « la participation au Forum est ouverte à toutes les parties prenantes du secteur de la pêche, des industries halieutiques et de l'aquaculture, ainsi qu'à ceux de la recherche qui s'y intéressent ».
 

Echange d’expertise
 

« Sous la vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc s'affirme comme un leader continental dans le domaine de l'économie bleue, offrant un modèle d'engagement et d'innovation pour le développement durable en Afrique. En tant que partie prenante engagée dans le secteur, la FENIP suit les orientations stratégiques de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et s'inscrit dans une démarche de durabilité des produits de la mer », tiennent à préciser les organisateurs de la 3ème Conférence sur la Durabilité des Ressources Halieutiques au Maroc. A noter qu’en plus des experts nationaux, plusieurs panélistes internationaux (Italie, Espagne, Arabie Saoudite, Tunisie, Egypte, Côte d'Ivoire, Sénégal) participeront également à l’événement qui connaîtra une cinquantaine de rencontres en B2B en marge des séances plénières et thématiques. Le nombre total des visiteurs attendus pour cet événement est estimé par les organisateurs à plus de 400.

La durabilité de l’industrie halieutique au Maroc est un enjeu qui passe par l’exploitation durable des ressources, mais également par la décarbonation des chaînes de valeur. C’est dans cette perspective que nous avons prévu d’organiser cette table ronde intitulée « Décarbonation, Stratégies de Financement Vert dans l'Industrie Halieutique ». Ce format s’adresse à tous les types d’acteurs qui font partie de l’industrie halieutique, principalement pour souligner la nécessité d’amorcer leur décarbonation, d’autant plus que la décarbonation sera une condition pour continuer à exporter vers le marché européen à partir de 2026. La table ronde vise ainsi à mettre en avant les moyens techniques et financiers qui permettront d’amorcer cette transition nécessaire et urgente.
 

En dépit des ressources maritimes importantes que compte notre pays, de sa position géographique avantageuse à cheval entre deux façades maritimes et des avancées de l’industrie nationale de valorisation des produits de la mer, la durabilité même des ressources halieutiques nationales demeure bien évidemment un enjeu cardinal et d’importance majeure pour les acteurs de l’industrie halieutique. Œuvrer à durabiliser ces ressources halieutiques permettra d’éviter la surexploitation et de nous aligner sur les orientations nationales en termes de protection des espèces et des écosystèmes. Cela nous permettra également de garantir la pérennité des retombées socio-économiques de cette industrie.
 

C’est un autre enjeu qui nous est très important. Nous aspirons à trouver des solutions d’emballage qui puissent être aussi bien écologiques qu’économiques. Nous sommes actuellement en cours d’étudier des solutions innovantes (à partir d’intrants produits au Maroc) qui permettront d’améliorer l’attractivité de nos produits tout en optimisant les coûts liés à ces solutions.

Le secteur de la transformation des produits de la mer occupe une place privilégiée dans l’économie marocaine en assurant 50% des exportations agro-alimentaires et 12% des exportations totales du Royaume. Cette industrie à haute valeur ajoutée traite près de 70% des captures de la pêche côtière et exporte environ 85% de sa production à quelque 128 pays. Au niveau international, cette industrie est marquée par un effet de la mondialisation qui a parfois étendu les chaînes de valeur à travers les pays et les continents : les unités halio-industrielles marocaines transforment aussi bien des espèces pêchées au Maroc que celles provenant d’autres pays (anchois d’Argentine, thon du Sénégal et de la Thaïlande, crevettes de la mer du Nord, etc.). À noter que dans un contexte global marqué par une exploitation intensive des ressources halieutiques, la durabilité est devenue un enjeu d’envergure mondiale avec un fort impact au niveau national et local, notamment pour les pays à haut potentiel halieutique comme le Maroc.

La perturbation des équilibres écologiques des écosystèmes marins agit directement sur la disponibilité et la qualité des ressources halieutiques. Certaines manifestations de cette perturbation prennent la forme de prolifération d’espèces invasives qui entrent en compétition avec les espèces locales, en colonisant leurs habitats. Dans les côtes maritimes marocaines, c’est la bécasse (connue localement sous le nom de « Rabouze ») dont la présence est de plus en plus crainte par les pêcheurs marocains. Se propageant progressivement depuis quelques années dans les habitats et zones de présence d’espèces halieutiques à fort potentiel économique, la bécasse est difficilement valorisable d’un point de vue alimentaire et sa capture cause souvent des dégâts aux engins de pêche. Depuis plusieurs années déjà, les autorités marocaines se mobilisent pour comprendre l’ampleur de ce phénomène de « remplacement » et tenter de le limiter. L’INRH a ainsi affrété un navire en fin 2019 « afin d’approfondir les études biologiques, écologiques et technologiques de ce phénomène de prolifération et d’étudier les possibilités pour y faire face ». Le Département de la Pêche maritime a depuis mis en place une série de mesures susceptibles de limiter la prolifération de ce poisson. Dans ses rapports concernant ce sujet, l’INRH souligne cependant la possibilité pour les acteurs de la transformation des produits de la mer de valoriser cette espèce invasive, notamment à travers l’industrie des farines et huiles de poisson.